Le mélancolique et l'oiseau

Paul Robert De La Fauvellerie

Suite du texte "Le rêve"

Réveillé après ce rêve absurde, je ne savais que penser... J'étais reposé malgré ma nuit perturbée. Plus qu'une journée avant d'aller rejoindre ma soeur et son petit monde , bien différent du mien.
J'étais décalé, déphasé par rapport au reste de la société, j'assumais certes mais parfois les rapports sociaux, cette vaste comédie humaine, m'ennuyaient au possible. J'avais soudainement peur que ces retrouvailles se passent de mauvaise manière, que ce soit creux, certes poli, mais sans plus... Je me disais que ma vie était trop différente de celle de ma soeur et son mari pour que nous nous comprenions... J'avais fait des choix de vie qui devaient leur paraître grotesques. Tout abandonner : le travail et l'existence qui allait avec, ne pas me battre pour sauver mon couple. Je partais vaincu d'avance, ce qui n'était pas bon signe. Ce défaitisme, probablement mon principal problème... Parmi tant d'autres...
Je prenais certes moins de médicaments, et hormis ma dernière ânerie, mes tendances auto-destructrices s'apparentaient à un lointain souvenir, mais j'étais sujet à des passages mélancoliques où la dureté des affres de l'existence me semblait insurmontable, malgré mes efforts. Je me sentais coincé entre le marteau et l'enclume.
J'en étais à ces réflexions quand un oiseau vînt à ma fenêtre... Il semblait m'observer, ce petit moineau mignon. Comme il était libre ! Il allait où bon lui semblait, au  gré du vent... Je l'enviais sur l'instant. Je m'approchais de la fenêtre pour voir de plus près à quoi il ressemblait, mais il s'enfuit. Je jetais un coup d'oeil pour voir où il allait, il se noya dans une masse d'oiseaux... Difficile de le repérer !
Je repensais à la chanson de Michel Fugain et son big bazar  "Fais comme l'oiseau". Joli texte, et surtout joli refrain. Et c'était vrai, "rien ne l'empêche l'oiseau d'aller plus haut"... Je me décidais à faire de même, de lutter contre les difficultés surtout présentes dans ma tête, et à profiter en toute liberté des instants futurs avec ma soeur... Un regain d'optimisme avant la grande déception? Je verrais bien...

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