Le marin et la putain

jjaji

Un marin n'est pas un homme comme un autre, sa vie est suspendue, invisible parmi les flots. Ses pensées volent de port en port, il abandonne son corps à chaque escale. Son malheur est imperceptible sur les va-et-vient incessants des océans. Personne ne l'attend, le marin sait que sa femme ne croit plus à son retour, cela fait bien longtemps qu'elle s'est résignée. Personne ne peut attendre infiniment un amour trahi. Oui, l'amour d'un marin n'est jamais entier, la mer est trop importante. Elle ondule ses hanches en permanence, répétant ses avances, pour mener le marin où elle le désire. Elle est douce, impétueuse, capricieuse, tendre, sans pitié. La mer est bien plus attachante qu'une femme lorsqu'elle reflète les couleurs chaudes du soleil couchant sur son dos plat, bien moins lorsqu'elle est en colère et s'emballe dans les tempêtes. Le marin ne prend pas la mer pour rien, il ne la prend pas pour un ennemi, c'est sa seule alliée, son unique compagnie. Il noie ses regrets dans les bouteilles de whisky irlandais ou de rhum, car s'il aime les océans, il lui arrive de se prendre des couteaux dans le cœur. Combien de ses amis reposent dans l'abîme sans fond des eaux salées ? Le marin n'oublie rien, il tient à chaque membre de l'équipage. Cela peu paraitre moindre, mais le soir, lorsqu'ils avalent leur soupe la tête tombante, ils sont les seuls à se comprendre, à entreprendre un avenir moins pire. Ils sont en fuite incessante, pourquoi ? Qu'est-ce qui les différencie ? Pourquoi la terre les rejette-t-elle ? Les marins ne se posent pas ces questions, ils se laissent porter par les vents, violents ou absents. Et les escales. Chaque port a son histoire dans le cœur d'un marin, de la putain aux yeux de biche à celle à qui ils ont promis un avenir, promis de revenir. Ce sont des souvenirs de cuisses resserrées sur le bassin, de souffle haletant, d'ongles plantés dans le dos, de jouissements venus trop tôt, d'un grain de beauté dans la nuque. Un mouvement de fesses, des lèvres entrouvertes, un balancement de cheveux, un clin d'œil malin, une voix de velours, un parfum envahissant, une main se balançant, tant de détails font des femmes un trésor intouchable, mais trop statique pour ces messieurs. Lors des nuits trop longues, les marins se repassent ces souvenirs pour oublier la solitude, pouvoir esquisser un demi-sourire. Malgré leur nombre sur le navire, ils sont seuls. C'est quelque part un peu pour ça qu'ils sont là. Pour l'écho des vagues contre les rochers qui est capable d'apaiser n'importe quel chagrin, mais un marin me répondrait : « Mais putain, du chagrin j'en ai pas, tu vois ? ». C'est le vide de l'horizon dans lequel ils s'engouffrent qui les bouffe, leur prend l'âme et les rend dépendants de l'étendue de mer qui les entoure. La mer suffit. Elle offre la liberté, celle qui est tant rêvée. Angelo est l'un d'eux, il n'est ni jeune ni vieux, il est beau. Angelo attire les regards avec son bel accent espagnol, son hâle aussi ensoleillé que les matinées d'été. Il a un cœur immense prêt à accueillir le monde entier. Angelo a un corps musclé que les traversées ne cessent de former, il a un regard dur, habitué à s'affronter aux marées. Angelo est amoureux, il a rencontré Lole. Lole, son nom revient chaque matin, apparait sur l'écume des vagues. Elle avait les yeux doux comme les plumes des oiseaux du Pérou. Ses longues jambes s'étalaient sur le sable, sa peau dorée étincelait dans l'ombre du soir. Ses longs doigts jouaient avec les algues, Lole. C'était la douceur incarnée, l'espoir vainqueur, la fragilité et la force, l'agilité dans la violence. Lole était une enfant des océans, nourrie aux plages immenses, aux pêches matinales, Lole. Si Angelo est sur ce bateau, c'est pour la retrouver, il veut changer. Angelo est un simple marin, l'a-t-elle oubliée ? 

