Le sommeil et l'attente.

Christophe Hulé

Le sommeil et ses mille petites meurtrissures occidentales

De nos corps tronqués, truqués

Un trou béant dans l'ennui avec une grosse cuillère de bois

En forme de coupole renversée

En forme de dent creuse douloureuse

Qui nous écrase, qui nous plaque au lit.


L'attente, les joues se creusent à force d'ennui,

Le désespoir emplit l'espace et grossit.

S'arc-bouter sur des piliers qui s'effritent

Pierre après pierre, vaille que vaille,

Attaquées de toute part, burinées, amoindries,

Et ces flèches inachevées, presque obliques,

Qui menacent de s'effondrer.

Les démolisseurs, au rictus effroyable,

Ressemblent à s'y méprendre aux anges.

La Pitié les regarde et pleure à chaudes larmes.

Les cris étouffés seront coulés dans le béton.

Le couvre-feu s'étend à tous les terrains vagues.

Des tubes, des grilles, des parpaings,

Tout sera recouvert.


Le vieil arbre ne peut plus voir

Les jeunes pousses en bas.

Et dans le ciel, même s ‘il veut y croire,

Il ne voit rien.

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