Le rattrapage

Olivier Verdy

Certains élèves doivent passer l'oral de rattrapage. Cela peut être plus ou moins agréable.

Il fait chaud dans cette salle d'examen. Une journée entière à faire passer un oral d'histoire géo à des gamins qui s'en moquent. Enfin, qui ne s'en moquent pas tant que ça; ici c'est rattrapage. Ils sont prêts à tout pour avoir des points en plus. L'objectif est simple: remonter leur note d'écrit pour éventuellement décrocher le sésame, ce fameux papier qui leur permet d'un côté d'aller faire des études supérieures et de l'autre qui, surtout, va leur faire passer un bon été: parents, amis et egos sont satisfaits. Je l'ai. Il l'a. Elle l'a. Bravo !!!

Entendre une énième fois l'évolution des Etats-Unis depuis 1945, la guerre froide ou la dynamique de la mondialisation, Marc commence à en avoir marre. Ecouter des anecdotes aussi intéressantes que la relation Marylin Monroe Kennedy ou que Mao Tse Toung a décidé de fabriquer des vêtements pas chers, c'est lourd. Heureusement, il ne reste plus qu'un candidat. Un seul candidat. Un dernier ou presque. Il faut encore écouter celle qui raconte comment Khrouchtchev a tapé avec sa chaussure l'ONU. Elle mérite douze. Elle a l'air sympa. Et elle a bien travaillé toute cette année. Avec cette note, elle devrait l'avoir son Bac. Celui d'après, il fait déjà la tronche. Il n'a pas du aimé tirer «  l'évolution des relations américano-soviétiques entre 1945 et 1989 ». En plus, il a un mauvais dossier. 8 pas mieux. Bon, l'écouter quand même un peu avant. Une bonne surprise peut être ?

-          Merci mademoiselle. Votre exposé est clair. Je vois que vous avez appris et compris ce qu'était la guerre froide. Vous avez amplement mérité vos vacances. Voulez-vous demander au candidat suivant d'entrer s'il vous plait ? merci et au revoir.

Et voilà. Presque au bout.

-          Bonjour mademoiselle. Sophie Mercueuil ? je vous en prie. Déposez vos affaires. Et venez vers moi avec votre carte d'identité. Merci. Je vous en prie. Vous allez tirer un petit papier dans cette boite, et préparer votre présentation à votre place dans le fond pendant que votre collègue sera au tableau. Puis ce sera votre tour. Vous avez une vingtaine de minutes. C'est bon ? pas de questions ? allez-y je vous en prie.

-          Jeune homme c'est à vous. De quoi allez-vous me parler ? oh les fameuses relations américano-soviétiques? Je vous écoute.

 

Comment s'appelle-t-elle déjà ? Sophie Mercueuil ? Ça finit plutôt bien cette journée. En tout cas, agréable à regarder. Cheveux blond vénitien, un peu rondelette, des taches de rousseur, une jupe ni trop courte, ni trop longue, un chemisier décolleté et des talons compensés. Quel âge a-t-elle ? 17 ans. Elle fait un peu plus.

« On peut facilement dire que la plupart des usines qui fabriquaient des vêtements avant en Europe se trouvent maintenant en Asie là où la main d'œuvre est moins chère » Bon ce n'est pas mal ce qu'il raconte. Il a eu combien pendant l'année ? À peine la moyenne. Et il aurait besoin de 12 pour avoir ses points. S'il continue comme ça, ce sera ok. Elle a une façon de croiser et décroiser ses cuisses. Porte–t-elle une culotte ou un string ? Elle doit être un peu stressée; elle ne devrait pas. Bref. Par contre, Sophie, vous n'êtes pas forte en histoire géo. Il va falloir faire un gros effort si vous voulez des points. Il a terminé lui ? Parce que, elle semble bien plus intéressante et pas qu'en histoire géo. Son décolleté, est-ce qu'on voit mieux de près? Oh. Ce doit être la chaleur et la fatigue de fin de journée mais les pensées ont tendance à délaisser le cerveau et à se rapprocher du bas ventre. «  Les grandes entreprises de luxe à la Française quant à elles essaient de jouer sur une fabrication de proximité car cela justifie en partie les prix élevés qu'elles pratiquent ».

