Le moteur.

effect

Le moteur était si chaud qu'on aurait pu faire cuire des saucisses dessus, mais on a préféré lui mettre de l'eau dedans pour mieux pouvoir repartir avec.

"Autrefois sur une panne d'essence, tu prenais ton petit jerricane que tu laissais toujours planqué dans le coffre 'au cas où ' et tu marchais jusqu'à la première station-service. Si la panne se situait dans les gorges de l'Ardèche, soit tu faisais du stop ou soit foutu pour foutu, tu prenais la décision de la ballade, admirant en chemin le paysage, ramassant quelques fleurs pour si jamais un début d'herbier, tout en réfléchissant à la taille des nichons que ta femme allait se faire mettre. Aujourd'hui avec la voiture électrique, t'as plus la même motive ! Que même si le GPS de ton smartphone t'indique une borne de recharge en bas dans la vallée, tu sais par avance que c'est mort pour toi, que les batteries de ta ZOE sont toutes à plat dans ta bagnole, que tu vas pas t'amuser à toutes les décrocher pour aller les remplir, qu'ils n'ont même pas pensé à te mettre une rallonge de trois kilomètres dans le coffre, ces couillons d'ingénieurs !"

Paul détestait toutes nouvelles technologies, précisant que celles-ci n'étaient que l'ersatz du monde des vrais hommes, celui dans lequel où l'ancienne civilisation avait déjà tout conçu depuis le début, et que putain de bordel, les boules de billard seraient toujours en ivoire si le celluloïd n'avait pas été inventé après la disparition du premier éléphant !

Paul crachait presque tout le temps: autant par la fenêtre de sa voiture que par dessus son lit ou son contrôleur fiscal pour la crotte qu'il lui avait mis au cul. Certes, il reconnaissait que trop fumer finirait mal, mais que de manière générale les grands penseurs avaient tous été des grands fumeurs aussi, que la nicotine était pour lui un stimulant au même titre que le chocolat une hormone de plaisir chez les filles, et que c'était pas avec un coach sportif tout épilé et nourri à l'autobronzant, qu'on pourrait de nos jours, inventer la pâte à dentifrice ou le soleil derrière les montagnes !

Paul détestait la vaisselle pour devoir la faire, préférant celle en carton: - Quand tu vois tout ce que tu peux faire avec un arbre !

Paul aimait se laisser surprendre. Il lui arrivait de s'enfermer dans son bureau, d'attendre que la porte s'ouvre et de se retourner avant même qu'elle ne se referme:

- T'as vu l'heure ? On va être en retard ! Dépêche mon chéri !

Sa femme était toujours aussi belle et ça l'agaçait. Durant toutes ces années, il n'avait jamais rien vu venir de désobligeant sur elle, puisque prenant à sa charge tous ses frais de plâtrerie et d'embellissement. Il se plaisait à dire à ce sujet et à ses amis, qu'il entretenait avec son épouse, comme une sorte de proximité, une sorte de petite épicerie de quartier ouverte 24/7 et dans laquelle elle pouvait choisir à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit toutes sortes de petits produits et de potions à bien-être, et que si malgré le réassort un article venait à manquer à la boutique, qu'elle avait droit à tout simplement aller voir ailleurs pour se faire cuire un œuf !

- Justement Paul, je voulais te voir pour le devis concernant la mammoplastie de ta femme... tu ne m'as pas donné le feu vert pour attaquer les travaux !

- Marc lui propose des plus gros que les tiens pour moitié prix et sans faire descendre de sa voiture !

Signaler ce texte