Le Retour de Jackalope Kuddles

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Acte I

Belfast reposait sous une épaisse couche de brouillard. Il faisait sombre et froid, un temps à ne pas mettre le nez dehors. Pourtant Jack marchait d'un pas rapide, les mains dans les poches, la tête cachée entre son éternel chapeau et le col relevé de son manteau. Un jeune chat en blouson de cuir le bouscula, se retourna, et s'excusa. Jack arriva au pied de l'immeuble. Il avait envie d'une cigarette, mais il faisait trop froid à son goût. D'un pas rapide, il monta les trois étages jusqu'à son bureau.

"Bonsoir monsieur," fit son assistante avec son habituel accent allemand. Wilhelmina Sparmaus travaillait pour lui depuis sept ans déjà – depuis l'affaire qui l'avait mené à Berlin. "Vous avez du courrier. Je pense que celui-ci vous intéressera particulièrement."

Elle lui tendit une grosse enveloppe à bulles marron. Il jeta un œil à l'adresse, puis retourna l'enveloppe. Le nom de l'expéditeur n'apparaissait nulle part. Il regarda l'adresse à nouveau. Son nom était bien là, en entier : Jackalope Kuddles.

"Merde," jura-t-il. "Qui est le salaud qui m'a retrouvé ?"

"Votre langage, monsieur !" le rappela-t-elle à l'ordre.

"Il n'y a pas de timbre non plus. Je pensais qu'en changeant de ville, de pays, de nom...j'aurais droit à un peu de tranquillité."

"Vous êtes célèbre. Il faudra vous y faire. Time Magazine vous a appelé le meilleur détective d'Amérique."

Jack soupira.

"Je suis célèbre pour les mauvaises raisons, Mina. Si j'étais un lièvre, ou n'importe quel animal, je serais juste un détective. Mais," dit-il en enlevant son chapeau, "je suis un jackalope, une rareté. Un phénomène de foire."

Il passa la main sur les cornes qui ornaient son crâne, puis soupira à nouveau.

"Je propose que vous arrêtiez de vous plaindre, et que vous ouvriez l'enveloppe."

Il regarda l'enveloppe, puis Mina, puis l'enveloppe à nouveau.

"Pour l'amour de tous les dieux," s'écria la souris en la lui prenant des mains. "Comment feriez-vous sans moi ?"

Elle la déchira sur la longueur, et la retourna au dessus de son bureau. Un CD tomba. Il n'y avait rien d'inscrit dessus. Mina le prit et le glissa dans son ordinateur. Un ou deux clics plus tard, un air d'opéra commença à jouer.

"Qu'est-ce que c'est ?" demanda Jack.

"Je crois que c'est de l'opéra."

"Tu ne te dis jamais que le sarcasme est superflu ?"

"Jamais. Je crois que c'est Puccini. Madama Butterfly. Est-ce que ça vous évoque quelque chose ?"

"Non. Est-ce que tu pourrais --"

"Imprimer le résumé détaillé de l'opéra. C'est en cours."

L'imprimante se mit en route. Mina agrafa les deux feuilles qui sortirent, remplit un mug de café, et tendit le tout à son patron.

"Bonne lecture."

"Comment ferais-je sans toi, hein ?"

En quelques jours, Jack avait relu l'histoire de nombreuses fois, et écouté le CD en boucle. Mina avait identifié l'air comme le dernier de l'opéra, Con onor muore. La seule information pertinente qu'il avait pu en tirer était cette phrase, "celui qui ne peut vivre dans l’honneur doit mourir avec honneur". Cela ressemblait fort à des menaces.

Deux coups à la porte de son bureau le tirèrent de ses pensées. Mina entra sans attendre sa réponse, puis referma la porte derrière elle.

"Monsieur, je me suis permis de faire venir un inspecteur de la police. C'est en rapport avec le CD."

"Comment la police est-elle au courant pour le CD ?"

"C'est seulement cet inspecteur. C'est un de nos contacts dans la police."

"Nous avons des contacts dans la police ?"

"Oui, enfin, non. Depuis trois mois que nous sommes ici, vous n'avez pas pris une seule affaire, alors bien sûr vous n'avez pas de contacts. Moi, oui."

Jack leva un sourcil interrogateur.

"Oui, monsieur," continua-t-elle avant qu'il ne dise quoi que ce soit. "Certaines personnes ont une vie en dehors du travail."

Jack ne releva pas, et fit signe de faire rentrer l'inspecteur. C'était un jeune dalmatien, la trentaine environ. Il ne portait pas d'uniforme, mais il sortit son insigne machinalement.

"Détective Charles Kelly," se présenta-t-il.

Jack serra la main qu'il lui tendit.

"C'est donc vrai," continua Kelly avant que Jack ne puisse placer un mot. "Le célèbre Jackalope Kuddles ! Je suis un grand fan, monsieur."

