Le souffle de la lumière

judy-may

-Rattrapez-là ! Il faut capturer cette femme !

-Même pas en rêve, bouffon ! »

Gumi courut au gré du vent, les lumières braquées sur elle, tout le monde la regardait, la poursuivait. Elle pouvait presque sentir la haine des autres à travers leurs regards.Mais elle courait toujours, droit devant elle, en riant. Se retournant et lançant d'un geste brusque une grenade fumigène au sol, la voleuse s’enfuie dans un nuage de fumée, comme dissipée par le vent.

La nuit tombait et la jeune femme commençait tout juste à s'amuser. Ses longues jambes filaient dans la plaine. Elle avait fuit tout ses poursuivants pour les semer dans la campagne. Gumi regardait derrière elle, personne. Ce n'était plus si amusant si elle jouait seule.

Elle hurla. Rien de particulier, juste un cri. Ce qu'elle vivait se rapprochait sûrement un peu du bonheur bien que certain disent qu'elle ne le connaîtra jamais, à courir ainsi. Elle n'était pas étrange, elle n'était pas idiote. C'était juste sa façon de vivre sa vie, d'exploiter le temps qu'on lui offrait.

Elle s’assit un peu dans l'herbe, juste le temps de reprendre son souffle. La jeune fille ne portait pas grand chose en cet hiver glaciale, juste une veste de lin, mais elle vivait bien comme ça. Quelques vêtements, des objets sans importance. Surtout pas d’attaches, libre comme le vent, c'était sa devise: Une montre cassée pour lui rappeler qu'elle devait profiter de chaque instants, des feuilles de papier, un briquet afin de trouver un peu de confort dans le froid de la nuit, quelques grenades et un poignard doré. Ce poignard même qu'elle avait volé quelques heures plus tôt. Gumi n'avait jamais voler pour l'argent, encore moins pour la gloire. Mais seulement pour l'excitation de la fuite, vivre au jour le jour, avoir un but, même très superficielle. Elle regarda un instant le ciel, les étoiles au dessus de sa tête. Gumi voulait que sa vie reste ainsi pour toujours, rester au gré du vent, courir dans les champs... Et pourquoi pas ?

Presque malgré elle, Gumi finit par se lever. Elle ne s'était assise que quelques minutes, mais la fraîcheur de la nuit naissante avait engourdit ses membres endoloris par l'effort. Elle ne pouvait pas rester trop longtemps à la même place, surtout pas d’attaches. La jeune femme saisit une feuille de papier et d'un geste habiles, fit un simple pliage, un avion en papier. Son symbole, sa signature, l'avion en papier qui vole au gré du vent. Et puis elle s'en allât, une nouvelle fois, ne laissant derrière elle que cette subtile métaphore.

Le noir de la nuit commençait doucement à disparaître à l'horizon. Le vent ne soufflait plus, Gumi est immobilisée tandis qu'une douce musique enveloppait ses sens. Encore essoufflée de sa course nocturne, debout face à l'horizon et au soleil naissant, elle contempla le ciel que les rayons écarlates commençaient à consumer. Peut-être que c'est pour ce genre de spectacle qu'elle est sur terre, pour voir ce ciel flamboyant. Un sentiment de mélancolie s'empara de son cœur. Gumi n'avait pas de souvenirs d'avoir vécu autrement, elle ne se rappelait pas d'avoir eu une quelconque enfance. C'est ainsi et puis c'est tout, elle n'a jamais souhaité être comme les autres et avoir une histoire, tout ce qui lui importe est de vivre.

« Joli spectacle, n'est-ce pas ? » Alors que les rayons de feu commençaient à caresser sa peau, Gumi entendit une voix qu'elle n'aimait guère. Elle se retourna, et portant une main à sa taille, elle interrogea l'homme face à elle, tout en essayant de dissimuler ses tremblements :  « Je peut savoir ce que tu me veut ?

-Toujours la même chose, Windy, t'emmener avec moi, te ramener parmi les tiens...

-Et la réponse est toujours la même... Soupira la jeune femme. Je n'irais pas au-dessus des nuages, et je ne m'appelle pas comme ça.

-Je m'en doute, mais c'est là-bas qu'est ta place, tu le sais aussi bien que moi, Windy. »

Gumi détailla l'homme face à elle du regard. Il n'avait pas changé, ces mêmes yeux arrogants, son costume blanc extravagant, ses cheveux noirs coiffés à la va-vite, ce même halo de lumière autour de lui... Il ne changera jamais.

« Je ne te suivrais pas, Ryu, ma place est ici, et je ne veux pas partir.

-Mais tu n'auras pas le choix, ma belle, tu ne peut continuer à vivre au gré des vents comme ça. Que ferait-tu s'il s’arrêtait de souffler ? Lui répondit-il. Que feras-tu, Windy? Que feras-tu ? Il commençait sérieusement à agacer la jeune fille.

-Je ne dépend de personne, Ryu. Et surtout pas de toi.. Je ne t'appartiens pas. Conclut-elle. Le vent s'était remis à souffler. Ne reviens plus, je ne te suivrai jamais. »

Le vent soufflait de plus en plus fort. Gumi se redressa et prit son élan. Alors que l'astre commençait à se détacher de l'horizon, elle se mit à courir, elle s'élança à travers la plaine. Le vent qui courbait les arbres, c'était le même qui la poussait à aller plus loin.

Le chant familier des sirènes retenti aux oreilles de Gumi, mais aucun dispositif de sécurité, quel qu'il soit, ne pourrait l'arrêter. Elle avait fait de son mieux pour être discrète cette fois, elle n'a cambriolé qu'une petite exposition d'arts modernes dans un village de montagne. Et puis, l'air frais des reliefs lui faisait envie. Elle avait pris soin de ne pas prendre un trop gros tableau pour ne pas s'encombrer, mais sa réputation l'avait précédée et tout les petits objets précieux sont désormais interdit à l'exposition. La battisse était construite à même le flanc de la montagne, lui permettant de s'enfuir par les cieux rapidement. De plus, ce soir, le vent était avec elle, de fortes rafales battait contre le visage de la jeune femme. Le tableau accroché à son dos, elle saisit la roche glaciale de pleine main et commença son ascension, la garde n'allait pas tarder à débarquer, et elle s'était fortement renforcée depuis quelques mois.

Le vent soufflait exactement là où le souhaitait Gumi, lui facilitant la tache. Elle n'avait presque pas d'effort à faire pour atteindre les cieux. La jeune femme progressait rapidement tandis qu'elle sentait derrière elle la chaleur du soleil levant. Bientôt, elle aura atteint le firmament. Elle ne s'était jamais sentie aussi libre, dans le ciel, par-dessus les nuages, à courir sur le flanc de la montagne, au gré du vent, une nouvelle fois. Elle fredonnait des airs que lui soufflait zéphyr en ricanant. Personne ne pourrait jamais l'arrêter, elle était libre et sans attaches. Le blizzard glacial lui soufflait la direction à prendre, elle était la meilleure, la plus rapide, personne ne pourrait jamais la rattraper. La jeune fille se risquait de temps à autre un regard vers le bas, mais personne ne la suivait, et personne ne le pourrait. Elle n'avait pas le vertige et sautait maintenant de pierres en pierres, de roches en roches, voltigeant dans les airs, aspirant à un fou sentiment de liberté qui lui emplissait le cœur. Gumi montait, volait presque, à une vitesse folle et à des hauteurs vertigineuses.

Soudain, le pied de la frêle jeune fille glissa. Elle ferma les yeux dés qu'elle s'en rendit compte. Gumi imaginait son corps tomber pour se briser sur les rochers en contre-bas, mais, le vent soufflait ?

Gumi rouvrit ses yeux, pour voir son corps non pas se briser, mais continuer de monter, poussée par le vent. Non, décidément, rien ne pourrait l'arrêter. Son impression de liberté s'envola d'un coup, ne laissant qu'un profond mal-être. La jeune fille rattrapa précipitamment la paroi rocheuse et se remit à gravir, essayant d'oublier ce qui venait de ce passer, mais on oublie pas quelque chose d'aussi important de cette façon. On ne peut oublier une intervention de son élément.

Gumi avait atteint le sommet de la montagne en un rien de temps. Le soleil était à son zénith à présent. Au-dessus des nuages, elle était comme dans un autre dimension. La nappe blanche s'étendait jusqu'à l'horizon, et une table était dressée à quelques mètres de là. Le cœur de la jeune femme fit un bond dans sa poitrine quand elle vit qui l'attendait plus loin : Ryu.

Le vent avait cessé de souffler, sa seule force l'avait trahie.

« Te voilà enfin, Windy, tu est coincé désormais...

-Qu'attend-tu de moi, au juste ?

