Héritage

Mathilde Sellami

-          Bon Jade tu te dépêches un peu ?

Comme d’habitude cela faisait plus de trente minutes que je me préparais dans la salle de bain et comme d’habitude ma mère pétait un câble. Nous étions en juillet 2012 et c’était le grand départ pour les vacances d’été. Nous avions un timing précis à tenir car une partie de la famille nous attendait pour le soir même, dans un petit bled complètement paumé du sud de la France. Je n’étais pas du tout enthousiaste à l’idée de partir. Déjà se coltiner mon frère, ma mère et mon père ça faisait beaucoup, mais en plus après de longs kilomètres de route, il y aurait tout le reste de la meute et là c’est moi qui allait péter un câble. A 18 ans, j’aurais préféré passer mes vacances avec mes amis, mais ils étaient partis en Espagne et faute de moyens je n’avais pas pu aller avec eux. Je n’avais pas non plus trouvé un petit job saisonnier et je n’avais donc pas eu d’autre choix que de suivre ma chère famille. J’étais jeune, j’étais bête,  je n’avais aucune idée de ce qui était vraiment important et j’allais vite m’en mordre les doigts.

 A 8 heures du matin, après avoir entassé les sacs dans le coffre, nous nous sommes installés dans la Peugeot 207. Ce n’est pas la voiture idéale pour partir en voyage, surtout lorsqu’on a du mal à supporter les membres de sa famille. Mes parents se sont assis devant. Alexandre (mon petit frère)  et moi avons pris possession de la banquette arrière.  Il s’est mis à jouer avec sa Nintendo DS. Le bruit était agaçant mais je me suis retenue de faire un commentaire, même si ça me démangeait, mais je n’avais pas envie qu’on se crie dessus pendant plus de six heures.  Nous avons pris la route et pendant quelques instants j’ai observé les membres de ma famille. Parfois, il m’arrivait de penser que j’avais été adoptée. Ma mère, mon père et mon frère était tous les trois bruns avec des yeux noisette mais moi j’étais blonde avec des yeux verts, s’est d’ailleurs pour ça que mes parents m’avaient appelée Jade.

Une heure plus tard nous avons marqué une pause pour voir un site mégalithique. C’était une idée de ma mère bien sûr. Alexandre s’est assis sur une pierre et a continué à pianoter sur sa DS, mon père fumait sa cigarette et ma mère touchait les énormes pierres. Elle adorait ce genre d’endroit, elle disait qu’il en émanait une énergie qui la submergeait.  Ce jour-là, je ne ressentais rien du tout, même pas un petit frisson. Je m’ennuyais et j’avais du mal à contenir mon exaspération. Mais au bout d’un moment j’ai craqué.

-          On peut y aller là ? T’as assez touché tes cailloux non ?

-           

Ma mère m’a fusillée du regard, mais je ne suis pas démontée pour autant, j’ai persévéré.

-          Ton délire mystique c’est vraiment n’importe quoi !

-          Je sais que ça ne te plait pas de partir en vacance avec nous, mais si tu ne fais pas un effort, ça ne vas pas arranger les choses. A-t-elle répliqué.

Je n’ai rien ajouté, j’ai arraché les clés de voiture des mains de mon père et je suis retournée m’asseoir sur la banquette arrière de la Peugeot. J’ai sorti mon téléphone pour passer le temps et j’ai surfé sur le web. Et là le pompon, plus de batterie. Je suis allée fouiller mon sac dans le coffre, mais je n’ai pas trouvé mon chargeur. Mes parents ayant tous les deux des mobiles différents du mien, tout comme mon frère, j’allais rester deux semaines sans téléphone. C’était impensable, je ne pouvais pas m’en passer. Cet oubli n’a pas arrangé mon humeur, et lorsque les autres membres de ma famille sont remontés en voiture, je bouillonnais. Sentant que j’étais sur le point d’exploser dans un flot d’injures et de méchanceté, Alexandre et mes parents m’ont complètement ignorée.

