le merle à bec jaune
Jean Claude Blanc
Le merle à bec jaune
Quand j’ouvre mon volet, un peu tard le matin
Un soleil paresseux, s’extirpe de l’horizon
Penché à ma fenêtre, moi j’étire ma flemme
Là-bas dans les buissons, s’affaire un drôle d’oiseau
Le merle à bec jaune est bien là qui m’attend
Il relève la tête, en sautillant de joie
Au moindre de mes gestes, gambade de plus belle
Plein d’entrain il m’épie avec fébrilité
Il farfouille la mousse de son bec acéré
S’il se sent menacé, d’un saut va se percher
Sur la haie, rassuré, contemple l’horizon
Le merle à bec jaune, il est un peu fiérot
Derrière le rideau, je le regarde faire
Un furtif coup d’œil , pour voir si je suis là
Il se gratte les plumes, fourrage sous ses ailes
Pour un brin de toilette, il a de l’éducation
Une mimique répétée, rituel obligé
A l’eau d’une rigole, fait le plein de son gosier
Repart un peu plus loin, avide curiosité
Quêter des gourmandises, qu’il aurait oubliées
Ici pas de prédateurs, ni de matou sournois
Le merle à bec jaune, tranquille comme Baptiste
Se faufile partout, il est ici chez lui
Il vient sur le balcon, me chanter sa romance
L’hiver cependant, doit se sentir bien seul
Ses comparses ont quitté, la plaine du Forez
Préféré regagner, des régions moins frileuses
Pour une place au soleil, la Méditerranée
Au fond çà nous arrange, on est seuls maîtres à bord
Sur ma propriété, est planté le décor
Lui son bec, moi ma pipe, on se tient compagnie
A chacun sa façon, de tromper ses soucis
J’ai pendu à une branche, une boule de suif
Des fois que çà le tente, car par les temps qui courent
Le merle à bec jaune a du mal à trouver
Sa pitance ordinaire, pour se remplir le ventre
Mon unique compagnon est toujours là présent
Epie les alentours, l’air de rien, il surveille
Je me dis que c’est pour moi, qu’il se pointe à l’aurore
Le merle à bec jaune, a sûrement son idée
Drôle d’oiseau moi-même, je me glisse dans la peau
Du petit volatile au plumage soyeux
Comme lui solitaire, me suffit de mon sort
Tirant de ma bouffarde, des flots de mélancolie
Le merle à bec jaune sait qu’il est à l’abri
Des gâchettes faciles, des cruels pillards
Il en profite le bougre pour venir picorer
Les miettes, les vermisseaux, qui lui sont réservés
La morale de l’histoire, faut souvent se tourner
Vers plus petit que soi, en comprendre les usages
Se forger à son tour un moral d’enfer
Et hérisser ses plumes, pour confondre ses orages
JC Blanc décembre 2011