Jack soupira, et marmonna un merci. Puis il fixa Kelly d'un air peu engageant jusqu'à ce que celui-ci parle.

"Je...j'enquête en ce moment sur un meurtre. Une jeune femme, gorge tranchée. Son fils a été retrouvé sur la scène du crime, les yeux bandés."

"Et son mari la trompait ?"

"Oui. Lorsque j'en ai parlé à Mina, elle m'a parlé de Madama Butterfly, et du courrier anonyme. Vous l'avez reçu il y a trois jours, n'est-ce pas ?"

Jack acquiesça. Il savait déjà ce que Kelly allait dire.

"Le meurtre a eu lieu le soir même."

Jack sourit.

"Donc vous pensez que la personne qui m'a envoyé ce CD me prévenait qu'elle allait commettre un meurtre ?"

"Eh bien...oui," hésita-t-il.

"Moi aussi."

Kelly eut l'air soulagé, et sourit pour la première fois depuis qu'il était entré. Jack fouilla parmi les piles de papier qui encombraient son bureau pour en trouver un dont il pouvait se passer. Au dos, il écrivit un numéro de téléphone.

"Apportez-moi une copie du dossier demain. Si vous avez un empêchement, appelez ici."

"J'ai...j'ai déjà le numéro."

"Pas celui-ci. C'est ma ligne directe."

"J-je ne crois pas que le sergent soit d'accord pour que je vous donne le dossier."

"Il n'est pas obligé de le savoir. Je n'ai pas l'intention de faire le travail de la police," dit-il. "Mais je veux bien vous donner un coup de main. Officieusement."

L'inspecteur avait l'air légèrement inquiet à cette idée, mais il acquiesça. Il fit quelques pas en direction de la porte, puis se retourna.

"C-ce n'est pas un simple meurtre, n'est-ce pas ? Je veux dire...la mise en scène, et le CD."

Jack secoua la tête. Kelly quitta le bureau, et Mina prit sa place.

"J'espère que vous n'avez pas l'intention de lui causer des ennuis."

Il leva les yeux et la fixa un instant, sans rien dire.

"Mais je suis heureuse de voir que vous recommencez enfin à travailler. Elle --"

"Merci, Mina," l'interrompit-il. "Vous pouvez prendre le reste de l'après-midi."

Elle le regarda d'un air inquiet, et vit ses longues oreilles frétiller impatiemment. Elle décida de ne pas discuter, et de marcher jusqu'au café du coin.

"Q-que fait-il ?"

Jack était assis à son bureau, coudes appuyés sur le bois brut. La tête entre les mains, il fixait le dossier posé devant lui, fermé. Depuis le bureau de Mina, ils l'observaient.

"Il essaye de se remettre au travail. Ça fait longtemps, tu comprends."

"Que s'est-il passé avant que vous ne quittiez New York, Mina ? Personne n'a jamais su pourquoi il avait disparu."

"Parce que quelqu'un s'est chargé de faire disparaître la moindre trace de cette affaire."

Elle marqua une longue pause, puis se tourna vers Kelly.

"Tout ce que je peux te dire, c'est que quelqu'un est mort. Mais ce n'est pas à moi de raconter cette histoire."

Depuis son bureau, Jack continua à faire comme s'il n'entendait pas leur conversation. Il ne put s'empêcher de repenser à elle : la dernière fois où ils avaient fait l'amour, le dernier baiser qu'ils avaient échangé, comment il l'avait laissée mourir. Il refréna une envie de pleurer, ou de frapper dans un mur, puis ouvrit le dossier devant lui. Peut-être qu'en se plongeant dans le travail, il n'y penserait plus.

Le dossier ne contenait guère plus d'informations que ce que Kelly lui en avait dit la veille. Akino Adams, née Tanchō. Vingt-et-un ans, femme au foyer. Robert Adams, chirurgien, était soi-disant à une conférence à Londres. Il avait été retrouvé à Belfast, en compagnie de sa maîtresse. L'hôtel avait confirmé leur alibi. Du reste, Akino voyait peu de monde. Sa famille vivait encore au Japon. Adams avait rencontré la jeune femme lors d'un voyage là-bas, et l'avait ramenée dans ses bagages. Un an plus tard, ils étaient mariés, et elle était enceinte. Elle avait alors arrêté les quelques cours de japonais qu'elle donnait ici et là pour devenir femme au foyer. Elle avait semblait-il peu d'amis, qui avaient tous été interrogés. L'une d'elle avait mentionné un mystérieux ami, ou amant, qu'Akino voyait depuis quelques temps. C'était la piste la plus sérieuse pour le moment.

Jack interrompit sa lecture et fit signe à Kelly d'approcher.

"Indices matériels ?"

"J-juste un couteau fait main, qui n'est donc d'aucune aide. Il n'y avait pas d'empreintes, ni de traces d'effraction. Les foulards appartenaient à la victime," puis voyant l'air confus de Jack, il précisa : "Celui qui a servi à bander les yeux de l'enfant, et celui qui se trouvait autour du cou de la victime. Oh, et l'enfant est trop jeune pour qu'on puisse l'interroger. Il n'a que deux ans."

