Le rut des crasses

edouardkdive

Nous avancions bottés casqués

gueules cassées

les murs criards promettaient

leur ration de chair fraîche

à nos ventres affamés.

Nous croisions les corps fardés

de pulpeuses poupées

le sexe offert à prix cassé

que nous laissions – seigneurs-

 aux laissés pour compte de la fornication .

Nous étions les combattants en lutte

 pour l’assouvissement de nos besoins impérieux

impériaux impératifs

promis par une société du con 

du cul de la toute puissance.

Nous tournions autour de la beauté diaphane

et inaccessible des vierges fragiles .

arrachions leur masque de vertu

et découvrions sous le caoutchouc blanc

les yeux avides et fiévreux

de femelles enflammées

ricanant de nos démarches raides

et de cette absence de sex-appeal

qui nous caractérisait si justement.

A nos corps empêtrés

elles préféraient les corps nerveux

et abrupts des mâles en rut

qu’elles chevauchaient fièrement

signifiant métaphoriquement leur position dominante

dans la grande hiérarchie sexuelle.

A  chacun selon ses besoins

hurlions-nous sous la lune

à chacun selon ses moyens

de séduction  gémissaient-elles

d’une voix rauque sous les coups de boutoir

de leurs partenaires éphémères.

Nous fracassions nos organes inutiles

sur le bitume de la rue noire

et remettions nos masques

sales de larves humaines

partions à la recherche

de nos âmes sœurs

 frigides à la santé fragile

jouant la vieille rengaine écœurante

de l’accord des cœurs et crachions de concert

sur l’explosion de la frustration

conséquence de la concurrence généralisée

en matière de concupiscence

sur la mise en coupe réglée

de la sécurité orgasmique

due à la mise en place de la copulation libérale.

Nos membres turgescents brandis

bras d’honneur lancés à la face

de la grotesque mascarade

de la libération sexuelle.

Nous étions enfin.

Nous.

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