Le soleil « Dort et déjà »

Christophe Peroua

Poésie engagée

Le soleil « dort et déjà », la lune se glisse dans ses draps. Elle est sur un petit nuage dès qu'elle est dans ses bras. La scène se passe dans le ciel au septième étage, ça va de soi. Ils dorment à « La Belle Etoile », un petit hôtel très « sympa » à quelques années-lumière d'une contrée appelée la Terre où les gens qui vivent là, ont tendance à être terre à terre. L'histoire que je vous raconte là, c'est celle du soleil et de la lune de Federico Garcia Lorca. Une lune qui brille dans le ciel comme autrefois et qui parfois s'éclipse quand elle voit ce que les gens font ici bas. Lorsqu'il pleut, cela ne l'étonne pas, elle sait que ce sont les larmes de tous ceux qui sont montés un jour au ciel et qui craignent la folie meurtrière des petits hommes de la terre.                  

 

Le soleil « dort et déjà », la lune se glisse dans ses draps. Je ne saurais pas dire son âge car les années ne se devinent pas. C'est à croire que dans le ciel, ceux qui vivent là ne vieillissent pas. Il faut dire que lorsque l'on a la tête dans les étoiles, le monde semble plus « sympa » et c'est bon pour le moral. C'est un peu mon cas, je rêvasse bien souvent pour m'échapper d'une vie qui parfois ne me satisfait pas. Comme je m'ennuyais ici bas, j'ai décidé un soir de m'évader. La tête dans les nuages, je n'étais par trop loin du ciel et j'ai donc décidé d'aller y prendre un verre. Il y avait là un petit bistrot qui se nommait : Les brèves de comptoir. Me croirez-vous si je vous dis que j'ai même rencontré Prévert ? C'est curieux, il ne change pas. Cela se voit qu'il s'est  mis aux « vers ». Lorca, aussi, était là, habillé comme un gitan, récitant des poèmes d'amour dédiés à la lune. Il semblait en connaître un rayon, mais la lune était quelques étages plus haut dans les bras du soleil qui s'était couché. C'est beau un couché de soleil. J'ai surpris Prévert en train de pleurer.

 

L'histoire que je vous raconte là, c'est celle du soleil et de la lune et d'un bonheur qui ne s'explique pas. Seule l'émotion serait capable de nous dire le pourquoi de ces choses là mais elle est trop pudique pour se raconter. Et puis une émotion, il faut la prendre comme ça, comme elle vient, un peu comme la lune quand elle se blottit tout contre le soleil. Le soleil « dort et déjà » toutes les bonnes âmes qui sont au ciel se sont retrouvées autour d'un « vers ». Accoudé sur le comptoir j'ai écouté une femme avec la « voix lactée » et dont la douceur s'apparentait au miel. Là-haut, les stars, ça n'existent pas, seules les étoiles ont droit de cité. La nuit était belle, la lune avait quitté son quartier pour rejoindre son amant, la vie était un poème et à nouveau je respirais un bonheur que je venais de retrouver.

 

Le soleil « dort et déjà », la lune se glisse dans ses draps et je viens de redescendre sur terre où des petits hommes très terre à terre se font la guerre et je n'aime guère ces manières. Demain, j'irai, avec mes rêves dans un monde à l'envers. Je crois avoir trouvé l'endroit. Je pressens, dors et déjà que cela va me plaire.

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