Jack referma le dossier d'un coup sec.

"Je vous suggère de concentrer vos efforts sur l'ami inconnu – mais j'espère ne rien vous apprendre. En dehors de ça, je ne peux pas vous aider. Il n'y a pas assez d'éléments dans cette affaire. Malheureusement nous ne pouvons rien faire qu'attendre qu'il frappe à nouveau."

"Bien, monsieur."

Il fit mine de se mettre au garde à vous, puis il se rappela qui était face à lui. Il lui tendit alors la main, que Jack serra avec un demi-sourire. Avant de sortir, il embrassa Mina sur la joue.

"Je l'aime bien," nota Jack lorsque Mina lui apporta une tasse de café. Il était encore tôt. De l'avis de Jack, trop tôt même pour être éveillé. Il n'avait plus l'habitude.

"Du calme. Je ne sais même pas si je l'aime bien."

Jack sourit.

"Il est un peu timide à ton goût, c'est ça ? Ne le juge pas trop vite. Il me rappelle moi quand j'étais jeune."

"Et vous croyez que ça va jouer en sa faveur ? Vous savez, monsieur, je crois que c'est la première fois que vous vous intéressez à ma vie sentimentale. Je ne suis pas sûre d'aimer ça."

Acte II

Deux semaines après la première enveloppe, une autre arrivait, en tous points semblable à la première. Lorsqu'elle la vit, Mina s'empressa d'appeler Jack. Elle remonta ensuite l'escalier qui menait du bureau jusqu'au petit studio sous les combles où elle vivait. Kelly était en train de s'habiller. Il se retourna vers elle, et elle lui montra l'enveloppe.

Lorsque Jack arriva, essoufflé, il les trouva en train de prendre le petit-déjeuner.

"Déjà ici ?" lança-t-il à Kelly. "Vous devez courir plus vite que moi."

"Il n'a pas votre âge, et il ne fume pas, monsieur. Petit-déjeuner ?"

"Peut-être quand j'aurai repris mon souffle. Vous avez ouvert l'enveloppe ?"

Mina fit signe que non, et la lui tendit. Jack alla chercher le kit d'empreintes qui se trouvait dans le dernier tiroir de son bureau. Ils ne trouvèrent qu'un jeu d'empreintes sur l'enveloppe, là où Mina l'avait tenue. Jack déchira l'enveloppe, et fit tomber le CD sur le bureau. Ils cherchèrent à nouveau des empreintes, sur le boitier comme sur le CD, mais en vain. Puis ils jouèrent l'air d'opéra plusieurs fois, mais même Mina ne le reconnut pas.

"J'ai un ami disquaire dans le centre," dit-elle. "Il sera peut-être capable de l'identifier."

Kelly allait parler lorsqu'elle continua :

"Il vaut mieux que tu ne viennes pas, Charles."

Puis elle prit le CD, son sac et sa veste, et quitta le bureau avant qu'il ne puisse répondre. Après un long silence gêné, il proposa un café à Jack, qui hocha la tête. Visiblement, il n'était pas très enthousiaste à l'idée de rester seul en compagnie de Kelly. Il ne le connaissait pas suffisamment pour ça. Il se sentit obligé de faire la conversation.

"Vous n'allez pas prendre votre service ?"

"Je ne travaille pas aujourd'hui. D-dites, j-je peux vous poser une question ?" bégaya-t-il.

À nouveau, Jack fit un signe de la tête, sans dire un mot.

"Est-ce q-que Mina voit d'autres hommes ?"

Jack se tourna vers Kelly avec l'intention de rire, mais il vit l'air de chien battu qu'il arborait.

"Vous savez Kelly, je crois que vous devriez lui poser cette question directement. Elle n'a pas l'habitude de partager ce genre d'information avec moi. Vous êtes le premier homme dont elle me parle."

"Au début," Kelly sourit, "quand elle me parlait de son patron, j'étais jaloux, je me demandais si elle n'était pas amoureuse de vous. Mais ensuite, elle m'a dit votre nom, qui vous étiez vraiment, et là j'ai compris sa façon de parler."

"C'est une déclaration d'amour ?"

"Non, je crois juste que Mina vous admire autant que moi. C-c'est un peu gênant de l'avouer, m-mais c'est grâce à vous que je fais ce métier."

Jack sourit. Ce n'était pas la première fois qu'un policier ou un détective privé lui disait ce genre de chose, et il ne se lassait pas de l'entendre. Cela flattait son égo d'une façon spéciale. Comme si toute sa vie, ses choix, étaient soudain justifiés.

