Le pouvoir des livres (chap 1)

CHAPITRE 1

Il avait toujours rêvé de pouvoir passer inaperçu aux yeux de tous et voilà que depuis quelque temps, son souhait s'était enfin réalisé.

Immobile et plus silencieux que jamais, il essayait d'écouter les sons provenant de l'extérieur de la pièce dans laquelle il se trouvait. Des bruits de pas… oui c'était certainement des bruits de pas, des talons peut-être ? Non, ça ne claquait pas comme d'habitude, alors peut-être des souliers ? Mais qui portait des souliers de nos jours ? Perturbé par ce son qu'il n'arrivait pas à saisir, il n'entendit pas la personne qui venait d'entrer dans sa chambre. Elle lui demanda comment il allait, si sa fièvre était tombée et s'il était prêt à reprendre ses exercices de lectures.

Âgé de maintenant 11 ans, il commençait à apprendre à lire. Un peu tard pour certains, mais d'autres n'apprennent jamais de toute leur vie. Comme d'habitude, la séance commençait et il écoutait la voix de sa professeure qui lui répétait une à une les lettres : « A, B, C, D, E, F… », après c'était à son tour, il prenait un crayon et traçait une à une les lettres qu'on lui dictait mais loin d'être satisfait de cette méthode d'apprentissage, il se lassait très vite et arrêtait tout. La jeune femme prenait ses affaires comme à son habitude et repartait. Seulement cette fois c'était différent. Après cette journée, le jeune homme ne revit plus jamais la jeune femme qui venait pour ses leçons. Il était seul.

Il aimait ce sentiment de solitude qu'il n'avait que très peu connu. Depuis tout jeune, comme un fait naturel, toutes les personnes de son entourage se regroupaient autour de lui. Dès qu'il faisait quelque chose, il y avait toujours quelqu'un pour l'interrompre et lui demander pourquoi il faisait ça et pourquoi il ne voulait pas jouer avec tout le monde. Mais lasse, il restait dans son coin et ne parlait pas. Pas qu'il ne sache pas parler, seulement il ne voulait pas. A quoi cela servait-il de parler quand rien d'intéressant ne sortait de sa bouche ? Quand seulement quelques bruits incompréhensibles se frayaient un chemin depuis ses cordes vocales et que la personne en face le regarde, les sourcils froncés et se moquent de lui comme s'il n'était pas humain. Alors, il avait commencé à ne plus essayer de parler et à vouloir s'isoler, loin des personnes qui pensaient être comme lui mais qui ne l'étaient pas.

Assis dans son lit, il soupira. Il lui arrivait de repenser à pourquoi il était maintenant seul, pourquoi personne ne venait le déranger dorénavant. Ses parents ne lui manquaient pas vraiment, ils n'avaient jamais vraiment été là pour lui, à part pour l'exhiber comme un être hors norme pendant les soirées qui se déroulaient de temps à autre dans la bâtisse. Depuis l'accident qui les avaient emportés tous deux, il vivait avec sa professeure qui maintenant était partie. Il soupira de nouveau et sursauta lorsqu'il entendit la porte d'entrée claquer soudainement.