Le passé nous rattrapera - Chapitre 2
akayuki-ookami
Au son strident de son réveil, Christopher se leva. Il n'avait pas beaucoup dormi, la mise en place du bureau lui avait pris une bonne partie de la nuit et il lui avait fallut compter sans l'aide d'Alexandre qui s'était endormi sur le canapé à peine fut-il installé. Il passa dans la salle de bain et regarda son visage dans le miroir. Des cernes noircies encerclait ses yeux gris, des mèches de cheveux trop longues tombaient sur ses lèvres, il s'était promis de les couper il y a quelques jours mais ne parvenait pas à s'y résigner. En appliquant du gel pour les faire tenir en arrière, il détailla un peu mieux ses traits ; à 27 ans, il en paraissait déjà 35 alors qu'Alexandre lui avait eu la chance d'être épargné par l'épuisement. Il soupira, se brossa les dents et regarda sa barbe de deux jours. Il secoua la tête et soupira encore une fois : inutile de la raser, se dit-il, elle reviendra de toute façon. Adolescent puis jeune adulte, il n'aurait jamais penser devenir aussi négligent vis-à-vis de son physique mais la vie non réserve parfois des surprise. Lui, il avait cesser de prendre soin de son corps, avait laissé ses cheveux devenir une masse d'épis à peine plus brillant qu'une feuille de papier canson dans un tiroir. Il ferma les yeux, passa une main sur ses cheveux durcit et alla dans sa chambre sans grandes envies.
Dans un costume bleu marine assorti d'une cravate noir, Christopher se rendit au bureau, il y retrouva son collègue, toujours au même endroit que la veille avant son départ. Il alla poser sa sacoche sur le bureau de bois cendré et revint vers le canapé, ses doigts effleurèrent l'épaule du garçon.
« Debout. »
Sa voix fut suspendue dans le vide. Christopher posa sa main sur l'épaule d'Alexandre qui laissé échappé un grognement hargneux. C'est qu'il me mordrait, ricana-t-il.
« Allez Alexandre, réveils toi espèce de grosse larve...
-Oh la ferme... »
Il se redressa pour lui tourner le dos avant de se rallonger. Christopher rit un peu, amusé par le comportement enfantin du jeune homme et se redresse. S'il est fatigué, autant le laisser se reposer, lança-t-il à haute voix en allant s'asseoir sur la chaise de bureau qu'il avait tout juste remontée. Mal remontée. À peine s'assit-il qu'elle s'effondra sous son poids, sa tête heurta le bord de la fenêtre derrière lui et il resta sur le sol, sa vue se floutait lentement et une migraine commença à faire le tour de sa tête pour se heurter à ses tempes.
« Arg... Punaise... »
Il passa sa main derrière sa tête et la massa un moment pour calmer la douleur avant de se redresser non sans mal. Il dû rester immobile un moment pour retrouver son équilibre mais s'effondra lorsqu'il tenta un pas pour s'éloigner du bureau.
Il perdit connaissance.
Lorsqu'il reprit ses esprits, Christopher se trouvait dans un immense désert. Il regarda l'étendue de sable à perte de vue, le ciel d'un bleu meurtrier et le soleil si puissant qu'il semblait s'être accolé à la Terre. Il passe sa main sur son visage, se demanda s'il avait bu, s'il délirait, s'il avait été enlevé, condamné à mort, à l'exile, la solitude. Rien n'était plausible mais il fallait qu'il se raccroche à quelque chose, étrangement, il voulu se raccrocher au délire. Pour lui, le problème était simple : je me tiens dans un désert, commençait-il par se dire, car je suis devenu fou et que j'ai fuit d'un asile psychiatrique. Il secoua ensuite la tête : c'était ridicule. Son regard se posa d'un côté puis de l'autre avant de se baisser vers ses pieds. Des baskets et un jean ? Ça ne me ressemble pas... Je suis dans le corps de quelqu'un d'autre ? Il souleva légèrement le t-shirt qui couvrait son torse et effleura du bout de ses doigts une cicatrice, vieille de ses 3 ans, qu'il avait hérité d'une chute de cheval. Aucun doute, c'était bien son corps. Il appuya son doigt sur son ventre et se sentit froncer les sourcils comme sous une colère infondée. Des années à ce sculpter des abdominaux et il n'en reste rien, pesta-t-il.
Il relâcha son t-shirt et dû étouffer un cri de surprise lorsque, en relevant la tête, il se retrouva le nez presque collé à une porte violette. Christopher se recula d'instinct et regarda la porte. Intrigué, il glissa sa main sur le battant de bois sur lequel était gravé ce qui semblait être une carte de tarot. Il approcha encore un peu son visage en plissant les yeux et déchiffra les écritures hasardeuses qui la surplombait : « XIII ». Il se redressa en prononçant le chiffre puis fut prix d'assaut par des vertiges violents, il ferma les yeux en sentant son corps s'effondrer.