"J'avais t-treize ans lors de votre première grande affaire. Retrouver la fille du président des États-Unis, c'était sûr qu'on en entendrait parler aux quatre coins du monde. Et ça m'a semblé tellement important, tellement essentiel, que j'ai dit à ma mère : Maman, je sais ce que je veux faire quand je serai grand. Je veux trouver des gens. C'était la fin des années 90, et internet commençait à vraiment se développer. Alors pendant les années qui ont suivi, ça n'a pas été difficile de suivre toutes vos affaires. Van Gogh, le Chirurgien de Chicago, etc. V-vous étiez mon héros."

Il fit une pause, se rendant compte de ce qu'il venait de dire. Il regarda Jack d'un air gêné, mais celui-ci fixait l'intérieur de sa tasse de café.

"Alors je me suis appliqué à l'école, encore plus qu'avant. J'ai terminé le lycée avec un an d'avance. À l'université, j'ai étudié le droit et la criminologie. À vingt-et-un ans, j'obtenais mon diplôme et j'entrais dans la police. Et sept ans plus tard, me voilà détective. Ça ne fait pas six mois que j'ai commencé, et je n'ai aucune idée de c-comment je m'en sors. Mais j'aime ça."

Jack se redressa, et posa sa tasse de café sur le bureau de Mina. Il y avait à peine touché. Il regarda Kelly droit dans les yeux.

"J'ai lu le dossier de l'affaire Butterfly. Vous vous en sortez bien, croyez-moi."

Il se leva, et se dirigea vers son propre bureau. Il avait besoin d'un peu de calme et de solitude.

"Et encore une fois," lança-t-il, "vous êtes le seul homme dont elle m'ait jamais parlé."

Il ferma la porte derrière lui, et se plongea dans la lecture de vieux dossiers jusqu'à ce que Mina revienne, peu avant midi, les bras chargés.

"Il s'agit de la scène finale de Roméo et Juliette, de Gounod," dit-elle en déposant les sacs de nourriture à emporter sur son bureau.

"Combien y a-t-il de cimetières à Belfast ?" demanda Jack en prenant un hamburger.

Kelly se tourna vers l'ordinateur de Mina et pianota sur le clavier. Il prit un papier et nota quelques adresses.

"Il y en a une dizaine en tout autour de Belfast. Je vais p-parler au sergent pour envoyer des hommes les surveiller. Je vous tiendrai au courant."

Mina leva les yeux vers lui et le fixa avec insistance. Kelly acquiesça légèrement, puis il fit signe de la main à Jack et partit.

"Qu'est-ce que c'était ?"

"Pardon ?" demanda Mina d'une voix innocente.

Jack croisa les bras et la regarda sans sourciller. Elle savait qu'il pouvait rester des heures comme ça, à l'observer sans dire un mot, et elle abandonna vite.

"Très bien, très bien ! J'ai demandé à Charles de ne pas vous impliquer dans l'affaire, et il a accepté de ne faire de vous qu'une source anonyme."

Jack ne répondit pas. Il était en train de réfléchir.

"J'ai fait cela pour vous, vous savez. Pour que vous puissiez rester incognito un peu plus longtemps. Mais de toute évidence, quelqu'un sait que vous êtes ici. Alors il serait peut-être temps de s’inquiéter de qui cela pourrait être."

"De nombreuses personnes ont des raisons de m'en vouloir, Mina. Depuis la première enveloppe j'ai cherché dans mes anciennes affaires quelqu'un qui ne soit pas mort, ou qui soit sorti de prison. Et surtout, quelqu'un qui pourrait m'avoir retrouvé, et dont le style corresponde."

"Sans résultat ?"

Il secoua la tête, et prit une bouchée de son hamburger, déjà froid. Jack le jeta dans le sac en papier, et s'essuya la bouche avec une serviette. Il sortit son paquet de cigarettes de sa poche, et s'enferma dans son bureau.

"Merci," lui lança-t-il à travers la porte.

Kelly avait été forcé de faire une croix sur son jour de repos. Le sergent n'avait pas vraiment apprécié l'idée d'envoyer des hommes dans chacun des cimetières de la ville, ni le refus de Kelly de donner le nom de son mystérieux informateur. Il avait finalement accepté d'envoyer des hommes dans seulement cinq des cimetières de la ville. Pour les autres, Kelly devrait s'en charger lui même, ou, quand c'était possible, appeler pour qu'un employé du cimetière fasse un tour d'inspection.

Il hésitait à appeler Kuddles pour qu'il lui vienne en aide lorsque son téléphone sonna. Un jeune policier l'informa qu'une scène de crime avait été découverte dans un caveau au Belfast City Cemetery, qui avait donc été fermé. Kelly jura. Il ne s'attendait pas à ce que le crime ait déjà été commis. Il espérait pouvoir surveiller les cimetières, et prendre le tueur sur le fait. Il demanda au policier de rester sur les lieux jusqu'à ce qu'il arrive, et de le laisser appeler la police scientifique. Bien sûr, Kelly n'avait pas un grade supérieur au policier en uniforme, mais il avait découvert que s'il parlait vite, et avec suffisamment de conviction, souvent les uniformes allaient dans son sens. Et puis, c'était son affaire après tout.

