Le stand up !
Hervé Lénervé
Le principe est simple. Vous prenez un pékin, vous le mettez debout devant plein d'autres pékins assis, normal, ils ont payé leurs places, eux, on peut bien leur fournir une chaise, dame ! Le gus tout seul devant les nombreux, va débiter un texte murement réfléchi pendant des heures, chez lui, comme s'il improvisait devant son public, pour lui faire partager des anecdotes de sa vie intime comme si elles étaient vraies. Bien sûr tout est inventé, normal, vous ne pensez quand même pas, qu'il lui est arrivé tout ça dans sa vie intime au garçon. Sa vie intime, je la connais à l'aune, mais pas à l'aube, de la mienne, les vies intimes sont si vides, qu'on ne peut que souffler du vent, on ne peut que pleurer dessus et lui, le mec, tout seul debout comme un con qui attend le bus, là où il ne passe pas, il doit faire rire. D'où la difficulté de l'exercice.
Exemple :
La situation : Hier, il a acheté une demi-baguette à la boulangerie, le mec. Voilà pour l'intimité de sa vie intime, après, il raconte.
- Bonjour mademoiselle ! Je voudrais une demi-baguette S'il vous plait.
- Vous avez tort !
- Pardon ?
- Si vous prenez une demi-baguette, ne croyez pas que ses pouvoirs ne soient divisés que par deux.
- Ah, bon ! C'est plus, alors ?
- Beaucoup plus, oui !
- Ah, je ne savais pas, donc, dans ce cas je vais prendre une baguette aux pleins pouvoirs.
- Sage décision, monsieur et comme je vois que vous êtes un homme de goût, je vous conseillerai de prendre, plutôt, une « Magique »
- Elle est meilleure ?
- Non ! Elle est plus chère !
- C'est tout ?
- Oui !
- J'hésite ?
- C'est la même baguette que « l'ordinaire », même farine, même temps de cuisson, même tout, mais elle est plus prestigieuse que l'ordinaire, car plus couteuse.
- Mais pas plus goûteuse ?
- Non ! Pareille !
- J'hésite ?
- Prenez votre temps, ce n'est pas une décision à prendre à la légère et la file d'attente peut bien attendre encore un peu.
- Encore un peu ! encore un peu ! Ça fait déjà beaucoup de peu qu'on attend encore, déjà !
- Ah, vous dites « une file d'attente », vous, moi je dis « la queue ».
- Moi aussi, mais pas en service. Quand je suis en blouse la file d'attente défile devant mes yeux. Quand je suis sans blouse, la queue file et défile mon napperon.
- Vous faites du crochet ?
- Non ! Je fais des accros à ma virginité.
- J'hésite ?
- Prenez ce que vous voulez, mais prenez, merde ! Vous n'êtes pas tout seul, à la fin !
- Ne vous laissez pas impressionnez, ils sont toujours comme ça, toujours pressés. Ils viennent acheter du pain et voudraient déjà l'avoir déféqué.
- Vous avez raison belle boulangère, tout va trop vite, on ne prend plus le temps de réfléchir, on fait et de fait, on fait souvent n'importe quoi, ma foi.
- Vous avez parfaitement raison, les gens sont fous. Venez ! On va aller réfléchir à tout cela, chez moi, j'habite à deux pas de stations de métro.
- Avec plaisir ! Charmante boulangère.
- Et nous, on fait quoi pendant ce temps ?
- Vous faites la même chose que vous faites à présent, vous attendez.
- Longtemps ?
- Cela ne dépend pas de moi, mais de monsieur.
- Bon ! allez-y, mais dépêchez-vous, quand même.
Voilà, le stand up, c'est ça, raconter des trucs aberrants à des mecs qui ont payé pour entendre des trucs aberrants, maintenant, s'ils n'aiment pas l'argent, c'est leur problème. Personnellement, j'achète tous les jours du pain, dans une boulangerie où les vendeuses sont exaspérées, exaspérantes, mal peignées, mal fagotées et qui engueulent les clients à tour de pains dans un nuage de farine. Le stand up, c'est vraiment du grand n'importe quoi ! Moi je préfère ; le « sit down » ou encore mieux ; le « bed down ».
truculent ! Dommage qu'il existe (grands magasins...?) des "boulangères" (vendeuses pas racoleuses) assez peu aguichantes comme leurs quiches...
· Il y a environ 7 ans ·Gabriel Meunier
Favorisons les petites commerçantes de proximité… affective !
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé
oui oui ! c'est pour cela que je refuse toujours les formules 3+1, cela me fait revenir faire le beau (normal pour un vieux) (et j'ai pas dit frétiller de la queue, hein !)
· Il y a environ 7 ans ·Gabriel Meunier
On dit à présent frétiller de la file d’attente.
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé