Le rouge te va si bien.

Christophe Hulé

Le rouge te va si bien, comme le sang de tes victimes, je suis de ceux-là.

Tu m'as fait croire qu'être quelqu'un est de se donner corps et âme, à l'autre.

Enfin à toi.

Jusqu'à oublier qui je suis, ce à quoi je croyais, tous ces trésors de l'enfance et de l'après.

Tout le monde n'est pas égal, sur l'enfance et l'après, n'en déplaise aux Constitutions gravées dans le marbre et dans le sang.

La passion ne vaut que si elle vous élève à jamais.

Les passions ne tiennent jamais ces promesses, elles vous épuisent, prennent fin bien malgré vous et vous laissent exsangue.

Toi, tu continues à être ce que tu as toujours été, tu n'as pas d'états d'âme, et penser le contraire ne sert à rien.

A quoi bon se rebeller ? Ce n'est pas une cause juste, il n'y a pas de cause.

Il faut se taire et poursuivre, ancré dans le réel, et ne plus succomber aux chimères.

Il faut bien continuer à vivre, enfin à faire semblant.

L'avantage des grandes désillusions est de s'habituer à tout.

De défaites en défaites, on reste debout.

Tu es quelque part, vous êtes quelque part, je fais comme si cela m'était égal.

Certains se disent qu'au Jugement Dernier il y aura récompense, comme la queue du Mickey des manèges de notre enfance.

Tu penses bien que je n'entrerai pas dans ce panneau.

Aujourd'hui je compte les décennies où je suis resté seul, ça fait beaucoup quand même.

Enfin je suis peinard, comme on dit quand on a tout perdu.

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