Après avoir raccroché, il appela Kuddles et lui demanda de le rejoindre sur place. Kelly arriva au cimetière quelques minutes plus tard. Il inspecta la scène de crime rapidement avec le jeune policier qui l'avait appelé, puis il lui dit de retourner au poste, qu'il attendrait la police scientifique seul. Le policier eut l'air surpris, mais il obéit.

Jack arriva. Il trouva Kelly adossé au mur extérieur du caveau.

"Vous êtes seul ?" demanda-t-il.

"J'ai fait le vide, mais ça ne devrait pas durer. Si l'officier que j'ai renvoyé croise le sergent, cela devrait compliquer les choses."

"Vous prenez des risques."

"P-pour la bonne cause. Suivez moi, les corps sont à l'intérieur."

Ils descendirent les quelques marches éclairées seulement par la lumière du jour, et par une petite lucarne vers le toit. Sur le sol du caveau, entre les deux tombes, gisaient les corps d'un couple de genettes communes. La jeune femme avait été poignardée et reposait dans une flaque de sang qui commençait à sécher. Jack s'avança.

"C'est le même couteau, n'est-ce pas ?"

"Oui," répondit Kelly. "F-faites le tour et regardez de l'autre côté."

Jack contourna le corps, et se pencha en avant. Sur le manche du couteau, de la poudre faisait apparaître deux belles empreintes.

"C'est vous qui avez fait ça ?"

"Non. On dirait que notre tueur s'amuse avec nous. À v-votre avis, à qui appartiennent les empreintes ?"

"Probablement à l'autre victime. Ou si le tueur veut vraiment se moquer de nous, à la victime de l'affaire Butterfly."

Il se releva, et jeta un œil à l'autre victime. L'homme avait quelque chose dans la main. Jack fit signe de la tête à Kelly, qui sortit une paire de gant. Il ouvrit la main du cadavre, et une petite fiole vide roula sur le sol.

"L'empoisonnement, bien sûr."

Le téléphone portable de Kelly se mit à sonner. Il le sortit de sa poche et vit apparaître le nom du sergent sur l'écran. Il décrocha et indiqua la porte du caveau à Jack. Celui-ci fit un signe de la tête et sortit sans un mot. Il quitta le cimetière, et prit la direction du bureau. Trente minutes et deux cigarettes plus tard, il était arrivé. Il s'effondra dans son fauteuil, et se massa les tempes.

"Tout va bien, monsieur ?" l'interrogea Mina depuis l'encadrement de la porte.

"Non." Il ouvrit les yeux et la regarda. "J'ai bien peur d'être rouillé. C'est la première affaire sur laquelle je travaille depuis...depuis longtemps. Et je n'ai aucune idée de comment procéder. De toute évidence ce salaud me connaît, et il joue avec moi. Que suis-je censé faire, Mina ?"

Elle sourit, et alla s'asseoir sur le rebord de la fenêtre. Un instant, il crut revoir Elle, assise sur le rebord de la fenêtre de son appartement new-yorkais, et il oublia de respirer. Il fit pivoter sa chaise légèrement pour lui tourner le dos.

"Vous souvenez-vous de la toute première chose que vous m'ayez dite?"

Il réfléchit une seconde, puis secoua la tête.

"Vous m'avez dit : Peu importe qui il est pour vous. Il finira par faire une erreur, et à ce moment là je l'arrêterai."

"Tu m'as répondu : À la première erreur, tuez-le. Il n'en fera pas deux."

"Et comme d'habitude, vous ne m'avez pas écoutée."

Jack se tourna vers elle et lui fit un clin d'œil. Il ouvrit le premier tiroir de son bureau et entreprit de fouiller dedans.

"Ce n'est pas drôle si vous ne réagissez pas, monsieur. J'essayais de vous changer les idées."

"J'ai une meilleure idée," dit-il en sortant un jeu de cartes.

"Bonne idée, monsieur. Cela fait longtemps que je ne vous ai pas débarrassé de votre argent."

Cela faisait quatre jours que Roméo et Juliette avaient été trouvés. Kelly était dans une position délicate à cause de la façon dont il gérait l'enquête.

"Vous obtenez des informations mystérieuses sur le lieu du prochain crime sans vouloir révéler votre source," l'avait incendié le sergent, "vous disposez de mes officiers comme s'ils étaient sous vos ordres, vous oubliez de prévenir la police scientifique...à la prochaine plaisanterie de ce genre, vous allez avoir de sérieux ennuis, Kelly."

Mais il avait tout de même fait une copie du dossier, et l'avait donnée à Jack. Encore une fois, il n'y avait pas d'indices matériels, en dehors du couteau et des empreintes qui avaient été mises en évidence par le tueur, et dont les analyses étaient prioritaires.