Après un moment passé sur la départementale, nous avons emprunté l’autoroute A666. Ma mère n’était pas vraiment d’accord, à cause du triple6. Pour elle, il ne pouvait que nous arriver de mauvaises choses si nous passions sur cette route, mais c’est mon père qui avait insisté pour prendre ce trajet qui était le plus direct vers notre destination. Ces vacances avaient été programmées depuis plusieurs mois, et l’autoroute A666 avait été au cœur d’un débat houleux entre mes parents.  Je n’avais rien d’autre à faire que de regarder défiler le paysage. Des arbres, des champs, des stations-service puis encore des arbres, encore des champs et encore des stations-services. Vers midi et demi, nous nous sommes arrêtés à un relais routier, pour nous dégourdir les jambes et nous restaurer. Il n’y avait pas grand monde sur le parking, deux poids lourds, un camping-car et un trafic. Il faut dire que le bâtiment de restauration n’était pas très attirant.  Il était vétuste, la peinture était défraîchie, certains des volets étaient sortis de leurs gonds et pendouillaient dans le vide. Dans les  jardinières la mauvaise herbe avait remplacé les fleurs. Le plus inquiétant était l’épaisse forêt qui se dressait derrière le restaurant et qui semblait prête à  l’engloutir.

-          Flippant comme endroit ! A dit mon frère.

-          Ouais, on ne pourrait pas aller ailleurs, on va attraper la mort si on bouffe là-dedans ! Ai-je ajouté.

-          Non, on ne peut pas, il n’y a pas d’autres relais routier avant quatre heures de route ! A expliqué ma mère. Même si j’avoue que c’est loin de ressembler aux photos que j’avais trouvé sur internet.

J’ai poussé un ouf de soulagement lorsque nous avons franchis la porte. L’intérieur du restaurant malgré une déco dépassée était propre et en très bon état.  Une serveuse à peine plus âgée que moi nous a accueillis. Le sourire aux lèvres, elle nous a menés à une table dans le fond de la salle qui paraissait démesurément grande par rapport au peu de client qui s’y trouvait. On nous a apporté le menu qui se résumait à une page.

-          Waouh quel choix ! Me suis-je exclamée ironiquement.

-          Jade, tu pourrais arrêter d’être aussi désagréable ? M’a demandé mon père.

-          Non, vu que j’ai aucune raison d’être agréable…

J’ai commandé un steak frite et un coca. J’avais un peu peur de ce que j’allais avoir dans mon assiette, mais lorsque la serveuse nous a apporté nos plats, l’odeur était si alléchante que j’ai tout dévoré en quelques coups de fourchettes. Les membres de ma famille parlaient de ce qu’ils allaient visiter pendant ces vacances, des petites excursions programmées avec le reste de la troupe. Moi je n’avais pas l’intention d’y prendre part et je suis restée muette comme une taupe pendant tout le repas. Après le dessert, avant que je ne sorte de table, j’ai demandé à ma mère si je pouvais lui emprunter son téléphone.

-          Pour appeler où ? A-t-elle voulu savoir.

-          En Espagne.

-          Désolé, mais non.

-          Mais pourquoi ?

-          Parce que tu vas encore me vider mon forfait !

-          T’as vraiment décidé de me pourrir la vie.

Et sur ses derniers mots je suis sortie du restaurant manquant de bousculer la serveuse qui apportait l’addition. J’ai trainé pendant un moment dans la petite boutique du relais routier dans l’espoir de trouver un chargeur. Malheureusement pour moi, à part de l’alcool, des bouteilles de soda et des chips, il n’y avait pas grand-chose. L’homme qui tenait la boutique n’arrêtait pas de m’épier du coin de l’œil, comme si j’allais attraper une canette et m’enfuir à toutes jambes. Il devait avoir une trentaine d’années, un physique de routier et des mains gigantesques. Il valait mieux éviter de le contrarier. Avant que je ne sorte de son échoppe, il m’a interpellé. Il voulait savoir avec qui je voyageais, d’où je venais, où j’allais. Je lui ai répondu poliment, mais j’ai prétexté que ma famille m’attendait pour pouvoir esquiver son interrogatoire. Je suis passée aux toilettes dont la propreté laissait vraiment à désirer, et je suis retournée attendre à la voiture. Personne n’était encore là, et je me suis assise sur le capot pour prendre un peu le soleil. Je me sentais bizarre. Pas à cause de ce que j’avais mangé, mais plutôt comme si j’étais angoissée. Pourtant il n’y avait rien d’angoissant, mais plus les minutes passaient et plus je me sentais mal. Mon rythme cardiaque s’était accéléré, j’avais chaud et pourtant je frissonnais. Sur le coup j’ai même pensé que ce qui disait ma mère était peut-être vrai. Cet endroit dégageait quelque chose de néfaste et j’avais hâte de partir.