-Moi ? Mais rien du tout... Le garçon réprima un sourire. C'est ton monde qui à besoin de toi. Gumi s'emporta:

-Je n'irai nul part ! Je veut rester ici ! Je ne connais pas ce monde dont tu parles ! Laisses-moi tranquille ! Hurla la jeune fille.

Elle voulut fuir, mais ses jambes ne répondait plus. Elle était comme paralysée.

-Tu est coincé, Windy, j'ai arrêté le vent... Tu m'appartiens désormais.

Gumi tressaillit en entendant ceci. Elle était bel et bien coincée. Son cœur s'affola. Elle explora les environs du regard. Au milieu du blanc devenu flou, elle put distinguer sur la table quelque taches noirs : un échiquier. Sûrement un moyen comme un autre de s'occuper en l'attendant.

Une idée germa dans son esprit, elle commençait à connaître Ryu, il ne pourra pas refuser.

-Ryu, que dirait-tu d'une petite partie d'échec ?

Le garçon sembla réfléchir quelques instants, il commençait aussi à la connaître.

-Ce n'est pas drôle s'il n'y a pas d'enjeu. Que propose-tu ?

Gumi savait à quel point elle faisait de l'effet à ce crétin. Et elle voulait retourner en bas, son choix était fait.

-Si je gagne, tu me laisses partir...

-Et si JE gagne ? Qu'à-tu à m'offrir, Windy ? Gumi souris d'un air mesquin, il ne pourrait refuser une chose pareil:

-Si tu gagnes, je t'offre un baiser. Ryu ne sembla pas hésiter un seul instant:

-C'est d'accord, de toute façon, tu est à moi. »

Ryu laissa le vent souffler un peu afin que Gumi puisse s'asseoir à la table. L'idée de s'enfuir à ce moment s'imposa dans l'esprit de la jeune femme, mais son honneur lui défendait de fuir d'une manière aussi lâche. Elle installa les pièces sur l'échiquier de marbre d'une main tremblante. La partie commença. Les mouvements s’enchaînèrent. Gumi était on ne peut plus concentrer, à vérifier toutes les possibilités avant chaque déplacements, tandis que son adversaire avançait d'une main sure, sans aucune hésitation. Il ricanait en prenant son cavalier, tandis que le cœur de la femme faisait un bon dans sa poitrine. Chaque pièce prise était comme un bond en arrière, et la jeune fille souffrait à chacun des sourires de son ennemi. Puis ce fut le game over.

D'une voix tremblante et emplie de larmes, elle demanda à recommencer une partie, ce que Ryu acceptait avec joie. La présence de l'homme l'a mettait mal à l'aise. L'homme acculait à chaque partie la jeune femme sur l'échiquier noir et blanc. Mais jamais elle ne voyait d'ouverture, aucune excuse ne vaudrait la peine. Comme si elle tombait dans un trou sans fond.

« Echec et mat. Conclut-il pour la énième fois. Quand va-tu capituler ?

-Jamais! La jeune fille se leva et tapa du poing sur la table. J'arrêterai quand j'aurai gagner !

-Comme tu voudras... »

Ils recommencèrent, encore et encore. Quelque part, Gumi voulait lui ressembler, lui qui était si impassible, ne trahissant aucune émotion sur son visage. La jeune femme enchaînait défaite sur défaite, devant le regard enjoué du dieu devant elle. Combien de fois ce scénario se répétera ?

« Echec et mat » Répétait-il, encore et encore. « Vas-tu arrêter de le dire à chaque fois ? Pensa la jeune femme, désespérée. Pourquoi est-ce que tu souris ? Est-ce que ça t'amuse ? Ressent-tu toujours ce plaisir sadique en me vainquant ? Qui est-tu ? Qu'est-ce-que tu est pour moi ? » Elle ne cessait de se le demander. Elle continua de le défier, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que cet idéal était inaccessible.

La gorge nouée, la jeune femme capitula. Des larmes de rage au coin de l’œil, elle jeta son roi en murmurant : Tu ne me sers plus à rien.

Ryu se leva et s'approcha d'elle. Quand il fut à ses cotés, assez pour que son parfum plein de fraîcheur emplisse les narines de Gumi, il lui tendit une main sereine. « Viens avec moi, je vais te ramener parmi les tiens. C'est là-bas qu'est ta place, et tu le sais bien mieux que moi.  La jeune fille voulut se lever, mais le vent s'était éteint, lui empêchant tout mouvement.

