Le Sang appelle le Sang
Christian
Gianelli, l'index en marionnette avec le pansement de sa directrice de com, fulmine.
La vision de Vladimir Kovaskof sur la photo, présentée par le policier Français, l'enrage. Comment a-t-il pu accorder autant de confiance à ce sinistre individu, il s'est fait rouler dans la farine, rumine-t-il en tournant comme un lion en cage dans son bureau.
Soudain, une idée vient de lui traverser l'esprit, un sourire se dessine sur son visage.
Dans la foulée il attrape le smartphone posé sur son bureau de verre et d'acier.
La communication sécurisée s'établie, selon le protocole mis en place par Kovaskof lui-même, personne ne peut intercepter leur ligne ni avoir accès à un quelconque historique d'appel, au cas leurs smartphones tomberaient entre des mains curieuses.
— Mon cher Vladimir, comment allez-vous, bien rentré depuis notre dernière affaire ?
— Bonjour Giovani, mais vous ne m'appelez pas pour vous inquiéter de ma santé !
— Effectivement ! Mais vous manquez sérieusement de sens social, mon cher Vladimir.
— Venez en au fait, mais je vous préviens si c'est pour retourner en France ne comptez pas sur moi.
— Qui vous parle de France, Vladimir ! Je vous invite en Italie, j'ai besoin de vos talents de chasseur.
— Si c'est de la bête humaine, je refuse catégoriquement.
— Vous faites une fixation Vladimir !
— Avec vous il faut s'attendre à tout !
— Je vous invite à une chasse au Loup dans les Abruses
— Vous avez des chasseurs en Italie, ils peuvent faire l'affaire non ?
— Non, j'ai besoin de faire une expérimentation génétique sur des animaux sauvages, il n'y a pas besoin que je vous fasse un dessin, c'est interdit. Vous avez fait montre d'une grande maîtrise en récupérant les sangliers. Je veux des Loups vivants.
— Vous payez combien ?
— Votre prix sera le mien, je ne peux pas mieux vous dire ?
— Quand organisez-vous cette petite sortie ?
— Rapidement, dans une semaine ! Prévoyez d'être ici avec du matériel pour capturer des loups et un véhicule avec remorque.
— Puisque vous payez, il y aura le matériel !
Gianelli n'a pas négocié le prix, d'expérience cela lui semble étrange, mais la dernière affaire avec Gianelli lui a coûté très cher, il voit là une bonne occasion de se refaire.
Giovani n'a qu'une idée en tête après avoir vu la photo apportée par l'inspecteur Français, couper la seule piste conduisant à lui.
Il se sent en pleine forme, son plan prend forme, il lui reste à se renseigner précisément sur la région d'où proviennent les sangliers.
Coiffant de ses doigts sa belle tignasse brune, devant l'immense miroir vénitien de son bureau, il se découvre un sourire visiblement carnassier. Il lui semble que ses canines se sont légèrement développées, ce n'est pas pour lui déplaire.
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Giovani a fixé rendez-vous à Kovaskof directement à sa propriété dans la campagne Milanaise, il a donné congé au personnel chargé de la garde des sangliers giganticus.
Comme prévu Vladimir arrive à la propriété au volant d'un 4X4 Land Rover èquipé d'une grosse remorque. Il gare l'attelage dans la cour de la maison de maître.
— Bonjour, Vladimir toujours aussi ponctuel à ce que je vois.
— Je ne rate jamais mes rendez-vous , la ponctualité est garante du succès, c'est ainsi que j'ai été formé dans l'armée Russe, mais quel est votre programme au juste ?
— Nous avons besoin d'un appât pour les Loups. Vous vous souvenez des bêtes que vous m'avez livré, nous allons en utiliser une pour attirer les loups.
Nous devons les charger rapidement pour arriver au parc naturel des Abruses ce soir
— D'après le peu que je sais de vos animaux, ce sont plus les loups qui ont à craindre d'eux, vous ne trouvez pas ?
— Peut-être mais ils ne le savent pas, répond Giovani en se tournant avec un grand sourire vers le Russe. Mes bêtes sont dans une écurie derrière la maison suivez-moi.
Vladimir s'exécute tout en étant relativement perturbé, cette fois ci il n'a pas le contrôle total des opérations comme à son habitude.
— Approchez, mettez-vous en marche arrière pour positionner la remorque face au boxe le plus à droite.
Prétexant une série d'analyse , Gianelli a donné l'ordre aux soigneurs des Giganticus de cesser de les nourrir depuis trois jours. En s'approchant du boxe il peut sentir les nasaux de la bête frémir à l'approche de qu'il prend pour une nourriture.
Gianelli, tout en guidant la voiture du Russe, glisse sous la bâche de la remorque un morceau de viande sanguinolent. Vladimir descend de la voiture
— Vous voulez que je m'occupe de faire monter la bête dans la remorque.
— Non non ! Ouvrez la rampe de la remorque, nous ne serons pas trop de deux ensuite pour refermer la remorque.
Vladimir s'affaire à dégoupiller la rampe, tout en la retenant pour la poser au sol.
La manoeuvre effectuée il se retourne et hurle sans rien ne pouvoir tenter face au monstrueux sanglier géant se ruant sur lui. Il est percuté en pleine poitrine, embroché par les défenses du monstre sanguinaire, il l'entraine au fond la remorque pour le dévorer vivant.
Gianelli avec une force décuplée par le spectacle se précipite et relève la rampe dans un seul mouvement pour clôturer la remorque. Il doit faire vite, il ne faut pas que Kovaskof soit entièrement défiguré par son sanglier.
Dans l'action il débâche la remorque grimpe et décoche une décharge de taser sur le sanglier pour le stopper dans sa fureur et arme immédiatement un fusil hypodermique équipé d'une dose pour endormir un rhinocéros.
La bête s'affaisse sur le côté de la remorque, il était plus que temps, le Russe est quasiment démembré, mais la tête reste intacte crispée dans un rictus d'effroi.
Giovani est satisfait ! Son sanglier , sa réserve d'organes, est vivant, il va le faire glisser dans son box avec la bascule électrique de la remorque, il ne peut que saluer l'esprit pratique du Russe. Il lui reste à remettre le corps décharné de Vladimir Kovaskof dans la remorque.
Il doit lutter contre le désir qui le tenaille, à la vue et l'odeur du sang, de finir le repas commencé par le monstre, mais il doit prendre la direction du Luberon pour y être à la nuit. Il enfouit le corps sous des bâches vertes et jette des bottes de pailles dessus pour dissimuler le tout.