Mon petit frère est arrivé sur le parking. Il marchait tout en jouant avec sa console. Mon père le suivait, un sac plastique à la main. Il avait surement acheté quelques bouteilles de soda à l’échoppe du type louche.

-Elle n’est pas là ta mère ? M’a-t-il demandé.

- Ben non tu vois bien… Ai-je répondu d’un ton mauvais.

Il a ouvert la voiture et nous sommes tous les trois montés à l’intérieur en prenant soin de laisser les portes ouvertes pour ne pas suffoquer. Les minutes se sont écoulées lentement mais ma mère n’arrivait pas et mon géniteur commençait à s’impatienter.

-          Mais qu’est-ce qu’elle fait ? S’est-il exclamé.

Une demie heure est passée et nous n’étions toujours que trois dans la voiture. Mon père essayait de la joindre sur son téléphone mais sans succès. Après une énième tentative,  il est sorti pour la trouver. Alexandre et moi sommes restés sur la banquette arrière et les minutes ont continué à défiler, lentement, mais toujours rien. J’ai fini par sortir de la voiture moi aussi. Je me dirigeais vers les toilettes lorsque mon père est arrivé vers moi en courant. Il avait l’air complètement paniqué.

-          Elle n’est nulle part ! A-t-il soufflé.

-          Comment ça, elle n’est nulle part ? Ai-je demandé.

-          Elle… Elle a disparu.

Il a sorti son téléphone de sa poche et a appelé la police. Je refusais de croire qu’elle avait disparu, elle était surement quelque part. Et puis tout à coup j’ai repensé aux dernières paroles que je lui avais dites. Tout se bousculait dans ma tête. Et si elle n’était vraiment plus là ? Si je ne pourrais jamais  lui dire autre chose que « t’as vraiment décidé de me pourrir la vie ». Non, cela ne pouvait pas être possible. Prise de panique, j’ai couru vers les toilettes. J’ai ouvert les portes des cabinets une à une, je suis même allée inspecter le côté réservé aux hommes. Elle n’était pas là. J’ai pensé à la boutique, au restaurant, mais mon père y était surement déjà allé, comme dans l’endroit que je venais d’inspecter d’ailleurs. Je suis retournée vers mon père. Il tournait sur lui-même, ne sachant pas dans quelle direction aller. Le vendeur de l’échoppe nous a rejoints.

-          Vous ne l’avez pas retrouvé ? A-t-il voulu savoir.

-          Non. A répondu mon père la voix tremblante.

Mon cerveau ne fonctionnait plus normalement, je n’arrivais pas à savoir ce qu’il fallait faire et puis j’ai aperçu la forêt, immense et sombre.

-          Papa, la forêt…

J’ai commencé à me diriger vers les arbres, mais l’épicier m’a attrapé par le bras.

-          Attendez, on ne sait pas ce qu’il y a là-dedans. M’a-t-il avertit.

La réaction de mon père a été immédiate, il m’a attirée vers lui en repoussant l’homme et s’est mis à crier.

-          Ne touchez pas à ma fille !

La tension était palpable, j’avais les yeux fixés sur les énormes poings que l’épicier  semblait prêt à abattre sur mon père. Les sirènes de la police ont enfin retentit et un véhicule s’est garé sur le parking. Deux agents en sont descendus et se sont dirigés vers nous. Ils étaient suivis par Alexandre qui avait enfin décollé le nez de sa console pour comprendre qu’il se passait quelque chose. La serveuse aussi est venue se joindre à nous. Son sourire avait laissé place à une tête d’enterrement exagérée. Nous avons tous été dans le restaurant, l’un des policiers a interrogé le personnel et les autres clients du relais et l’autre s’est occupé de nous.