Une putain n'est pas une femme comme une autre, sa vie est suspendue, invisible parmi les corps. Ses pensées se trainent entre chaque homme, elle abandonne son âme à chaque nuit. Son malheur est choquant, il éclabousse la beauté de son visage, gâche ses rêves, la couvre d'un drap laid. Personne ne l'attend, tout le monde la veut. Oui, la putain est un objet, une chose que les mains se partagent. L'homme en devient détestable, dénudé de toutes ses qualités, la putain se console dans les fumées qu'elle recrache de sa cigarette. La putain prend l'homme pour un ennemi, elle le hait du plaisir qu'il lui donne malgré elle. Elle noie son chagrin dans des pensées aventureuses, et s'il tombait sous son charme ? Combien d'hommes l'ont courtisée ? Combien lui ont promis une villa au bord de la mer pour qu'elle se réveille avec un souvenir éphémère? Combien ont des bateaux trop loins ? Combien n'a-t-elle jamais craint ? La putain refuse de se laisser tomber. Mais le matin, quand le jour vient enfin, la putain est seule, enroulée dans les draps de sa solitude, allongée sur le poids de ses rêves évanouis. La putain déteste le matin. Mais elle n'y pense pas, c'est un métier comme elle dit, un métier comme un autre. Chaque jour il faut se lever, se préparer, c'est tout, c'est gagner de la thune en faisant du plus beau des sentiments un vague instrument. La putain ne veut pas prendre conscience de son désespoir. Elle aime les hommes, malgré tout, malgré la haine qu'elle éprouve quand ils s'allongent sur elle. Les marins. La putain les voit défiler du jour au lendemain. Elle en prend un par la main, sent le regard brulant fixé sous ses hanches. Chaque marin a son histoire, il lui raconte, les ports, leur femme, leurs enfants, les voyages, les découvertes, l'amour de la mer. Tout ça, la putain le sait, elle l'a entendu cent fois, mais elle hoche la tête patiemment. Elle sait qu'il ne faut jamais contredire un homme saoul. Les marins puent l'alcool, sont violent et violemment triste, veulent beaucoup mais donnent peu, promettent de rester, de quitter l'océan, mais s'en vont. La putain, c'est son quotidien, de se dire que y'en aura peut-être un de différent, d'un peu plus sensible. La putain, ça ne lui fait plus rien, les muscles développés des hommes du large, le gout de leur peau légèrement salé, leur haleine immonde, leurs grandes mains agiles. Elle les connait, les yeux écarquillés des jeunes devant la facilité à l'atteindre, face à la chaleur de ses fesses, les yeux ennuyés des habitués devant son corps banal, son visage sans expression. Les nuits suffisent à la putain, elle ne veut pas en sortir, c'est si facile de se voiler la vérité dans l'obscurité. Un pas devant, un pas derrière, personne ne verra rien. Dans son lit, la putain est éternelle, elle ne sera jamais vieille, jamais trop encombrante. La prostitution offre l'éternité, celle rêvée. Lole est l'une d'elles, elle est plus jeune et plus belle que les autres. Lole est la reine des Calanques, tout le monde la désire, tout le monde rêve de se l'offrir, sa légende fait le tour de monde. Lole et ses cheveux clairs dansant dans le vent, Lole et sa peau bronzée, Lole et sa souplesse délicate, Lole la déesse des marins esseulés. Elle a un regard doux, plein d'amour et de tendresse, elle est amoureuse. Elle a rencontré Angelo il y a une dizaine d'années à Marseille. C'est le seul à qui elle s'est permis d'ouvrir son cœur, celui qu'elle attend encore. Lole sait qu'il reviendra, il le lui a dit, il le lui a promis mais pas comme les autres, non, dans les yeux d'Angelo une étincelle brillait. Elle pense à lui chaque fois qu'un corps s'écrase sur elle, que la violence d'une claque l'atteint, que les autres putains lui demandent à quoi elle songe encore. Lole n'est pas compliquée, elle attend juste patiemment, elle n'est pas pressée, elle a seulement peur de creuver avant. Angelo. Chaque fois qu'un bateau arrive au port, elle guette s'il en descend, postée à la fenêtre du bordel. Si Lole y est restée, c'est pour qu'il puisse la retrouver, mais reviendra-t-il un jour ? 

Lole, Marseille se dresse au loin, en serrant bien le poing, je pourrais l'amener à moi. Au bout de la nuit, je vois les éclats des réverbères, la folie de la vie urbaine. Je pense à toi, plus fort que jamais, je me rapproche de toi, plus proche encore. Bientôt j'attendrais ta joue, te caresserais prudemment. Ma Lole.



