LE TOMBEAU DE GERALDINE

Denis Dobo Schoenenberg

           LE TOMBEAU DE GÉRALDINE

 

J'avais attendu un long moment sous la pluie avant d'entrer dans la maison du crime. Évidemment ce n’était pas la première fois que je me rendais sur les lieux d’un meurtre et celui-ci n'avait rien d'original. Une femme assez jeune, d'après le rapport qu’on m’avait fait. Trouvée morte au pied de son lit. À la suite d'une rixe. On cherchait encore l'arme du crime, un "instrument contondant" selon l'expression consacrée. Des voisins avaient entendu les cris et prévenu la police en se gardant bien d'y aller voir.

Un détail seulement m'avait frappé dans cette affaire. La victime s'appelait Géraldine. Ce prénom était celui d'une femme que j'avais, disons, beaucoup aimée et dont j’étais sans nouvelles depuis longtemps. Pure coïncidence, bien sûr. J'avais par précaution vérifié les patronymes, qui ne concordaient pas. Mais j’avoue qu’en arrivant devant la maison, j'avais eu une sorte de haut-le-coeur et je m’étais arrêté à quelques mètres du perron alors que la pluie tombait à verse. Les fenêtres du rez-de-chaussée étaient dans la pénombre; celles du premier en revanche resplendissaient d'une vive lumière que la pluie transformait en un halo presque blafard. La maison était vaste, cossue, d'architecture assez lourde. On devinait à l'arrière un grand jardin et quelques arbres au feuillage sombre. L'un des policiers en faction s'approcha de moi, car ma présence lui semblait suspecte. Dès qu'il me reconnut, il essaya en vain de m’abriter sous un parapluie de service en piteux état. Lorsqu'il parvint à l'ouvrir, j'avais déjà  franchi le seuil.

- On n'attendait que vous, monsieur le commissaire.

- J’ai été retardé. Une affaire en cours. (Pourquoi mentir ? Mes raisons étaient-elles inavouables ?)

- Vous êtes trempé, monsieur le commissaire. Enlevez donc votre manteau (celui-ci au moins n'était pas dupe).

- Sans importance. Où est le corps ?

- Nous ne l'avons pas déplacé.

Dans la chambre, toutes les lumières avaient été allumées - ou l’étaient restées - et cette clarté qui de l'extérieur me paraissait magique avait désormais quelque chose d’indécent. Je fis éteindre les lampes du plafond pour concentrer mon attention sur le lit défait et sur le corps qui gisait à proximité, légèrement incliné sur le côté droit. Cette femme était vraiment très belle, malgré quelques imperfections que seul pouvait voir un oeil exercé à la contemplation des corps féminins. Sa longue chevelure sombre se répandait sur son visage et cachait un peu la blessure, dont quelques gouttes de sang marquaient la trace. Ses pieds étaient nus; leur cambrure me sembla parfaite; elle portait une petite chaîne en or autour des chevilles. Je remarquai aussi ses longues mains dont les ongles opalescents semblaient sculptés en forme d’amande. Je soulevai légèrement sa tête pour mieux voir la blessure mais je n’achevai pas mon geste et la chevelure noire glissa de nouveau le long des tempes.

- Je m'occupe personnellement de cette affaire. Gérault, vous m'assisterez. Et toi aussi, Pierrel. Vérifiez que toutes les empreintes et les traces ont été relevées. Il me faudra rapidement le rapport d'autopsie et les déclarations des proches, s'il y en a. C’est sans doute un crime passionnel. Une femme aussi belle attise les rivalités autour d’elle. Vous ne croyez pas, Gérault ?

Le jeune inspecteur au regard d'enfant battu baissa la tête avec résignation.

En sortant de la chambre, après avoir jeté un dernier regard sur la morte, je me heurtai à un petit bonhomme au crâne luisant. Il ôta son chapeau.

- Qu'est-ce que vous faites ici ? On entre dans cette maison comme dans un moulin !

- C'est ce monsieur qui nous a prévenus, me dit le policier qui l'accompagnait.

- Cela ne lui donne pas le droit de se promener sur les lieux du crime...

- Je suis venu pour témoigner, monsieur le commissaire.

- Mes adjoints prendront votre déposition. C'est donc vous qui avez entendu les cris ? Et vous êtes contenté d'appeler la police ?

- Que vouliez-vous que je fasse d'autre ?

- Essayer d'empêcher le meurtre.

- Je ne suis pas un héros, monsieur le commissaire.