-          A quelle heure êtes-vous arrivés au relais routier ? A-t-il demandé.

-          Vers 12h30. On est tout de suite allés au restaurant. On a mangé, payé l’addition et nous sommes allés dans la petite boutique. Au moment où je réglais mes achats ma femme est partie aux toilettes. A expliqué mon père.

-          Avez-vous des problèmes de couple ?

-          Non, pas du tout.

-          Avait-elle des raisons de partir ? De quitter votre famille.

-          Mais puisque je vous dis que non !

Mon père perdait complètement son sang-froid et les insinuations de l’agent ne lui plaisaient pas du tout. Il s’est redressé de sa chaise d’un bond.

-          Vous allez faire votre boulot oui ou merde ? C’est évident qu’il lui est arrivé quelque chose ! A-t-il hurlé.

Tous ceux qui étaient dans le relais ont tourné leur tête vers nous. Cette histoire m’était un peu de piment dans leur vie monotone et ils n’en perdaient pas une miette.

-          Monsieur, si vous voulez bien vous calmer. Nous savons ce que nous avons à faire. A déclaré l’agent.

Mon père s’est rassis, absolument pas convaincu et l’interrogatoire a continué. Quand le policier a été satisfait des informations qu’il avait recueillies, il a rejoint son collègue avec qui il a parlé quelques minutes puis tous deux sont revenus vers nous.

-          Il semblerait que ce relais ne possède qu’une caméra située sur le parking. Nous allons aller regarder la bande.

Nous les avons suivis dans la petite boutique et nous nous sommes agglutinés devant le tout petit écran de la vidéo surveillance. L’un des agents a rembobiné la bande jusqu’à l’heure de notre arrivée.  Les images ont défilé. Nous descendons de voiture et disparaissons. 20 minutes plus tard je reviens et m’appuie sur le capot, puis mon frère arrive et enfin mon père, mais on ne voyait absolument rien d’autre.

Le policier qui nous avait interrogés a pris son téléphone pour appeler du renfort afin de fouiller les lieux. Deux heures étaient déjà passé depuis l’instant où elle avait quitté mon père pour se rendre aux toilettes. Ce qui était terrible, c’était de ne pas savoir ce qu’il lui était arrivé, de ne pas savoir où elle était, d’attendre que la police fasse son travail. Il était évident pour moi qu’elle ne s’était pas enfuie. Même si j’étais loin d’être la fille idéale, je savais qu’elle m’aimait. C’était une bonne mère qui aurait donné sa vie pour ses enfants et pour rien au monde, j’en étais persuadée, elle ne nous aurait laissé tomber. Et ce n’était surement pas à cause de mon père non plus car tous les deux étaient aussi amoureux après 22 ans de vie commune.  Je pensais à sa réticence d’emprunter l’autoroute A666 comme si elle avait pressenti ce qui allait arriver. Si seulement nous l’avions écouté… Une seule explication me venait en tête, le kidnapping. Mais c’était trop étrange. Il n’y avait quasiment personne sur ce relais routier et les voitures qui étaient là à notre arrivée, n’étaient pas reparties depuis. Le seul endroit où elle aurait pu être emmenée, c’était la forêt. Mais les officiers ne semblaient pas vouloir s’y aventurer. Le coin était tranquille et pour eux, il s’agissait surement d’une fuite. Je n’arrivais pas à croire qu’un malheur pareil s’abattait sur nous. Quand on regarde les infos et qu’on entend parler de disparitions et d’enlèvement, on ne pense jamais que ça peut nous arriver. Pourtant ce jour-là, ma mère avait bel et bien disparue. Alexandre pleurait à chaudes larmes. Moi j’avais plutôt le tournis et la nausée, quant à mon père il luttait pour ne pas s’effondrer. Une autre voiture de police est arrivée et les agents ont entamé une fouille minutieuse des lieux, ne faisant qu’inspecter les endroits que nous avions déjà fouillés. Nous sommes restés  dans le restaurant à attendre, les policiers ne souhaitaient pas qu’on les aide, ils nous sentaient beaucoup trop nerveux. Assise sur une chaise au bord de la fenêtre, j’ai remarqué deux agents s’enfoncer dans la forêt et je me suis mise à espérer que lorsque je les verrais sortir, ils seraient avec ma mère.

