Le poulet de l'hôtel.(1)

J'avais malencontreusement garé la bagnole dans le fossé suite à de l'étourdissement bénin. Betty était ce jour-là, manifestement  de mauvaise humeur matérielle et moi, navrement de toute évidence circonspect. J'étais tel ce chien qui après une course effrénée sur sa femelle, ne décroche rien de sa prise ni de son intention de rester éternellement dedans, avant qu'une forte voix ne sépare l'animal du coup.

- Mais t'es couillon ! T'as foutu en l'air 3 ans de salaires ! On va faire comment pour aller à Courch' cet hiver ?

Betty faisait en sorte de me faire boucher les oreilles: elle finissait par m'enrhumer et me faire tousser autant qu'un tubard en phase terminale et dont la seule chance de s'en sortir c'est de prier dans le commun des mortels pour échapper au coup de pelle du 115. J'avais autant de produit dans la bouche que de feuilles de salade sur les dents après un déjeuner en terrasse au MacDo du Carrefour de Giverny pour m'être enfilé 3 hectares de jardins sans avoir vu un seul nénuphar ni un seul Monet.

C'était l'hiver et c'était Closed pour faute de travaux et d'ensoleillement.

- Mais t'es couillon ! T'as foutu en l'air 3 ans de salaires ! On va faire comment pour aller à Courch' cet hiver ?

Dehors dans son téléphone, Betty parlait Français et aussi deux autres langues avec les mains pour accueillir les Italiens et les Suédois par le petit chemin que nous seuls connaissions. Son coude s'était posé sur le petit tas de bois, faisant un petit pont entre deux stères de chêne. La neige s'accumulait sur les bûches et son bras. Elle désirait ne plus m'aimer et cela s'entendait dans sa voix d'ailleurs. Ses sentiments glissaient et les réservations aussi.

- Mais t'es couillon ! T'as foutu en l'air 3 ans de salaires ! On va faire comment pour aller à Courch' cet hiver ?

Tel ce poulet à emporter, je n'avais dans le micro-onde de mon hôtel que le goût de celui du papier. J'avais pourtant encore de la frite et du petit pois en attente au mini-bar.

- Mais t'es couillon ! T'as foutu en l'air 3 ans de salaires ! On va faire comment pour aller à Courch' cet hiver ?

Betty ne savait plus si d'une énorme médaille d'or autour du cou, un territoire Coréen valait mieux qu'une énorme carrière chez Auchan. 

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