- Moi non plus. C'est sans doute pour ça que le monde est si laid.

Mes collaborateurs semblaient surpris. Je partis sans les saluer.

                                                                  *

Géraldine vivait seule et recevait peu - un parent lui rendait parfois visite. Elle avait été mariée à un homme très riche, dont elle avait hérité cette magnifique maison. D’après ses voisins, elle était souvent triste et s’en tenait avec eux à des propos de circonstance. Sa femme de chambre semblait la regretter sincèrement; elle pleura beaucoup durant son témoignage. En la poussant dans ses retranchements, Pierrel avait appris que cette jeune femme d'apparence tranquille recevait chez elle un homme discret qui ne restait jamais longtemps et dont la domestique ne connaissait que le prénom - Maurice, le même que le mien.

- C’est peut-être moi, Pierrel, lui dis-je en riant.

Il hésita un instant, puis répondit sur un ton de plaisanterie un peu forcée que j'aurais eu beaucoup de chance.

- Douteriez-vous de ma bonne étoile, Pierrel ? Cela ferait de moi un suspect difficile à confondre, n'est-ce pas ?

- Sans doute mais nous ferions notre travail.

Cette remarque un peu sèche mit fin à notre entretien.

La lecture des papiers personnels de Géraldine ne fournissait aucun indice. Elle ne tenait pas de journal et conservait très peu de lettres. Sa collection de cartes postales était plus abondante mais une seule avait un caractère intime (la signature était illisible). Elle semblait avoir organisé sa vie privée de façon à décourager d’avance toute recherche. En revanche nous découvrîmes une grande quantité de photos d’elle, parfois dénudées, que je rangeai après inventaire dans un tiroir de mon bureau.

Le médecin légiste m'appela le lendemain matin. La cause de la mort ne faisait aucun doute et le corps portait très peu de traces. Il n’y avait pas eu de lutte malgré nos premières constatations.

- J'ai fait un examen assez bref des viscères. Ni drogue, ni alcool.

- Vous allez donc nous la rendre en assez bon état ?

- Oui, mon cher. Je vous comprends, d'ailleurs. Un spécimen superbe, n'est-ce pas ?

- Sans doute, fis-je un peu rêveur.

J'étais retourné voir le corps. Il était blanc et lisse, les cheveux tirés en arrière et les mains jointes. Sur ses lèvres décolorées flottait encore un léger sourire. Je ne pus la regarder très longtemps. Ce n'était pas ma Géraldine, mais elle lui ressemblait un peu.

                                                                      *

La victime avait un cousin qui fut assez facile à joindre. Je décidai de l'interroger moi-même. C'était un homme grand et sec, au regard vide. Sa joue droite était affectée d'un tic nerveux plutôt désagréable. Il parlait avec douceur, à la limite de l'audible. Chaque mot qu'il prononçait semblait mûrement réfléchi et ses réponses étaient entrecoupées de longs silences. Il fut disert sur l'enfance et la jeunesse de Géraldine à laquelle il vouait me semblait-il, une adoration qui avait dû rester muette. J'eus beaucoup de mal en revanche à obtenir des précisions sur ses fréquentations récentes.

- Et ce Maurice qui lui rendait souvent visite, l’avez-vous rencontré ?

- Je ne connais pas cet homme. Ma cousine recevait fort peu.

- Il semble pourtant qu'il ait eu ses entrées chez elle, de jour comme de nuit.

- De nuit certainement pas. Pour qui la prenez-vous

Son tic se fit plus insistant. Je pris alors dans les tiroirs de mon bureau les photographies de Géraldine pour les exposer lentement sur la table, en dévoilant peu à peu les plus dénudées.

- D'où tenez-vous ces... photos ?

- C'est moi qui pose les questions, si vous permettez.

Il hocha la tête.

- Votre cousine était une femme très belle et très attirante. Celui qui la désirait le plus l’a probablement assassinée. Peut-être vous d'ailleurs.

Il se leva, rouge d'indignation; mais je lui ordonnai de se rasseoir, ce qu’il fit docilement. Je ne pensais pas susciter une telle réaction chez un homme aussi terne. Il reprit d'ailleurs assez vite la maîtrise de ses nerfs et me confia d'une voix neutre qu'il avait rencontré une seule fois ce Maurice, en quittant la maison de Géraldine. Mais il ne savait même pas son nom et ne put m'en donner qu'une description sommaire. Grand. Portant moustache. Cheveux châtains. Front dégarni. Les yeux clairs. Monsieur tout le monde ou à peu près. J'avais la conviction qu'il détestait cet homme et qu'il me haïssait tout autant pour lui avoir montré ces photographies intimes et profané en quelque sorte ses plus beaux souvenirs. Mais il n'en laissa rien paraître.

