Le psychopathe psychotique

Hervé Lénervé

Eh, l’un n’empêche pas l’autre ! Cumulard, va ! La lente descente vers l’oubli qui nous attend tous, si, si !

Tout avait commencé par une nuit sombre, alors que j'étais égaré sur un chemin de traverse… Non ! Ça, ce sont les envahisseurs avec David Vincent. Je reprends tout, depuis le début, heureusement, on n'était pas très loin.

Tout avait commencé un beau jour, tout doucement, tout insidieusement, toutou à sa mémère, aussi, je ne me rendis compte de mon état que lorsque la maladie était déjà bien installée. Des signes avant-coureurs, des symptômes éclaireurs, il y en eut, mais sur l'instant, je le reconnais, je ne leur avais prêtés que peu de gravité.

Depuis quand avait-elle réellement commencé cette maladie ? Six mois, un an, davantage peut-être, j'essayais dans mon esprit en ruine, ma mémoire en friche d'en remonter le courant.

Il y eut cette fois, certes, où, au petit déjeuner, je m'aperçus que j'avais beurré ma tartine des deux côtés. Une petite distraction bien inoffensive de ma part, cela arrive à tous !

En remontant encore la pendule. Une fois aussi, alors que je rentrais de ma promenade matinale, je m'aperçus avec effroi que j'avais oublié ma petite-fille, dont j'avais la garde pour la journée, à la boulangerie. Heureusement je la retrouvais tranquille et sage à la même place, où je l'avais laissée, attachée au lampadaire. Ouf, plus de peur que de mal ! Maintenant à qui, une telle mésaventure, n'est-elle pas déjà arrivée ?

Il y eut également cette fois, où je me suis trompé de maison. Remarquez dans ce lotissement, bien qu'il y en ait pas une pareille ou même deux, à la rigueur, admettons, elles se ressemblent toutes, ces baraques. Le plus inquiétant, fut le fait que je ne m'en rendisse compte que le soir venu, dans le lit, étendu avec une autre femme défendue, car non légitime. Facile ! Elle n'avait pas de moustaches et pesait trente kilos de moins que la mienne, l'usurpatrice ! Maintenant, il faut relativiser et cela peut arriver à tout le monde, n'est-il pas ?

Un indice aussi, je vous le donne, en espérant qu'il pourra vous servir personnellement. La perte des objets quotidiens au quotidien est un signe à ne pas négliger. Je n'ai jamais été très attentif, ni très soigneux et des pertes j'en ai eu autant qu'à Verdun, mais quand cela devient récurent au point de ne posséder qu'à mi-temps vos clés, vos papiers, votre portable, vos lunettes, votre femme, votre voiture… Ma voiture, je l'ai souvent égarée dans des garages ou des parkings, mais avant que ma dégénérescence ne s'amplifie, je l'ai toujours retrouvée, excepté deux fois, pour une Renault rouge et une Porche noire que je cherche encore, si vous les avez vues quelque part, des fois ? Soyez sympa de me le dire. A présent, j'égare tellement que je suis incapable de tenir une liste exhaustive des objets à rechercher. A l'hosto, la dernière fois, j'avais besoin de mon couteau pour tuer quelqu'un. Impossible de remettre la main dessus. Je finis par le retrouver, certes, mais trop tard, car je ne me souvenais plus de la bonne personne à perforer. C'est terrible de ne pas se rappeler, car, par contre, vous vous souvenez très bien qu'il y ait une chose fondamentale à exécuter pour sauver la Planète ! Mais laquelle ? Ca ? Bon, pour le couteau, je l'ai planté au hasard dans le premier venu, en me basant sur le fait irréfutable que le hasard fait bien les choses. De toute façon des psys, ici, il y en a trop ! Bientôt ils seront plus nombreux que nous, les autres ! Attendez, on ne peut pas s'occuper de tout le monde, non plus, on a que deux bras. Deux bras, au plus, car Arthur, lui, il n'en a plus qu'un, enfin la dernière fois que je l'ai vu, il n'en avait qu'un, mais il l'a peut-être retrouvé depuis, je ne sais pas. Sacré Roubi, va ! Bon, où j'en étais déjà avec tout ça ?… sais plus !… je recommence tout  depuis le début.

Tout avait commencé par une nuit sombre, alors que… Ah ! Attendez ! Vous avez de la chambre, non, de la chance. Je me souviens un peu maintenant… Oui ! Déjà qu'ils nous payent avec des haricots ou des lentilles. Moi, les lentilles, ça me fait péter, je préfère les lunettes.

La soirée dernière ou avant dernière ou… oh, on s'en fout, on y est déjà ! Je discutais seul avec un mec.

-         C'est un véritable scandale !

-         Pour sûr, Hervé !

-         Il faut le dénoncer sur le pré en duel.

-         Et sur-le-champ aussi !

-         Pas plus tard que plus tard !

Sans attendre mon linge, je me dirigeais donc, illico tère, au bureau des branleurs en blouses blanches. J'entrais en criant, car quand j'entre quelque part, je crie, c'est comme ça ! Pas vous ?

-         C'est un véritable scandale, bordel !

-         Qu'y a-t-il encore ! Hervé ! Encore !

-         Justement, voilà exactement, justement le problème !

-         Quel problème ?

-         Ouah, l'autre ! Je le prends sur le fait d'incompétence notaire ! Il ne connait même pas le sujet du scandale que j'ai oublié ! C'est pas la peine d'être psy, alors !

Heureusement, j'avais pris la précaution d'attacher avec une ficelle mon couteau à mon poignet. Le problème c'est que mes réflexes ne sont plus aussi vifs que ce qu'ils étaient déjà par le passé du futur de l'après-midi dernière d'hier, aussi si vous pouviez me faire parvenir une kalachnikov avec des cartouches couleurs pour Epson 267-b,  ils vous en seraient grandement reconnaissants !

Il y a tant à faire sur Terre !

Merci pour eux !

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