Le Roi est mort, vive le Roi !
ahmed
Si vous faites partie de ceux qui suivent l’actualité (de nos jours un compte facebook suffira) vous avez forcément entendu, ou lu, quelque part la nouvelle. On vous l’a peut être annoncé dans un SMS criant de précipitation, ou alors vous l’avez entendu de la bouche d’un serveur de café, qui susurrait du bout des lèvres « Boutef est mort ou pas ?! ». Rassurons tout de même les amoureux de l’autocratie NON le président Bouteflika est bel et bien en vie ! Du moins si c’est ce que vous appelez être en vie…
Donc oui, notre président est mort pour la je ne sais combientième fois (j’ai perdu le compte après quatorze).
Cette ritournelle de l’info en Algérie est devenue une véritable habitude, il suffit d’un statut facebook ou d’un tweet et en moins de temps qu’il faut pour rouler sa chema on panique aux quatre coins du pays. Et ce petit manège dure depuis prêt de cinq ans, pour ceux qui l’auraient deviné cela concorde avec l’annonce (officiel ou pas, la n’est pas la question) du cancer de l’estomac dont souffrirait le président Abdelaziz Bouteflika. Et depuis on enchaine les annonces targuant le décès du président, sporadiquement et totalement aléatoirement, au point ou aujourd’hui un algérien serait nettement plus enclin à croire qu’une horde de koala armés de sabre laser aient envahi le Brésil que la mort de Bouteflika (Et ouais…).
Cependant une question se pose : D’où viennent ces rumeurs ?
Personne ne semble le savoir.
D’ailleurs il y a toujours des facteurs, direct ou indirect, qui influent sur la véracité de l’information. Cela peut aller d’une source elle même mal informé, à une affabulation pure et simple d’un pseudo journaliste soucieux de faire parler de lui. Mais ce n’est pas applicable ici. Qu’une fausse rumeur se déploie sur la toile une ou deux fois pourquoi pas ? On a tous entendu les potins sur la mort de telle ou telle personne. Mais que cette dernière se fasse tuer tous les mois, il y a de quoi se gratter la tête d’un air dubitatif (Et c’est exactement ce que j’ai fait avant d’écrire cette chronique).
Dans le cas de Bouteflika il y a beaucoup de causes à ce déluge de ragot pandémique. Le fait que le Président soit hospitalisé un jour sur deux joue en effet énormément. Il y a aussi ses multiples disparitions de l’écran durant des mois entier, ou encore la nouvelle politique de communication du gouvernement dite de la non-communication. Car si on peut reprocher aux journalistes d’aller un peut trop vite en besogne pour glaner le titre du scoop de l’année, on ne peut pas dire que les chargés de là com’ d’El-Mouradia soit très réactifs. A titre d’exemples depuis l’annonce (erronée) du décès du président aucun communiqué n’est venu démentir la nouvelle. Il aura fallu attendre quatre jours, le temps de revoir la tète boursouflé de notre président à la une des journaux nationaux pour que le pays entier soit enfin fixé.
En définitif si certains sont à blâmer, les autres ne sont pas en reste. En premier lieu l’Etat et son mutisme à la limite de l’arrogance, ou la presse algérienne qui prouve (pour certaines !) chaque jours un peu plus son incompétence. Une incompétence telle que j’ai proposé à l’APS d’ajouter la mention « LOL » ou encore « MDR » en conclusion de chacune de leur dépêches. Je n’ai reçu aucune réponse à ma requête pour l’instant.
Mais plus sérieusement il est temps de rappeler à l’ordre tout ce beau monde. Car si un jour notre bien aimé président (LOL) vient à passer l’arme à gauche personne ne risque de prendre la nouvelle au sérieux. Et ce jour la c’est tout un peuple qui risque de se retrouver dans la rubrique nécrologique…
S.Z.Benahmed.
En vérité le journal pour lequel je travaille a refusé de publier cette chronique par peur des répercussions... Mais bon si je dois finir dans une prison secrète ou au fond d'une cave à Alger autant que je sorte avec classe !
· Il y a environ 12 ans ·ahmed
Je ne connais pas bien la situation en Algérie mais je reconnais que cette chronique rend compte de l'atmosphère délétère qui y règne quand on discute avec les Algériens.
· Il y a environ 12 ans ·C'est un témoignage intéressant et courageux. Continue Ahmed.
jones