Le poète

Philippe Thivet

Le poète à jamais s’en va poser sa plume,

Il s’est brûlé les ail’s, regardez-les qui fument,

Un soir de trop d’espoir où il monta si haut,

Disant qu’il était libr’, sa chute le fut bientôt.

 

Mais quel est donc ce fou qui fait rimer des mots,

Qui s’obstine à apprendre au monde à fair’ le beau ?

On l’a vu certains soirs qui se parlait tout seul,

Puis d’autres fois encor’ qui se faisait la gueule.

 

Le poète à jamais s’en va poser sa plume,

Il s’est brûlé les ail’s, regardez-les qui fument.

Comme le disait l’autre tout a été dit,

Lors à quoi bon vouloir jouer les érudits ?

 

Quell’ prétention d’écrir’ juste pour faire joli,

Comme un’ façon de dir’ : regardez ma folie !

On a vu certains cris sous des monceaux de fleurs,

Les poèt’s ont parfois d’encombrantes pudeurs.

 

Le poète à jamais s’en va poser sa plume,

Il s’est brûlé les ail’s, regardez-les qui fument.

Ce n’est pas très facil’ d’être un homme ordinaire

A quoi bon se mentir en prenant des grands airs ?

 

Ne prêtant plus le flanc à la moindre chimère

Il s’en va plus serein traverser son désert.

Dans son petit monde plus rien ne rime à rien,

Avec les pieds sur terre on ne va pas très loin.

 

Le poète à jamais a déposé les armes

Et sa plume en tombant fait un drôl’ de vacarme.

 

Philippe Thivet


 

Signaler ce texte