Le loup et le renard blessé

Une nuit d'automne, je me promenais dans les bois sombres d'un endroit qui m'était inconnu.

Des bruits étranges me parvint mais j'ignorais d'où ils provenaient ni qui en était l'auteur.

Je suivais, sans trop savoir pourquoi, ces gémissements. Ils étaient aigus et plaintifs, comme si un animal s'était blessé.

La lune éclairait à peine la route sur laquelle je m'engageais.

Ma voix intérieure trépignait de peur à l'idée de me retrouver une fois de plus dans une situation désastreuse.

" N'y va pas! Tu ne sais même pas ce qu'il y a là bas! Si ça se trouve une bête féroce attend patiemment son dîner et toi tu y fonces tête baissée!"

Je me moquais bien de ce que ma conscience criait du tréfonds de mon âme. Je mourrais d'envie de savoir ce qui avait attiré mon attention et je me trouverais bien stupide si je ratais quelque d'inhabituel.

Certes, je ne me sentais pas rassurée de ce qui m'attendais là bas mais chez moi la curiosité prenait toujours le dessus sur le reste.

Les gémissements hauts perchés qui se fondaient dans l'air comme des échos perdus au milieu des cieux se faisaient à présent plus nets et précis.

Un jeune renard se trouvait empêtré dans un piège et cherchait désespérément de l'aide.

"Pauvre bête" pensais-je à demie triste.

Je m'avançai vers l'animal prisonnier lentement pour ne pas l'effrayer davantage. Je m'agenouillai au niveau de son flan, à côté du piège. Mes doigts effleurèrent son pelage roux, brillant à la lumière de la lune.

"Tout va bien se passer." Lui murmurais- je calmement.

Je n'avais pas la moindre idée de ce que je faisais. Pourtant, je n'abandonnerai pas.

Un bruit sourd et lointain résonna dans la clairière comme un nouvel écho. Un hurlement sans doute.

"Je ne peux pas être à deux endroits à la fois!" Grommelais-je

Le hurlement se fit entendre à nouveau, plus près cette fois.

J'agrippai le piège en fer de part et d'autre et tira de toute mes forces, tout en gardant l'oreille tendue au cas où un prédateur roderait dans les environs.

Par instinct, je relevai la tête au moment où un grand loup gris apparaissait face à moi. Il marchai dans notre direction tout en baissant par moments la truffe à hauteur du renard blessé.

"Pourvu qu'il ne le tue pas!" Souffla ma voix intérieure.

Je me remis à écarter les deux parties du piège pour libérer l'animal prisonnier. Deux centimètres. Puis cinq. Je sentais que le loup approchait lentement de nous.

Qu'allait-il faire? Je n'en savais rien.

Presque dix centimètres. Mon visage était trempé de sueur. Quand il y eu assez d'espace libre pour retirer la patte du renard mon cerveau paniqua.

"Merde! Comment vais- je réussir à le libérer alors que mes mains sont prises? Je n'y arriverai jamais seule!"

C'est alors que le loup pris délicatement la patte de son congénère dans sa gueule et la déplaça en dehors de l'appareil.

Je lâchait prise et donnait un grand coup de pied dans l'engin qui vola à quelques mètres seulement.

Le loup resta à côté du renard toujours au sol, gémissant doucement.

La grosse bête sombre se coucha contre le jeune mammifère et lécha sa patte ensanglantée.

J'étais à la fois perplexe et émerveillée par la scène. Je n'avais jamais à une telle chose auparavant.

"Comme quoi, les animaux sont souvent plus humain que nous ne sommes censés l'être!" Souffla ma conscience avec ironie.

Mon rêve prit fin dans un nuage de fumée blanche.