Le Paradis sans hommes
Pierre De Gerville
LE PARADIS SANS HOMMES
Il marche vers la mer
Il sent sous ses pieds
La caresse attentive
Du sable
Il y a dans ses mains
Le souffle tiède du vent
Qui respire - il y a dans ses genoux
L'incertitude de la dune qui s'effondre
Il y a dans ses oreilles
Le pouls de la houle
Et dans ses yeux
L'horizon bleu pensif
Sous son poids
Le sable est solide,
A présent – ferme et élastique
Comme un corps
Sous lui la plage est vivante
Il sent contre ses mollets
Le choc de la première vague
Qui le déborde et
Fait disparaître ses pieds
Il sent contre ses mains
Les premiers embruns
Et dans ses genoux la force
Du reflux
Qui l'emporte
Comme la mer l'attire
Et qu'il se laisse aller
Vers elle
Le ciel disparaît parfois
Derrière le rideau mouvant
D'une vague
L'eau est douce et chaude
Et salée dans sa bouche
Et là contre son visage
Et joueuse dans ses cheveux
Et trouble et immense – Infinie lorsqu'il ouvre les yeux
Il a plongé : il est seul
Dans le monde de la mer
Dans le silence
Et le bruissement soudain du sable froissé
Seul au paradis sans hommes.
Très beau, très apaisant...
· Il y a presque 10 ans ·abalthes
ah cela me fait envie! c'est bien écrit comme si votre corps avait remplacé votre pensée pour écrire. J'étais droguée du plaisir de la mer, mais je ne pourrais plus y retourner. La seule chose qui m'a étonné c'est le mot de silence à la fin.
· Il y a presque 10 ans ·elisabetha
Le silence, c'est celui qui règne sous l'eau - avec seulement le bruit du sable déplacé par les vagues. Cela traduisait aussi un sentiment d'apaisement. En tout cas, merci pour les commentaires, ça me touche beaucoup !
· Il y a presque 10 ans ·Pierre De Gerville