Le syndrome de la page blanche

samirbzk

Trente minutes pour écrire un texte dont les contours tardent à se dessiner, trente minutes composées de petites secondes qui me narguent avec leurs courses effrénées. Je me retrouve face à la blancheur qui tranche, à la vacuité qui effraie et à la neutralité qui tyrannise ! Je suis face à une page qui m'impose un style, qui me réclame un agencement et qui m'exige du sens.

Le temps file et son mouvement cadencé dessine une frontière de plus en plus précise, il érige des barrières, plante des barricades et construit des remparts. Ma volonté s'amenuise, ma détermination se meurt, mes phrases se déglinguent, mes mots se désagrègent et mes lettres s'éparpillent. Les seconde trottinent crapahutant mes idées et faisant trébucher ma logique.

Je n'ose rien devant sa géométrie parfaite, sa candeur absolue, son désintéressement criard et son insensibilité arrogante. Je n'ose rien car le déclic tarde à venir, l'inspiration me fuit et l'exaltation se dérobe. Le statu-quo persiste et la dichotomie est totale. Je ne peux rien contre son effarouchement car elle fanfaronne en brandissant son mutisme et je bois le mien comme un breuvage aigre et acerbe, un breuvage au goût de défaites bien avérées !

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