Le souffle

plume-aiguisee

« Le plus difficile dans la maternité, c’est cette inquiétude intérieure que l’on ne doit pas montrer. » Audrey Hepburn

Un numéro inconnu... en début d'après-midi... s'affiche sur mon portable... décrochera? Décrochera pas? La question se pose d'autant plus que la situation professionnelle est tendue et la pause déjeuner terminée depuis 64 secondes déjà ...

Il ne sonne pas, il affiche juste. Rouge ou vert? Quelle direction prendra mon pouce? La raison se dirige là où elle doit, mais ce petit picotement qui fait s' hérisser le vestige du duvet de bébé capillaire post-partum fait basculer l'engin qui vient planter son rond vert sous mon pouce...

Une décharge électrique me parcoure l'échine à peine le 2ème mot prononcé... « Allô, Maman Maya? »... et c'est l'Atsem qui décline son identité. Et qui précise qu'elle t'appelle avec son portable perso... Elle y met des rondeurs, Sabine, et toute la douceur que je lui connais depuis la rentrée scolaire de Maya. Mais sa propre inquiétude transperce telle une flèche la cible de mon cœur dans le mil. Ma fille ne va pas bien.

Elle se veut rassurante, Sabine, mais reste dans le silence juste un peu trop longtemps quand tu lui dis que tu vas faire au mieux pour être là dans 1 heure... cette seconde d'éternité qui se colle à ton cœur et qui frappe de plein fouet ton cerveau de mère. Une heure, c'est trop long. Et mon sang, lui ne fait qu'un tour...

Appeler Papa. Le dépêcher d'aller là-bas. Appeler le pédiatre. N'en avoir rien à faire des élucubrations de son patron, Rappeler Papa et lui dire de rejoindre notre Pédiatre aux urgences.

Les souvenirs du 28 février dernier remontent au bord des yeux. Chaque enfant a son cœur au creux de la poitrine de sa mère. Le fil était vert. L'enfant moins de 12 mois. Et mon cœur de mère brisé.

Aujourd'hui l'enfant dépasse le triple de mois. La respiration entrecoupée trop souvent par des aboiements bien trop profonds pour un si petit chat. Mon cœur de mère est en lambeaux. Mais Maya rentre à la maison. Le fil sera blanc...

8 jours ... 16 séances... 32 minutes pour comprendre ses craintes et arriver à passer le petit fil blanc autour de son petit crâne pour tenir le masque qu'elle imagine torture. 48 idées ont germé dans nos caboches parentales pour ne pas lui transmettre notre peur de l'hospitalisation.

Au bout du compte et après s'être coupé les cheveux en 4, ma fille accepte son soin. Mes yeux rivés sur ce fil blanc qui lui coupe la joue, je sens rouler sur les miennes ce qu'il me reste de courage. Et je l'écrase du bout des doigts pour ne pas qu'elle le voit.

  • Qui n'a pas connu cette angoisse ?
    A 16 mois, au réveil, ma fille avait les paupières gonflées et toutes collées. Affolement, vite chez le spécialiste, je la voyais déjà aveugle. Soulagement, ce n'était que de la conjonctivite, à soigner bien sûr !

    · Il y a plus de 4 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Celui qui a dit "petits enfants, petits problèmes" n'avait probablement pas d'enfants ;-) Cette épisode faisait écho à ce lui de mon fils, retranscrit ici aussi dans "le fil"... Vous avez dû avoir la peur de votre vie en voyant votre enfant la paupière en tel état. Heureusement, le soulagement a été rapide j'espère :-)

      · Il y a plus de 4 ans ·
      Envol tribal

      plume-aiguisee

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