Le rêve du mur
Edgar Fabar
Je déteste exister. J'exècre mes origines. Je voudrais que l'on m'abatte sur ce champ. Je souhaiterais disparaître de la terre où l'on m'a fait naître.
Chaque jour je contemple mes créateurs, aller et bénir, venir et maudire. Des pierres et des pieds me heurtent. Le bruit régulier des bottes. Sous la chaleur, se meurent les heures comme les lézards se marrent. Au fond, je pourrais fondre, me répandre mètre après mètre. Une flaque. N'être plus qu'un trou d'agonie, vidé de toute absurdité.
Souvent je regarde l'est et l'ouest.
Je pense être une ressemblance de plus entre ces hommes et ces femmes.
Lorsque la grisaille crache des larmes acides, je rêve d'être rongé, miette par miette, transformé en un petit caillou qui dansera sur le pied enfantin.
Les hommes sont venus cette nuit. J'ai encore grandi. Sur ma hauteur pèse désormais une horrible gravité. Mon corps est bitume, mon coeur amertume. Je suis les cendres d'un ciel azur. Le nuage renversé des peuples de la muraille.
Je déteste exister. J'exècre mes pierres. Je voudrais chuter sur le champ. Je supplie la mitraille : transperce mes entrailles. J'implore la lumière : commence la nuit.
triste mur mais joli poème en prose plein d'émotions heureusement qu'il y a les lézards qui se marrent pettis reptiles apportant une maigre joie! Pourtant un mur peut être plein de vie : en plus des lézards il peut y avoir des insectes, des plantes rupicoles, un ampélopsys ou des capucines qui le végétalise etc...
· Il y a presque 9 ans ·amphicyon
la tristesse est un mur difficile à abattre parfois...
· Il y a presque 9 ans ·Malheureusement des murs on va en reconstruire aux frontières !
Louve