Le garçon, avec ses gestes lents, si doux, à sa manière, saisit les deux mains de la gamine apeurée, et lui murmura-t'il à l'oreille, en retenant un rire : Tu m'appartiens maintenant Windy, tu est toute à moi.

Plus ferme, il prit la femme par la taille afin de l'empêcher de tomber, et, entourant son bras autour de son cou, de sa taille, il approcha son visage de celui de la jeune fille, et il ferma les yeux. Ce qui l'empêcha de voir le léger sourire qu'arborait Gumi tandis que ses lèvres se posait sur les siennes.

Un instant. Un instant suffit à la fille du vent pour voler le souffle de l'incarné de la lumière. Alors que son air emplissait le corps de Gumi, elle lui vola son énergie. Très vite, l'homme se plia en deux, l'air avait fui ses poumons, et il était à la limite de l'étouffement. Quand Ryu se releva, elle avait disparu.

**

*

Gumi se plaisait de plus en plus dans sa vie d'escapade. Elle s'amusait à voir les gens s'agiter en dessous d'elle, sans vraiment s'épuiser à les fuir, désormais, c'était chose facile. Du haut de la tour Eiffel, elle pouvais voir les lumières du célèbre musée du Louvre. Appuyé contre la rembarde, elle contemplait la peinture la plus chère du monde : La Joconde. Elle avait visée haut quand même. Elle savait qu'elle était désormais la personne la plus recherchée sur terre, peut-être même de l'univers. La jeune fille était désormais poursuivie par les polices du monde entier, et les agents les plus qualifiés, mais personne ne serait jamais capable de la capturer, et ça, elle le savait mieux que personne. Beaucoup de gens doivent la détester aujourd'hui, mais c'était réciproque. C'est vrai, elle n'avait pas sa place en ce monde. Mais pourquoi pas ? La neige tombait sur Paris, et la tour Eiffel ne tarderait pas à s'illuminer, donnant un spectacle magnifique autour d'elle. La fraîcheur de la nuit commençait à la transpercer de par en par, elle, vêtu de la plus simple des vestes en lin.

Elle sentit une douce chaleur dans son dos, et Gumi se retourna, pour apercevoir l'agacant visage de Ryu, et son insupportable halo de lumière.

« Ca faisait longtemps Windy, je t'ai manqué 

-Ryu, je ne m'appelle pas comme ça...

-J'oubliais, Gumi. Excuse-moi. » Répondit le jeune homme en lui baisant la main.

Gumi s'approcha de Ryu, et passa ses bras autour de son cou avant de lui murmurer à l'oreille : « Si tu savais à quel point je te hais... » avant de l'embrasser.

Tous les deux étaient assis sur la rembarre du dernier étage de la tour Eiffel, main dans la main, à regarder les gens qui s'agitaient autour d'eux :

-Gumi, tu n'est pas obligé de faire ça.

-Ryu...

-C'est vrai Gumi ! Pourquoi ne viens-tu pas avec moi !? Tu n'as pas ta place sur terre, mais près de moi ! Aux cotés des tiens ! Je t'en supplies... Suis-moi, suis-moi là-bas ! 

La jeune femme plaqua son doigt sur la bouche du garçon.

-Ryu, on en à déjà discuter, et je t'ai déjà répondu : Surtout, jamais d'attaches, et tu le sais bien mieux que moi. Advienne que pourra de mon avenir Ryu, mais je ne veut pas qu'il soit auprès de toi, même si tu sais que je t'aime. »

Sous les larmes de Ryu, alors que la nuit finissait, Gumi s'envola une nouvelle fois vers les étoiles.

  • Ne reviens plus, je ne te suivrai jamais. »

    j'ai arrêté à là, et ce que je peux dire, c'est que j'aime bien l'idée d'ensemble, l'histoire est sympa. j'ai un peu envie de changer plein de trucs à ma manière !
    par contre, je trouve ça dommage l'arrivée de l'homme blanc, j'aurais préféré qu'elle reste une simple voleuse, là, elle a trop d'importance à mon gout !

    · Il y a plus de 10 ans ·
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    maelle

  • Hey, c'est Maëlle ! ( et oui, je me suis inscrite ! grace à tes recommandations ! )
    bon, ben voilà, rien d'autre à dire...
    j'aime bien, les textes sont sympas et la plupart des avis constructifs !

    · Il y a plus de 10 ans ·
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    maelle

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