La nuit commençait à tomber quand les deux policiers sont réapparus, seuls. Tout semblait s’écrouler autour de nous. Un agent nous a expliqué qu’il n’était pas assez nombreux pour continuer les recherches, mais que ses collègues et lui prévoyaient une grande battue le lendemain matin dans la forêt. Nous étions les bienvenus si nous voulions participer. Attendre le matin allait être terriblement long et l’inaction allait nous peser, mais nous n’avions pas le choix. Nous sommes remontés dans la Peugeot et avons suivi l’une des voitures de police qui nous a guidé jusqu’à un hôtel. Tout comme le relais routier, il était vieux et vétuste. L’autoroute A666 n’était apparemment pas assez fréquentée pour que les infrastructures environnantes soient bien entretenues. Nous avons souhaité rester tous les trois dans la même chambre. Il n’était pas question de nous séparer. Mon frère était inconsolable et le flot de larmes qui roulait sur ses joues semblaient incontrôlable. Mon père passait  des coups de fil pour avertir la famille que nous n’allions pas arriver à l’heure prévue.  Il  était sur le point d’exploser et semblait animer par la rage et la colère.  Je craignais qu’il ne se mette à taper dans les murs. Moi… Moi j’étais rongée par le remord, ressassant sans cesse les dernières paroles que j’avais adressé à ma mère.  Je réalisais à quel point la vie était cruelle. Qu’un être cher pouvait nous être arraché à chaque instant, ne nous laissant que des regrets et des remords de n’avoir pas su lui dire à temps à quel point on l’aimait.

La lumière était éteinte, nous étions tous les trois bien au chaud sous les couvertures, mais aucun de nous ne dormait. Je voulais qu’elle soit là, je voulais la serrer dans mes bras, lui dire à quel point j’étais désolée, lui dire à quel point elle était indispensable dans ma vie. Mais elle n’était pas là…

Dès que les premiers rayons de soleil ont percé à travers les rideaux nous avons bondis de nos lits et enfilés des vêtements. Nous avons à peine touché à notre petit déjeuner avant de sauter dans la voiture. Mon père roulait pied au plancher et nous sommes très rapidement arrivés à ce maudit relais routier de l’autoroute A666. Il y avait du monde sur le parking. De nombreux agents de police et une brigade cynophile. C’était réconfortant de constater qu’on prenait enfin la disparition de ma mère au sérieux. Le personnel du relais routier était là aussi.  J’ai même aperçu des visages familiers. Inquiet par le coup de fil qu’ils avaient reçu la veille, une partie de la famille avait pris la route pendant la nuit. Nous sommes descendus de voiture et ils sont venus à notre rencontre. Je n’ai pas pu retenir mes larmes lorsque ma grand-mère maternelle m’a serrée dans ses bras.  L’agent qui nous avait interrogés la veille est venu interrompre nos tristes retrouvailles. Il nous a expliqué comment allait se passer la journée. Mon père avait ramené quelques affaires appartenant à ma mère, que les policiers ont donné à renifler à leurs chiens. Et puis la battue a commencé. Nous étions une trentaine de personnes  alignées en rang, et nous avons avancé dans la forêt. Nous avons marché encore et encore suivant les chiens. La forêt était si épaisse que malgré un temps magnifique, le soleil ne parvenait pas à traverser les feuillages ; il faisait sombre. Quand midi est arrivé une partie du groupe est retournée au relais routier. Mon père et moi, ainsi que quelques autres, avons persévéré. Je marchais quand tout à coup je me suis sentie mal et je me suis appuyée quelques instants contre un arbre. Les autres ne m’ont pas remarqué et ont continué à avancer. Un étrange sentiment s’est emparé de moi et j’ai recommencé à marcher mais pas dans la même direction que le reste du groupe. J’avais l’impression que mon corps ne m’appartenait plus, comme si j’étais guidée par une force mystérieuse. Sans m’en rendre compte je me suis mise à courir, m’éloignant de plus en plus des autres. J’étais persuadée que l’endroit vers lequel je me dirigeais allait m’apporter quelque chose mais je n’arrivais pas à déterminer comment je le savais. Je courais comme jamais je n’avais couru. J’avais l’impression de survoler le sol. Et puis j’ai fini par m’arrêter net. Mes jambes m’avaient mené dans une clairière baignée par le soleil et je ne m’expliquais pas ce que je faisais à cet endroit. J’ai entendu la voix de mon père qui s’était surement rendu compte de mon absence.