Angelo, un cargot de plus se dresse dans la lueur de l'aube, dis moi que tu es dedans, que tu arrives et que tu m'emmèneras loin. Je te suivrais sans question, nous partirons dans la chaleur estivale. Ouvrons le bal des rebellions, vibrons au son des accordéons.



Le navire semble ralentir, refuser l'escale promise. Je n'en peux plus d'attendre, je tremble de te revoir. Ma douce, je ne comprends pas, l'océan cogne contre la coque, le vent est absent. Tout semble nous séparer, je ne vivrai plus sans toi, je n'ai plus assez de courage.



Angelo, si ton pied ne se pose pas à Terre demain, je mourrai de chagrin, je suis épuisée. J'ai trop travaillé, trop espéré, mon corps ne me porte plus, reviens, reviens me nourrir d'amour. Je ne veux pas mourir.



Chaque geste me fait souffrir, je n'en peux plus de ne plus pouvoir. La vie m'a fouettée de sa violence si profonde, j'ai cru que j'allais tomber. Mais je me suis relevé, pour toi, Lole, pour ne pas me noyer au fond de ce lac immense, pour plonger dans ta jouissance.



Il faut que je te raconte, il faut que tu sois là pour m'écouter. C'était un monstre, je n'avais jamais connu pire nuit. Il m'a prise et retournée sans logique, il m'a insultée, je n'étais même plus un objet, j'étais un déchet. Oui, Angelo, je me sentais faible entre ses mains, laide à travers ses yeux haineux. Je n'ai pas pleuré.



J'espère que ton souffle vibre encore, que ta vie se balade dans les rues désertes. J'ai entendu parler de toi dans le monde entier, de tes prouesses, de ta beauté. Suis-je fou de t'aimer ? Lole, une femme comme toi ne devrais pas exister dans ce monde injuste, je veux te donner mieux.



J'attends désespérément face à la fenêtre. Je suis prête, s'il le faut, mon revolver est chargé sous mon oreiller, prêt à me tuer, à m'ôter de cet enfer. Tu m'avais prévenue, que c'était dangereux d'avoir de si beaux yeux, tu m'avais dit, et je t'avais répondu tant pis. J'étais si jeune et si frêle, j'étais inconsciente, mais suis-je folle de te chercher ?



Le temps semble long, la manœuvre parait ralentie, je crains d'être anéanti, d'apprendre ta disparition. Je suis prêt, s'il le faut, mon revolver est chargé, enfoncé dans ma poche, prêt à me tuer, à m'ôter de la mer. Tu m'avais murmuré que j'étais trop optimiste, mais ai-je trop changé pour que tu puisses m'aimer ? Lole, je suis toujours le même, esseulé, noyé dans les flots, moi le marin.



Je ne suis plus emplie de vie, le désespoir m'a entaillé. J'ai toujours ce sourire en vitrine, je ne serais jamais victime, mais ai-je trop changé pour que tu puisses me retrouver ? Angelo, je suis toujours la même, fille de la mer, enfant de la misère, moi la putain.



Dis, Lole, tu te souviens que je te promettais un destin sans chagrin, qu'après chaque matin il y aurait un lendemain ? Je n'étais pas grand-chose sans toi, un marin sans rêve et sans voix, je revois la légèreté de tes pas, la force de ton rire.



Angelo, l'homme aux milles envies, je me souviens bien, de tes idées venues de je ne sais où, de tes yeux brillants quand tu me parlais de notre fuite. Ma valise est prête, je n'ai pas grand-chose à emporter, mon amour et deux vêtements. Je t'en supplie, ne m'infliges pas la douleur de l'absent. Reviens, sois présent auprès de moi.



Ca y'est, un adieu à l'équipage. Je me retourne vers les vagues, lance mes prières au large. Faites qu'elle soit là. J'abandonne une partie de mon âme sur le pont, je caresse le bois chaud, des années de ma vie oubliées. Lole, je souffre, j'ai peur de m'oublier. C'est fini, les tempêtes, les copains, les putains, les voyages, les soirées à écrire dans mon carnet de bord. Plus jamais je n'aurais à pleurer un ami qui a glissé, à jeter un estropié. J'ai l'impression de monter au front, de pénétrer dans les tranchées, la guerre résonne en moi. J'étais malheureux, je suis détruit.



