Le petit couloir.(2)

Notre chat a toujours sa queue qui traine sur les tapis ou devant le frigo. Comme il est souvent dans nos pattes, on lui marche régulièrement dessus et on s'excuse pour qu'il n'en tienne aucune rigueur ni agressivité, en le remplissant d'affection dans nos bras: « Oh pardon mon chéri... un p'tit bisou mon p'tit lapin! ».

Au petit-déjeuner, à l'heure de sa pâtée, il s'étire de tout son long sur la porte du frigidaire, en pétant de bonheur à l'idée que le trésor est dans le coffre et que son papa ou sa maman ont la clé.

- Chéri, c'est toi qui a enlevé le petit papier jaune sous le magnet ?

- Quel petit papier ?

- Celui ou j'avais noté le numéro de téléphone de la Monique !

- Ben non ! Moi j'ai rien enlevé du tout ! C'est sûrement le chat sans le faire exprès !

- Putain comme il pue du cul ! Tu lui a donné sa bouffe ce matin ?

Monique fait du pain d'épices délicieux pour ceux qui en veulent et pour la bonne cause. Ça complémente sa retraite et ça remplit son caddie SOS animaux du samedi. Monique, c'est tout un poème: à défaut de pouvoir lui en écrire un, elle vous en mets deux d'office dans son panier ! Il me souvient l'avoir accompagné au greffe des associations pour la modification du nom et des statuts de la petite entreprise de bénévolat qu'avait créé son feu mari: « Les petits minous ». L'employé administratif de la Préfecture qui nous avait reçu ce jour-là, était dubitatif quant à la raison d'un tel changement de dénomination:

- Bon alors Madame Monique... vous désirez changer le nom de votre association « Les petits Minous » par «  SOS bâtards » c'est bien ça ? C'était pourtant bien joli « Les petits Minous », non ?

- On voit bien que vous avez pas connu mon mari ! Tout le monde dans le quartier le sait ! Y'en avait plein le lit, des petits minous ! Jusqu'à l'aube on voyait de la lumière dans sa chambre ! Vous trouvez-ça normal, vous, de la lumière jusqu'à point d'heure pour des petits minous ! Une souris, une fois que ça s'est laissée bouffer, ça devrait faire se laisser dormir, non ?

Monique composait à tous les temps et toutes les sauces, jusqu'à même devoir pousser jusqu'à l'impératif afin d'ajouter: 

- Un saucisson même pourri mon petit gars, se vend plus facilement et plus cher lorsqu'il est dans la cendre ! C'est comme ça !

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