-          Jade ? Jade tu es où ?

-          Ici Papa, je vais bien. Ai-je crié.

Et c’est là que je les ai vus, suspendu à la branche basse d’un gros chêne. Des vêtements de femme tachés de sang.

 

 

Episode 1 : Juillet 2012.  Jade et sa famille partent en vacance dans  un petit village du sud de la France. Ils quittent leur maison et empruntent l’autoroute A666. Le repas se passe mal, Jade se dispute avec ses parents. Elle ne finit pas son assiette et va les attendre dans la voiture.

  Une heure plus tard son père et son frère la rejoignent. Les minutes passent mais sa mère n’est toujours pas là. Son mari, inquiet commence à la chercher, mais il ne la trouve nulle part. Très vite la police est appelée sur les lieux. Le lendemain, lors d’une battue Jade trouve dans le bois derrière le relais routier, des vêtements tachés de sang appartenant à une femme.

Episode 2 : Jade rentre pour la première fois à la fac. Il est difficile de faire comme si de rien, mais après tout, la vie continue. Elle se sent suivie et surveillée. Un soir, il est tard lorsqu’elle rentre chez elle. Là un individu qui la suit depuis plusieurs jours, l’informe qu’elle est en danger et  que sa mère n’est pas morte puis, il disparaît.

Episode3 : La grand-mère maternelle de Jade décède et, avec l’aide de son père, la jeune fille va ranger ses affaires dans sa vieille maison. Dans un carton du grenier elle tombe sur des affaires de sa mère. Elle découvre son journal qu’elle commence à feuilleter. Plus elle lit les pages, plus les choses qu’elle découvre sont étranges.

Episode4 : Jade, pour oublier toutes ces choses étranges qui arrivent dans sa vie, suit assidument les cours de la fac, jusqu’au jour où  dans un amphi, la personne qui l’a agressée dans la rue, s’assoit juste à côté d’elle. Les jours qui suivent, elle fait tout ce qu’elle peut pour l’éviter mais il est toujours là. Après une journée de cours, quand Jade rentre chez elle,  elle trouve un mot dans sa poche « N’as-tu aucune idée de qui tu es ? »

Episode5 : Le père de Jade est contacté par la police. Un corps a été découvert au bord de l’autoroute A666 et les policiers souhaitent qu’il vienne l’identifier. Mais lorsque Jade et son père se retrouvent face au corps à la morgue, ils se rendent très vite compte qu’il ne s’agit pas d’un membre de leur famille.

Episode6 : Un soir deux individus tentent de faire grimper Jade dans une fourgonnette. Elle est sauvée par le jeune homme qui la suivait partout. De ses mains jaillissent des éclairs qui stoppent net les agresseurs.

Episode7 : Le sauveur de Jade lui apprend qu’elle possède un don, qu’elle est capable de faire des choses exceptionnelles et il l’aide à développer ses capacités. Mais malgré ses efforts et sa bonne volonté, elle n’y arrive pas.

Episode8 : Plusieurs corps de femme sont retrouvés au bord de l’autoroute A666, mais ce n’est jamais celui de la mère de Jade.

Episode9 : Jade décide de retourner sur les lieux de la disparition de sa mère et elle se fait enlever.

Episode10 : Jade se réveille dans un endroit sombre et humide. Elle est ligotée à une chaise et du chatterton couvre sa bouche. D’autres femmes, se trouvent autour d’elle, toutes ligotées. Parmi elles Jade reconnaît sa mère, elle est en vie.

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