Ca y'est, je te vois ! Comme tu es beau, Angelo, tu sembles maladroit, ou non, plutôt bouleversé. Je regarde autour de moi, cette chambre vide dans laquelle j'ai grandie. Je me sens creuse, en chute libre dans le puits de l'oubli. Je ne regretterais pas, je dois oublier cette partie de moi. Je me sens suicidée quelque part, là où j'avais construit tous mes remparts. Je m'étais tellement appliquée à me protéger, à cloisonner mon cœur. L'odeur du pain chaud à travers le couloir va me manquer, j'adresse un dernier coup d'œil à mes copines, c'est l'heure d'aller bosser, je n'en reviendrai jamais.



Je ne sais pas si je manque de courage ou si je veux savourer la beauté de Marseille, mais je me suis arrêter prendre un café sur les Calanques. Je suis incapable de venir directement au bordel. Lole, suis-je prêt à passer du rêve à la réalité ? J'y ai tellement pensé, rejoué la scène mille fois dans ma tête, changé chaque détail incorrect, et si on se plantait ? Ce moment doit être parfait. Je ne sais pas si je croyais vraiment te revoir un jour, je ne sais plus.



Tu n'es pas là, j'ai examiné chaque visage, écouté chaque murmure, j'ai eu peur. Angelo, je me retrouve face au mur, cette décision changera tout, on ne pourra pas faire demi-tour. Je ne sais pas ce que tu fais, mais je vais en profiter pour me changer les idées. Je séduis, je souris, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas été si rayonnante, mon patron est ravi. Reviens vite avant que l'un d'eux ne m'emmène au lit.



J'ai sauté d'un bond, j'ai été pris d'une peur inexplicable de te passer à côté, de te louper. J'ai couru jusqu'au bordel, je suis arrivé. Lole, je n'avais pas oublié les lourds rideaux en velours rouges à l'entrée, j'ai reconnu tes chevilles fines et musclées. Je les ai bousculés, je t'ai retrouvé.



J'entendais des grognements d'ivrogne, intriguée, je me suis retournée, tu es là, à tous les pousser pour pouvoir m'atteindre, Angelo.



Lole, je ne te parle pas, mais je suis là, je comprends ta douleur, je serais ton bonheur. C'est comme un moment d'arrêt, comme si le silence régnait dans le bordel. Je suis face à toi, tu es si belle.



Angelo, tu ne bouges pas, mais je te vois, je sais que tu ramèneras le soleil en moi. C'est comme un instant suspendu, comme si on n'y croyait plus et que le bonheur était inattendu. Tu es face à moi, tu es si élégant.



Je te prends la main, viens, ou même, reviens. Ca parait impossible, ça parait irréel. Je n'y crois pas, je ne peux pas y croire. Tu m'amènes jusqu'à ta chambre, tu ne changes pas. Je n'ose pas ouvrir la bouche de peur que mes mots me réveillent. Lole, Lole, Lole. Mes lèvres touchent les tiennes, le monde nous attend, plus rien n'existe, nous sommes seuls. La douceur de ta peau salée, tout va si vite.



Tu me touches enfin, les doigts d'abord, puis nous avançons enfin main dans la main. Je te fais monter, je connais tes idées, je sais que tu veux te faire pardonner. Je ne dis rien, et tu comprends que je n'ai pas changé. Angelo, tes baisers sont toujours aussi doux, ça ne peut pas être la réalité, je ne peux pas y croire. Tu m'as l'air encore sonné, je me sens déglinguée. Le passage discret de tes mains sur mes hanches, ça faisait tellement longtemps.



Lole, nous avons fait l'amour, je ne me souviens de rien. Juste de la courbe de ton dos, de ton corps fatigué, tu étais magnifique. Mais Lole, j'ai le cœur emprisonné, étouffé. Lole je ne sais pas si je vais survivre, je me sens oppressé. Lole, je ne vais pas bien, aides-moi, réveilles-toi, Lole…



Angelo, c'était magnifique, l'unité de nos corps résonnait de plaisir et d'avenir, je me souviens de chacun de tes gestes. Mais Angelo, je ne peux pas ouvrir les yeux, je ne veux pas souffrir de nouveau. J'ai peur que tu te sois déjà barré, je ne veux pas revivre ça. Je t'en supplie, restes avec moi.



