Le pouvoir des livres (chap 3)
Mari A
Il ne savait pas pourquoi le professeur disparaissait aussi rapidement et lui laissait à chaque fois un nouveau jeu mais il s'en moquait tant qu'il pouvait s'amuser encore et encore avec le son et les boules qu'il sentait sous ses doigts. Curieux de découvrir le nouvel ouvrage que le professeur lui avait laissé il fut très déçu lorsqu'il se rendit compte que celui-ci ne faisait pas de bruit. Il tournait les pages encore et encore en espérant entendre la voix douce de la jeune femme qui parlait dans l'autre livre mais en vain. Celui-ci ne parlait pas. Ennuyé par ce nouveau jeu dont il ne comprenait pas les règles, le garçon jeta le livre contre un mur avant de se recouvrir de sa couette pour s'isoler de tout. Après quelques minutes où l'air se faisait de plus en plus rare sous sa lourde carapace, il s'assit brusquement et regarda dans le vide, incapable de saisir ce qui se trouvait dans la pièce ni où le livre ennuyeux était tombé. Après l'accident qui a emporté ses parents le jeune garçon s'était encore plus renfermé sur lui-même, au point d'éviter toute personne qui essayait de se rapprocher de lui et de devenir violent dans les cas extrêmes. Si bien que plus personne n'osa lui parler de peur qu'il pique une nouvelle crise. C'est comme ça que la professeure l'avait recueilli. Seulement cette fois, le livre ne partirait pas de lui-même, il ne le laisserai pas et resterai à l'endroit où il avait été projeté plus tôt. Décidé d'en finir avec cet ouvrage qui le hantait, il s'assit au bord de son lit, plus déterminé que jamais. Il se redressa sur ses deux jambes, s'avança de quelques pas et se dirigea sur le côté, les bras en avant afin d'atteindre un mur quelque part autour de lui. Deux pas, encore un et encore un et enfin il senti une matière froide sous ses mains, c'était le mur. Il soupira, effrayé et pourtant satisfait de lui-même. Il ne s'était pas levé depuis 1 an environ. Toujours assis sur son lit, glissant de temps en temps sur la chaise à sa droite mais sans jamais vraiment faire de pas. Il se contentait du minimum car cela lui suffisait amplement. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi ce livre l'obsédait autant, au point de faire quelque chose d'inutile comme se lever uniquement pour aller le récupérer. Mais parti comme il était, il ne voulait pas faire demi-tour et se laisser abattre par un simple bouquin. Après avoir fait le tour de la pièce lentement et à tâtons pour éviter de chuter tout en ramenant ses mains vers le sol à chaque fois qu'il pensait trouver quelque chose, le garçon ne trouva rien. Il décida donc de passer au grand moyen et d'arrêter d'agir comme un peureux. Il lâcha le mur, se retourna et avança sans rien pour le guider, sans objets sur lesquels se rattraper ou déterminer où il se trouvait dans la pièce. Il devait commencer à aller de l'avant et non attendre qu'on fasse les choses pour lui et sûrement pas des choses aussi simples que de ramasser des objets. Il mit un pied devant l'autre et commença son exploration à la recherche de l'objet perdu.