Le Sortilège de la Chimère - Chapitre 2 : Douce Lady

Lynn Rénier

Après s'être enfermée dans sa chambre, et sous la surveillance de Mona gardant la porte comme un bon petit soldat, la jeune princesse passa le reste de la journée à pleurer à chaude larmes au milieu de ses draps. Pourquoi son père ne cherchait-il pas à la comprendre, à comprendre ce qu'elle voulait vraiment ? Bien qu'il fut roi, il savait écouter ses sujet, et ce avec beaucoup d'attention. Mais, pourquoi ne savait-il pas l'écouter elle ? Depuis que sa mère, le Reine Jayane, était décédée, il n'existait plus d'entente entre le père et la fille. Au plus grand damne de la souveraine disparue, certainement…

Ariel pestait après le Roi. Il n'avait donc d'yeux que pour EdenGol'd et son assemblée de ministres tous plus pompeux et ennuyeux les uns que les autres ?! Elle ne parvenait pas à croire que le souverain ne tenait pas compte de ses choix et de ses désirs pour son avenir. Après tout, il s'agissait de l'avenir de sa propre fille ! Y était-il si insensible ?! Elle comprenait un peu l'intérêt que pouvait avoir ce mariage. Néanmoins, il s'agissait de SON mariage. Et elle avait son mot à dire.

 

Le jour se faisait nuit quand elle choisit de reprendre contenance. Ariel sécha ses larmes, tentant de calmer sa colère et sa frustration. Elle ne devait pas se laisser gagner par ce sentiment envers son père. Il lui fallait le contenir. C'était le Roi d'Edengol'd, certes. Mais il était avant tout son père. Il pensait bien faire, pour le peuple, pour le royaume.

— Mais pas pour moi, souffla-t-elle, navrée.

Elle se redressa dans son lit, pour observer sa chambre.

C'était une vaste pièce. Le lit à baldaquins, immense, siégeait au centre. Une coiffeuse sculptée lui faisait face, garnie de tout ce dont une noble demoiselle pouvait avoir besoin afin de se faire belle. Une large commode soulignait la fenêtre, depuis laquelle Ariel avait vu sur la cours d'honneur du château. Voilà un moment qu'elle ne comptait plus les robes et les jupons qu'il y avait dans les tiroirs. De même pour le coffret qui était posé dessus, et qui renfermait toutes les parures qu'elle possédait de sa mère et les bijoux que son père lui avait offerts en cadeau. Mona lui chantait souvent les louanges de tout ce qu'on lui offrait, que son père adorait la gâter de présents plus somptueux les uns que les autres.

— Tout cela est bien beau, mais ça ne change rien au fait que je ne peux pas choisir mon époux, maugréa la jeune fille. Et ce ne sont pas les superbes cadeaux de mon père qui me feront oublier cela.

Sa mine boudeuse scrutait la pièce, et tout ce qu'elle contenait. Un peu comme si elle jugeait ce qu'elle avait.

À ses côtés, au pied du lit, une petite chienne leva la tête pour la regarder. Ses oreilles tombantes, au poil bouclé, lui donnait un air très soigné et un peu princier. Le pelage blanc et brun, une attendrissante bouille de chiot et de grands yeux noirs. Elle lui avait été offerte par sa mère pour son dixième anniversaire. Une compagne élégante, douce, sage et attentive. Elle ne quittait jamais Ariel d'une semelle lorsque la jeune fille se trouvait dans l'enceinte du château. Au fil des ans, elle était également devenue sa silencieuse confidente.

— Qu'en penses-tu, Lady ?

Le Cavalier King Charles la regarda, comme si il comprenait de quoi lui parlait sa maîtresse.

— Je sais, c'est complètement fou. Mais je ne peux pas accepter cette situation sans rien dire, sans rien faire.

Lady vint se mucher dans les bras de la jeune fille.

— Peut-être devrais-je patienter un peu, et voir ce que mon père a décidé. Sans doute a-t-il fait un bon choix. Tu as raison.

Sa petite compagne lui jeta un regard amusé : elle n'avait rien dit. Ariel était lancée dans un monologue au cours duquel elle répondait seule à ses interrogations. Et c'était toujours ainsi lorsqu'elle réfléchissait à voix haute en compagnie de Lady. La petite chienne avait l'habitude d'écouter sa maîtresse divaguer au fil de ses pensées.

— Laissons passer la journée de demain. Et nous verrons bien. Qu'en dis-tu, Lady ?

La petite chienne jappa, comme une approbation.

— Faisons comme ainsi, alors. Je dois bien cela à mon père. Après tout, tout Roi qu'il soit, il reste mon père.

Lady lui lécha la joue de sa langue rosée, ce qui fit rire la jeune princesse.

— Merci d'être là, Lady.

La jeune fille serra le petit animal dans ses bras, y trouvant réconfort et soutient.

Par la fenêtre, il faisait déjà nuit. Mais Ariel ne s'en était même pas rendu compte. Les chouettes hululaient en chassant les petits rongeurs nocturnes, et les grenouilles chantaient en chœur dans les douves. Tout en caressant son adorable compagne, la jeune princesse avait retrouvé le sourire. Et, doucement bercée par la respiration sereine de Lady et sa chaleur réconfortante, elle finit par s'endormir.


© Lynn RÉNIER
  • Un Cavalier King Charles, c'est un cocker qui a mal tourné :)
    Lu votre texte et apprécié, merci.
    Faudra confirmer avec la suite. Bonne chance.

    · Il y a environ 4 ans ·
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    Mario Pippo

  • J'ai eu un cavalier King Charles. Une petite bête adorable avec nous, même s'il n'aimait pas la compagnie d'autres chiens Il était blanc, noir et feu.
    Un joli début d'histoire !

    · Il y a environ 4 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Merci beaucoup, c'est encourageant pour écrire la suite.
      Je n'ai pas eu l'honneur d'avoir la compagnie d'un Cavalier King Charles mais à leur bouille, on voit tout de suite que ce sont des chiens adorables. Et je me suis dis que ça ferait un compagnon idéal pour ma jeune héroïne.

      · Il y a environ 4 ans ·
      Caf%c3%a9

      Lynn Rénier

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