"C'est j-justement pour ça que je vous appelle," expliqua Kelly. "Les empreintes n'appartiennent à aucune des victimes, mais nous avons un nom. Je voulais savoir s'il vous était familier."

"Allez-y," répondit Jack, impatient.

"Elizabeth Wallace."

À l'autre bout du fil, Kelly continuait à parler, mais Jack ne l'écoutait plus. C'était comme cette fois quand il avait dix ans où une brute lui avait mis un coup de poing dans l'estomac. Il avait eu le souffle coupé, et tout ce qui l'entourait était soudainement devenu surréel.

Puis Kelly fut auprès de lui, et Jack revint à la réalité. Il était assis sur le sol, dans un coin de la pièce.

"Qu'est-ce que vous faites là ?"

"J'ai entendu un bruit étrange au téléphone, puis la communication s'est coupée," dit Kelly en jetant un œil au combiné éclaté sur le sol. Il y avait une marque sur le mur là où l'appareil avait été lancé. Le reste de la pièce était jonché de dossiers et documents divers. Il aida Jack à se relever, puis commença à ramasser les feuilles à ses pieds. Sur l'une d'elle, il aperçut le nom d'Elizabeth Wallace. Il s'agissait d'un rapport de la police de New York. Avant qu'il ne puisse en lire davantage, Jack lui arracha la feuille des mains.

"Désolé," s'excusa Kelly. "Mais je dois savoir."

Jack ne répondit pas. Il tourna le dos à Kelly et s'affaira à remettre son bureau en ordre.

"C'est à cause d'elle que vous avez quitté New York, n'est-ce pas ?"

Jack fit le tour de son bureau et prit les deux verres et la bouteille de whisky qui trônaient sur un des rayons de la bibliothèque. Il servit deux verres, et en tendit un à Kelly.

"Non merci," répondit le policier en s'asseyant. "Je suis en service."

Jack haussa les épaules et vida le premier verre cul sec. Puis il prit une gorgée de l'autre verre.

"Ça fera un an cet hiver qu'elle est morte."

Le silence s'installa, et Kelly ne savait pas s'il devait présenter ses condoléances ou se taire. Finalement Jack reprit la parole.

"Je l'ai rencontrée lors d'une conférence. L'université de Columbia m'avait demandé de parler devant un groupe d'étudiants en criminologie. Elle n'était pas étudiante, elle était là pour le plaisir. À vrai dire, le professeur qui m'avait invité l'avait présentée comme sa petite amie. Alors quand elle est venue me voir à la fin de la conférence pour me donner son numéro, j'étais un peu gêné. Je n'ai pas appelé, mais j'ai souvent pensé à elle. Et puis un jour, je l'ai retrouvée qui m'attendait en bas de l'immeuble où se trouvait mon bureau. J'ai accepté d'aller boire un verre, et le verre s'est transformé en dîner, puis en une nuit. Par la suite je la voyais deux à trois fois par semaine. Je m'imaginais que ce n'était rien de sérieux, et qu'elle ne couchait avec moi qu'à cause de mon nom. Ça n'aurait pas été la première. Et puis il y a eu ces fois où nous passions du temps ensemble sans faire l'amour. Nous avons appris à nous connaître, et nous sommes tombés amoureux. Elle a finit par quitter son petit ami. On se voyait de plus en plus régulièrement, mais je refusais toujours de sortir en public, ou même qu'on vive ensemble. Elle m'en a voulu, et me l'a fait payer. Je cherchais juste à la protéger – d'autant plus qu'à cette époque, je travaillais sur une affaire de corruption dans le système judiciaire. Beaucoup de personnes importantes étaient impliquées, et j'étais conscient du danger potentiel. Tant qu'il s'agissait de moi, ce n'était pas grave. Mina avait refusé de prendre des vacances le temps de l'affaire – elle savait également quels étaient les risques, après tout, et j'avais besoin de ses contacts dans la police. Mais je refusais d'impliquer Elizabeth. Elle ne savait même pas sur quoi je travaillais."

Il fit une pause, et finit son verre de whisky. Il hésita à en prendre un troisième, mais l'image de son père l'en dissuada. Il reposa le verre vide sur le bureau, et fixa la porte. Il évitait toujours le regard de Kelly. C'était suffisamment difficile de raconter cette histoire sans y ajouter les larmes.