« Christopher ! Réveils toi bon sang ! »
Alexandre secouait son ami de toutes ses forces, lorsqu'il l'avait vu tomber lourdement sur le sol quelques minutes plus tôt, il avait poussé un tel cri que l'étage entier c'était précipité à son aide et, en voyant Christopher évanouis et l'expression terrifié de son collègue, avait appelé une ambulance.
Il ne se réveilla qu'à l'hôpital. D'abord aveuglé par la lumière vive et blanche qui s'échappait du plafond, Christopher dû refermer les yeux et les rouvrir à plusieurs reprises pour s'accoutumer à ce qu'il cru être « la lueur divine ». À cet instant, il aurait même été capable de laisser tomber l'athéisme. Le visage d'Alexandre apparut soudain au dessus du sien.
« Tu es réveillé ?
-Mince, l'enfer... J'aurais dû mieux me comporte...
-T'es pas mort imbécile, commenta Alexandre sans comprendre le sarcasme.
-Je sais. »
Il se redressa dans le lit en grimaçant.
« Qu'est ce qu'il s'est passé ?
-Je sais pas, tu es arrivé au bureau et tu t'es effondré. Après, on t'a emmené ici, tu es resté inconscient environ une demi-heure.
-C'est quoi, la tarot numéro 13 ?
-L’Arcane sans nom, répondit-il en fronçant les sourcils. Pourquoi ?
-Je peux savoir comment tu connais ça ?
-Ma sœur me tirait les cartes assez souvent. »
Christopher osa un petit rire qui lui tira fortement sur les côtes, visiblement il avait du heurter quelque chose de dur. En ce remémorant la configuration de la pièce le matin même, il compris qu'il s'était sûrement pris le seul carton de déménagement qu'il n'avais pas vider la veille car il appartenant à son collègue. Il lança un : « Je te tiens responsable de ma douleur. » que ne compris pas Alexandre puis esquissa un léger sourire. À ses côtés, le garçon semblait le croire devenu fou.
« Ils savent pourquoi je me suis évanouis ?
-Non, pas vraiment. Il pense à une faiblesse à cause d'une déshydratation ou d'un coup de chaud.
-A 6h du matin ? Tu les as trouvé où tes médecins ?
-Oh c'est bon, hein. C'est pas de ma faute s'ils ont eu leur diplômes dans une pochette surprise... »
Ils rirent un peu, plus décontenancés par la situation que réellement amusés. Le ventre de Christopher se mit à grommelé, il fit la grimace et soupira.
« J'ai faim.
-J'ai entendu ça oui... Je m'en occupe. »
Il lui sourit et sorti de la pièce dans la hâte. Christopher n'attendait que ça. Son départ. Il ferma les yeux puis les rouvrit et fouilla dans les poches de son pantalon : ne comptant pas le garder longtemps, les médecins ne l'avaient pas changé et cela l'arrangeait. En revanche, chose moins avantageuse, son portable ne faisait pas parti des admissions. Il se releva en grognant encore une fois de douleur, exaspéré il jura entre ses dents qu'il détruirait cette boîte et son contenu une fois rentré. Par des gestes hasardeux, Christopher fouilla dans les tiroirs et fini par mettre la main sur son téléphone portable. Il ouvrit sa liste de contacts et cliqua sur la nom de Giorgio avant de lui envoyer un e-mail dans lequel il expliquait son rêve et son manque de temps pour le rencontrer. Depuis quelques années, il ne l'avait plus vraiment recontacter, il ne lui envoyait que quelques nouvelles, de temps en temps, sachant que de toute façon Alexandre lui parlait encore très régulièrement. Trois heures au téléphone en moyenne par semaine. Trois heures pendant lesquelles il est impossible de le contacter. Étrangement, toujours les trois heures où Christopher avait besoin de lui parler à propos de toutes sortes de choses relatives au travail.
Il rangea le portable quand la porte s'ouvrit, laissant apparaître la silhouette fantasmagorique d'Alexandre. Ce dernier tendit à Christopher un sandwich dégoulinant de graisse.
« Y avait pas de salade ?
-Si. Mais ça, c'était plus attirant. »
Il grimaça en prenant le sandwich, un filet de sauce Ketchup glissa jusqu'à son coude, il releva son regard sur Alexandre avec cet air si familier de « tes idées, tu te les gardes ». Malgré tout, le regard désolé de son collègue l'obligea à se taire, il mordit dans le pain plus moue que de la mie et plus élastique que des brochettes au bœuf et mâcha difficilement.
Aah la porte violette ! Un bon chapitre, malgré quelques fautes encore. Vivement la suite !
· Il y a plus de 11 ans ·octobell