Le Marcheur de Rêves, partie 2 : L'Homme des Abysses
anthony-lonewolf-ecrivaillon
Le temps avait passé depuis la disparition du jeune homme. Mais même le Marcheur de Rêves aurait été bien incapable de dire combien de temps exactement… Il avait repris sa marche, solitaire, sans but précis, errant d’esprit en esprit, sentant la présence de cet homme en noir partout où il allait.
Sans savoir pourquoi ou comment, il comprenait que leurs destins étaient liés, et il lui fallait comprendre les paroles de cet homme. Plus il y réfléchissait, et plus il se sentait perdu… Était-il bien présent à chaque fois ? Après tout, seul le Marcheur avait pu le voir et lui parler, jusqu’à maintenant. Et s’il n’était qu’un rêve dans cet univers, celui du Marcheur ? Il se sentit rapidement obligé de prendre du repos. Il lui semblait que la folie était toute proche de s’emparer de sa raison, à force de remettre en cause les bases même de sa vie.
Il quitta les froides terres pluvieuses où il se trouvait alors pour découvrir, quelques pas plus loin, une nuit au ciel constellé d’étoiles, sans le moindre nuage, un endroit propice à la méditation, au calme, et au repos.
Ailleurs, un cauchemar naissait…
Un homme était pourchassé. Sa course et sa respiration suivaient le même rythme effréné, alors qu’il essayait d’échapper au monstre lancé à sa poursuite. Le château était un véritable labyrinthe, mais rien ne semblait pouvoir détourner la créature, qui restait sur la piste de sa proie.
A l’extérieur, sous la pluie, l’homme vêtu de noir observait, impassible, pendant que le vent battait son manteau. Un sourire en coin sadique se dessina sur son visage, pendant que la pluie tombait sur son visage, s’écoulant lentement sans lui provoquer aucune gêne.
La créature, une sorte de griffon avec une gueule pleine de crocs acérés, finit par rattraper l’homme, et le saisit à la jambe. Il hurla sous l’effet de la douleur, frappa la tête de la bête, mais elle ne le lâcha pas, le serrant plus fort. Le sang coulait sur le sol, et l’homme vêtu de noir s’approcha, arborant toujours son sourire. Son rire fendit soudainement les cieux, se répercutant dans les murs du château. Il se baissa vers le blessé, dont la jambe était toujours prise entre les dents de la créature.
- Il est temps d’arrêter de courir, dit-il. Si tu ne sais pas pour quel péché tu vas payer, l’Homme des Abysses, lui, le sait.
La peur s’empara du visage de l’homme blessé. Il connaissait la légende de l’Homme des Abysses. On l’appelait ainsi car il pénétrait dans les abysses des esprits et des cœurs, trouvant le moindre élément pouvant placer un être face à sa nature. Il pouvait aussi lui arriver de simplement éliminer quelqu’un, pour des raisons connues de lui seul. On disait aussi qu’à son arrivée, sa victime était plongée dans un sommeil magique, que nul ne pouvait contrarier. Du moins, c’est ce qu’on racontait. Mais ce n’était qu’une légende… Et que sont les légendes, sinon des contes pour endormir les enfants ?
- L’Homme des Abysses… Haha… Voilà un vrai cauchemar, bien insensé…
- Vraiment ? Et qui es-tu pour dire ce qui est vrai ou pas ? Ce a qui du sens ou non ? Après tout, ce que tu vis là n’est rien de plus que l’expression de ton être véritable.
- Ce n’est pas réel ! Je vais me réveiller, et oublier tout ça.
L’Homme des Abysses ricana légèrement à cette réplique.
- Oh, pour sûr, tu vas te réveiller. Tu vas oublier. Et ce sera définitif dans les deux cas, je peux te l’assurer. Il est temps de t’éveiller à la dure réalité. Aurais-tu encore quelque chose à dire ?
- Va pourrir en Enfer !
- Haha… Un jour viendra où je prendrai ma réservation, sans doute. Mais ce ne sera pas aujourd’hui…
L’Homme des Abysses sortit son revolver du holster sur son flanc, et le pointa lentement sur la tête de l’homme.
- Alors, tu ne te réveilles pas ? demanda-t-il lentement.
Son doigt pressa la détente. L’homme s’écroula, mort, ne s’éveillant pas. La créature le lâcha, avant d’aller disparaître dans l’horizon, pendant que l’Homme des Abysses s’éloignait, en quête d’un nouvel esprit.
Le Marcheur de Rêves se réveilla en sursaut, surpris par la détonation d’un coup de feu, qui semblait provenir de loin. Et il savait pertinemment qui avait tiré… Des larmes coulèrent légèrement sur ses joues, alors qu’il se levait et reprenait sa marche. Il pleurait pour la victime, mais aussi pour ce qui allait fatalement finir par arriver, l’affrontement final entre lui et cet homme en noir, dont il ignorait encore beaucoup de choses…
Tout comme il ignorait encore ce qu’impliquaient leur opposition et leurs pouvoirs respectifs.
Même chose que pour le premier : + prenant !
· Il y a plus de 13 ans ·Françoise Grenier Droesch