"J'avais l'habitude de l'appeler le soir, en utilisant un téléphone à carte prépayée – pour être sûr que nos conversations ne soient pas surveillées. Ce soir-là, je l'ai appelée, et c'est sa colocataire qui a décroché. Elle m'a dit qu'Elizabeth était sortie dîner avec un ami, et qu'elle avait oublié son portable. Peut-être exprès, a-t-elle rajouté, car elle m'en voulait, et c'était peut-être pour ça qu'elle avait accepté de sortir avec un juge. Lorsque j'ai entendu ces mots, tous les scénarios possibles et imaginables me sont passés par la tête. Mais je n'ai pas douté une seule seconde du lien avec mon enquête. J'ai demandé le nom du juge, et l'endroit où ils allaient dîner, mais elle ne savait rien. Je lui ai demandé de me rappeler quand Elizabeth rentrerait, peu importe l'heure. Puis j'appelai l'homme qui m'avait engagé, au bureau du procureur. Je lui expliquai la situation, et il s'excusa de ne rien pouvoir faire. Je lui donnai le nom du juge qui me semblait le plus dangereux, mais il refusa à nouveau, et me demanda de ne rien faire au risque de compromettre son enquête. Bien sûr, je ne l'ai pas écouté. J'ai appelé avec un faux nom et un faux prétexte. La femme du juge me répondit qu'il était couché, mais je sentis la tension dans sa voix. Je décidai un peu bêtement de me rendre sur place. En chemin, une voiture me doubla et me fit signe de m'arrêter. L'assistant du procureur m'avait suivi. Il me fit revenir à la raison – on ne savait pas si Elizabeth était réellement en danger, et quand bien même, on ne pouvait rien faire sans mandat. À contrecœur, je rentrai chez moi et attendis des nouvelles. Quarante-huit heures passèrent. La police entreprit des recherches. Je fus interrogé, et certains des policiers à qui je faisais face étaient ceux-là même sur qui j'enquêtais. Puis le lendemain, l'assistant du procureur m'appela pour me dire que le corps avait été retrouvé et que le légiste avait conclu à un accident. Il me dit également qu'il mettait un terme à mon enquête, soi-disant par manque de preuves et de moyens. Une semaine plus tard, Mina m'emmenait en vacances forcées à Hawaï. À la fin du mois, nous étions ici, juste à temps pour le nouvel an."

Kelly avait des questions, mais il hésita. Jack se tourna vers lui.

"La feuille que vous aviez dans les mains tout à l'heure est une copie du rapport du légiste. Aussi bidon que si je l'avais rédigé moi-même."

"Et les p-personnes sur qui vous enquêtiez ?"

"Toujours en poste, pour la plupart. Mais je n'imagine pas le tueur de l'opéra être l'un d'entre eux. Ce n'est pas dans leur intérêt de me pousser à bout. Au contraire. S'ils se sentaient menacés, ils m'auraient déjà fait tuer."

"Je dois quand même en informer le sergent," fit-il en se levant. "Je suis désolé, Jack, mais il est temps que je lui parle des lettres et de vous avant que la situation ne dégénère davantage."

Jack acquiesça. Il savait que tôt ou tard, il finirait par être mêlé à cette affaire de manière officielle. Après tout, il en était la clé, qu'il le veuille ou non – et peu importe qu'il sache de quelle façon.

"Vous serez p-probablement invité au poste, et il voudra jeter un œil à vos dossiers."

"S'il arrive à remettre de l'ordre dedans," plaisanta Jack en regardant l'état de son bureau, "je ne suis pas contre."

Kelly sourit, et ouvrit la porte qui menait au bureau de Mina.

Acte III

Jack fut le premier à voir l'enveloppe sur le sol, devant la porte d'entrée. Il fit le tour de son bureau, bouscula Kelly, et la ramassa. Il l'ouvrit, et récupéra le CD.

"Ce n'était pas là quand je suis arrivé," dit Kelly. "Attendez, où est Mina ?"

"Elle devait voir un ami. Elle devrait re-"

Il laissa sa phrase en suspend, et se tourna vers Kelly. L'expression du policier trahit ses pensées. Jack inséra le CD dans l'ordinateur, et le prélude du premier acte de Carmen se mit à jouer.

"J'ai vu une représentation de Carmen à Berlin, lorsque j'ai rencontré Mina."

"Savez-vous de quel ami il s'agit ?" puis ensemble, ils parvinrent à la même conclusion. "Le disquaire."

Pendant que Jack se précipitait sur l'ordinateur pour rechercher les magasins de disques du centre ville, Kelly se pencha pour ramasser l'enveloppe qui avait été jetée par terre. Une photo en tomba, et il l'attrapa au vol. Il la montra à Jack. On y voyait la porte d'un entrepôt et, au second plan, l'une des deux célèbres grues du chantier naval de Belfast. Jack ouvrit le premier tiroir du bureau de Mina et en retira un pistolet qu'il chargea et coinça entre son dos et la ceinture de son pantalon. Puis il alla chercher une deuxième arme dans son propre bureau.

"Ma voiture est en bas," dit Kelly. "J’appellerai des renforts en route."

Il était déjà près de vingt-deux heures, et ils ne furent pas gêné par la circulation. Sept minutes plus tard, la voiture était garée près du Titanic Belfast Building. Kelly appela le poste. Il indiqua sa position et demanda à ce que des renforts soient envoyés.

Ils descendirent la rue déserte, dépassant la première grue, et trouvèrent l'entrepôt de la photo. Ils se placèrent chacun d'un côté de la porte, leur arme au poing. Jack tendit la main, et actionna la poignée. La porte s'ouvrit en grinçant, et la lumière éclaira la rue. Ils attendirent un instant, puis se firent signe. D'un même geste, ils se tournèrent vers la porte, arme en avant, et entrèrent. Un coup de feu retentit avant qu'ils ne voient quoi que ce soit. Kelly se retrouva à terre, son arme glissant quelques mètres plus loin sur le béton. Jack leva les yeux, et pointa son arme sur l'homme qui se tenait debout sur la mezzanine. C'était un lézard entre deux âges. Il tenait un pistolet dans la main gauche.

"Pauvre Escamillo," dit-il avec un accent latino-américain. "Il n'aura pas eu le temps de revoir Carmen."

"Où est-elle ?" demanda Jack.

"Pour l'instant, en sécurité," fit-il en levant la main droite. Il tenait une petite télécommande. "Jusqu'à ce que j'appuie sur ce bouton. Va voir si le flic est mort, Kuddles."

Jack fit deux pas vers la gauche, sans tourner le dos au lézard. Il s'agenouilla entre lui et Kelly, et tendit le bras pour sentir son pouls. Il resta là sans bouger un instant, puis se releva.

"Je te ferai payer sa mort," promit Jack.

"Allons allons, n'oublie pas qui est en position de force. Tu sais, j'avais d'autres meurtres sous la main, d'autres victimes potentielles, qui collaient aux profils et aux opéras. Mais lorsque la petite garce allemande m'a appelé pour me voir, j'ai paniqué."

"Pourquoi l'opéra ?"

Le sourire de l'homme disparut.

"Tu ne sais même pas qui je suis, n'est-ce pas ?"

Jack ne répondit pas.

"C'est typique de toi, Kuddles ! Tu ne t'intéresses qu'à ta petite personne !" cria-t-il. "Il y a quelques mois je suis venu te voir pour que tu m'aides à retrouver mon fils. Je t'ai montré une photo de lui, mais tu l'as à peine regardée avant de me dire que tu ne pouvais rien faire pour moi. J'ai insisté, mais tu as dit que tu travaillais déjà sur une affaire, et tu m'as donné le nom d'un autre détective. J'ai été le voir, et il a accepté de m'aider, et il a pris tout mon argent, et il n'a pas retrouvé mon fils ! C'est moi qui l'ai retrouvé, mort ! Mort, est-ce que tu comprends ? Mon Emilio est mort à cause de toi ! Il allait devenir chanteur d'opéra, il allait me rendre fier, mais tu as refusé de le retrouver et il est mort ! À CAUSE DE TOI !"

"Quand était-ce ?" demanda Jack d'un ton calme. Ne gardant aucun souvenir de l'homme, il se doutait de la réponse.

"En décembre dernier. Juste quand ta petite amie est morte."

"Alors vous comprenez pourquoi je ne pouvais pas m'occuper de votre fils, n'est-ce pas ? Vous comprenez la douleur que j'ai pu ressentir."

"Si je comprends ? C'est toi qui aurais dû comprendre que tu avais une chance de sauver une vie. Mais tu sèmes la mort autour de toi, Kuddles. Tes parents, ta petite amie, le flic...tous morts par ta faute. Et bientôt, la petite garce sera morte aussi. Tu sais, ça n'a pas été facile d'obtenir toutes les informations sur toi. Mais finalement il a suffi que je rende les bons services aux bonnes personnes. Tu sais, Kuddles, je ne suis pas le seul à vouloir te faire souffrir. Ça a pris du temps et de l'argent, mais maintenant je vois que tout cela valait la peine."

Un coup de feu retentit, puis Jack tira à son tour. La première balle atteignit la main droite de l'homme, qui lâcha le détonateur. La seconde le toucha dans le thorax. Il bascula par dessus la rambarde, et tomba sur le sol. Une flaque de sang entoura sa tête, comme un halo.

"Tu en as mis, du temps !" s'exclama Jack.

"D-désolé," répondit Kelly, posant le pistolet qu'il avait pris dans le dos de Jack quelques minutes auparavant. "J'attendais le bon moment. Et je voulais connaître la fin de l'histoire."

Il sortit son portable de sa poche malgré la douleur causée par la balle dans son épaule gauche, et appela les secours. Pendant ce temps, Jack se dirigea vers la porte située sous la mezzanine, et l'ouvrit. Mina était attachée et bâillonnée, une petite bombe autour du cou. Il défit ses liens et son bâillon. Elle se frotta les poignets, puis arracha son collier d'explosifs.

"J'aurais préféré que tu attendes pour ça, Mina. Ça aurait pu t'exploser au visage."

Elle sourit, et se jeta dans ses bras. Il la serra un court instant, puis leurs regards se croisèrent. Ils s'embrassèrent une seconde, peut-être deux, puis se mirent à rire et s'accordèrent à dire que cela n'arriverait plus jamais.

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