Lole, je t'en supplie, reviens-moi. La terre ferme semble me bouffer les pieds, je regarde la mer par ta fenêtre ouverte sans oser me lever. Je vais devoir y retourner, c'est ça où me tuer, Lole, je ne peux pas rester. Je t'aime d'un amour fou, mais la mer me tient fermement. Je suis écartelé, je vais craquer. Je ne dois pas craquer. Mais mon corps réclame le balancement irrégulier des vagues, j'en ai besoin pour respirer. Lole, j'ai envie de crier.



Je te sens gigoter, je te sens t'emporter. Je demeure immobile. Je ne survivrai pas sans toi, je n'en peux plus. Mon avenir est tout tracé, je vais me faire baiser jusqu'à crever si tu t'en vas Angelo. Tu ne peux pas m'abandonner, pas encore, pas après la nuit qu'on a passé. Je sais que tu enfonces ta tête dans l'oreiller, je sais que tu veux pleurer, que tout ton être est entrain de se déchirer.



Il faut que je me lève discrètement, un pied sur la moquette puis un autre. Délicatement. Je suis debout, j'ai pu m'habiller, il faut juste que je retrouve les clés. Lole, je suis désolé, je n'ai pas changé. Brusquement, tu te relèves et ta voix atteint enfin mon cœur, tu m'as réclamé un dernier baiser. Je ne pouvais pas te le refuser, j'allais craquer, je ne savais plus où étaient mes pieds. Lole, la mer m'a-t-elle empoisonné ?



Tu n'as pas pu refuser ma demande, j'ai senti tes lèvres chaudes. Je pleure. La folie me prend Angelo, tu n'as pas le droit de me quitter. Je braque mon revolver sur toi, tu resteras.



Lole, je savais que tu me sauverais, l'arme que tu me plantes dans le cœur me rassure. Vas-y Lole, vises bien, regardes bien le viseur, rectifies la trajectoire, atteints moi en plein cœur. Ma vie n'a plus de sens, je suis malheureux sans toi, malade sur la terre. Ne te trompes pas, prends ton courage et tues moi. Tu peux le faire Lole, fais le mon amour. Lole, c'était notre dernière nuit, rejoins moi au paradis. Enlèves moi de ce monde sans frayeur, oublies la terreur. Lole, je pars pour un voyage infini, ce n'était pas pour moi la vie et puis tant pis.



Angelo, mon amour. Je dois le faire, ne m'en veux pas, je te rejoindrai. Angelo, mon amour, Angelo. Tu étais trop bien pour ce monde, je t'ai promis l'univers, je t'y envoie sans tarder. Les larmes vont me noyer, je suis désespérée. Mais j'ai comme l'impression que tu t'y attendais et que je le savais. Angelo, je ne suis pas une meurtrière, mais je serais la dernière à t'avoir aimé. Mon cœur fond, je tremble, je suis si faible. Pardonnes moi, je t'en supplie. Le vertige me prend, mais je tiendrais le coup jusqu'à avoir tiré.



Lole. Moi, le marin, toi, la putain, merci mon amour, je t'aime.



Ton corps, même mort, est beau et fort. Je t'ai tué mon amour. Laisse moi te rejoindre. La dureté de l'arme dans ma bouche me donne des frissons, un souffle glacial me traverse. Je pleure encore, je ne t'oublierai jamais. La balle va partir, je vais mourir. Moi, la putain, toi, le marin, je t'aime.

  • J'ai adoré le début, le coté mirroir des descriptions est vraiment génial! les deux descriptions des vies de marins. avec la vie suspendue, c'est vraiment magnifique
    big up a:
    "Malgré leur nombre sur le navire, ils sont seuls. C'est quelque part un peu pour ça qu'ils sont là. "

    La fin a un peu trop de pathos, mais je ne sais pas si ca fait partie du coup le charme du texte ou non! Mais vraiment joli texte dans l'ensemble!

    · Il y a presque 10 ans ·
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    jasy-santo

  • "je t'ai promis l'univers" je trouve ça génial ! L'histoire est tout aussi poignante que dramatique, une ambiance spéciale se dégage de ce texte

    · Il y a presque 10 ans ·
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    lucastissier

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