Allez qu'on en finisse et qu'on passe à Sophie. Machin, on s'en fout. Pas sérieux mais tellement vrai.

-          J'ai beaucoup apprécié votre présentation. C'est très clair. Tellement que je n'ai pas de questions. Merci beaucoup et bonnes vacances. Voudrez-vous fermer la porte en sortant s'il vous plait. Merci et au revoir.

-          Mademoiselle, C'est à vous. vous êtes prête ? Venez ici allez y je suis tout à vous.

Y'a pas à dire. Elle a du charme. Elle le sait. Elle est bonne même. Est-ce qu'elle rougit facilement ?

-          Je vous coupe de suite. Ça ne va pas ce que vous dites là. Vous êtes sure que vous avez travaillé votre sujet ? en quelle année, d'après vous, Martin Luther King a-t-il été assassiné ?

 

Et voilà. Trop facile. Mademoiselle est toute rouge. Perturbée. C'est clair. Elle ne sait pas sa leçon. Elle n'a sans doute rien écouté de l'année. Il lui faut 16 ! À quoi est-elle prête pour ça ?

-          Vous le voulez votre Bac, oui ou non ? évidemment, vous vous rendez compte que ce que vous m'avez montré jusqu'à maintenant ne suffit pas. Débrouillez-vous mais il faut que vous en montriez un peu plus. Comment ? à vous de voir, trouver des arguments.

Elle n'est pas conne la gamine. Elle comprend à demi-mots. Un bouton de décolleté. Pas mal.

-          Venez-vous assoir à côté de moi. Je pense que cela vous aidera à être moins stressée que cette position debout Détendez-vous. Alors reprenez. Comment les états du sud ont-ils réagi ?

Aaah. De près, le décolleté laisse deviner des petits seins, un peu tendus, un peu gonflés. Ils ont déjà dû être caressés fréquemment, étant donnée la facilité avec laquelle elle a ouvert son bouton.

-          Hop. Je vous coupe encore. Parce que vous repartez de nouveau dans une mauvaise direction. Donnez-moi votre main. Je vous montre sur la carte. Là, ce sont les états qui ont décidé de prendre en compte la mesure et ici, ceux qui l'ont refusé. A vous, on reprend.

Oh, sa main est douce et elle tremble un peu. Rigolo. Elle doit se demander quoi faire, que dire. Et surtout ce qu'elle doit ou pourrait faire. Prête à tout ou pas alors pour ce Bac ?

-          Mademoiselle. Vous semblez perdue. C'est pourtant simple. Je vous ai dit qu'au nord, en haut si vous préférez, étaient les états les plus enclins à accepter les changements alors qu'au sud, en BAS, étaient ceux qui étaient les plus durs. Allez-y, montrez-moi avec votre main ceux du sud. Pas sur la carte, vous me comprenez ou pas ?

 

mmm. Sentir sa main un peu timide à travers le jean. Quel effet! D'abord effleuré puis complétement pris en main. Ce n'est certainement pas la première fois qu'elle le fait. Aucun ne doute là-dessus.

 

-          Continuez, vous êtes sur la bonne voie; je vous aide. Les états du sud ont ensuite accepté d'être plus ouverts à la discussion. Bien c'est tout à fait cela. Je vous précise qu'au congrès, il y a eu beaucoup d'échanges et d'aller retours entre les commissions, des va et vient entre les différents intervenants. Les observateurs pensaient que cela durerait longtemps.

Fabuleux ! Quelle fin de journée ! Très appréciée.

-          A la fin, tout s'est accéléré. Oui, tout à fait comme cela. On peut même dire que cela s'est précipité et s'est conclu       par un accord satisfaisant pour tout le monde. Merci mademoiselle. Votre exposé était des plus intéressants. Un examen est toujours quelque chose de personnel qu'on ne raconte pas à l'extérieur vous ne croyez pas ? bonnes vacances. Voudrez-vous fermer la porte en sortant s'il vous plait. Merci et au revoir.

Enfin. Terminé. Vidé. Et pas que par le travail. Il fait chaud. Et si c'était le moment d'aller au Four Stars retrouver ses amis. Ce sont les vacances après tout.

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