                                                                     *

Deux semaines s'étaient écoulées. Tous les soirs, à l'heure où sauf exception, le téléphone cesse de sonner et les visites prennent fin, je contemplais les photos de Géraldine avec une émotion toujours plus forte. Les interrogatoires auxquels nous avions procédé, les vérifications minutieuses de mes adjoints ne nous avaient rien apporté. Je décidai de faire le point en leur compagnie. Nous relûmes les principales pièces du dossier. Gérault fit alors une intéressante découverte. Dans sa deuxième déposition, que Pierrel avait enregistrée, le cousin de Géraldine disait exactement ceci (à propos de sa rencontre avec Maurice).

- Je me souviens d’un détail qui peut sembler anodin.

- Il n’y a pas de détail anodin lorsqu'il s'agit d'un crime.

- Le soir où j'ai rencontré ce monsieur, l'une des fenêtres voisines était éclairée et quelqu’un semblait nous observer.

- Ce quelqu’un, pourriez-vous le décrire ?

- C'était un homme assez âgé. Je n’ai rien remarqué d'autre.

Pierrel n’avait pas fait le rapprochement avec le voisin qui avait entendu les cris, le soir du meurtre. Mais, comme nous, il était maintenant frappé par la coïncidence.

- Si c'est le même homme et il est probable que ce soit le cas, alors sa présence n'était pas fortuite. Il avait sans doute l'habitude d'observer Géraldine et les allées et venues autour de la maison.

- Très juste, Pierrel et il sait bien plus de choses sur elle qu'il n’a voulu en dire.

Je décidai de l'interroger à nouveau mais au lieu de le convoquer, il me sembla plus opportun de lui rendre visite pour ne pas donner à notre entretien un caractère officiel. Il habitait un appartement plutôt confortable, encombré d'objets et de meubles, qu'il partageait avec un beau chat gris aux yeux turquoise. Sur le guéridon du séjour était posé un appareil de photos assez perfectionné. Il y en avait un autre dans le petit bureau où il me reçut et qui donnait sur la villa de Géraldine. Ma venue ne semblait pas le surprendre. Je lui demandai si la photographie était son passe-temps préféré. Il me répondit que oui, n’hésitant pas à me montrer quelques-uns de ses albums soigneusement rangés et étiquetés. Il aimait les couleurs d'automne et les ciels un peu tristes. Un détail finit par m’intriguer.

- Vous ne photographiez que la nature et les bêtes ? N’êtes-vous vous pas inspiré par les hommes… ou les femmes ?

Il sourit et me répondit que les êtres humains ne se laissent pas facilement prendre en photo.

- Votre voisine ne pensait pas cela. Vous ne l'avez jamais prise ?

- Je ne comprends pas votre question. Je ne lui parlais presque pas.

- Vous auriez pu la photographier de l'une de vos fenêtres, celle-ci par exemple, sans qu’elle s'en aperçoive.

Avant même qu'il ne réponde, je sortis de ma serviette une photographie d’elle, presque nue. Cette fois, il tressaillit et me lança un regard haineux tout en continuant de sourire. Je me mis à détailler les charmes de Géraldine avec une insistance assez perverse.

- Pourquoi m'avoir montré cette photo ? C’est indécent.

- Ce que je trouve indécent, c'est la mort d'une femme aussi belle. Quant à cette photo, elle me semble très réussie. Elle ne déparerait pas votre collection.

Le soleil venait de s'incliner sur l’angle des toits. L'homme détourna la tête.

- Je ne suis pas l'auteur de ce cliché et je n'ai jamais photographié cette femme !

- Admettons le premier point. Mais je suis sûr que vous l’avez épiée durant ces derniers mois, que vous avez pris des photos d’elle ou au moins de ses visiteurs, de ce Maurice par exemple dont vous étiez jaloux car il pouvait entrer dans la maison de Géraldine.

- Mais c'est absurde.

Il se mit à pleurer. Je fus pris d'une furieuse envie de sortir mon arme et de la poser contre sa tempe jusqu'à ce qu'il avoue. Mais je résistai   la tentation et vins m’asseoir en face de lui.

- Vous feriez mieux de me dire la vérité tout de suite. À quoi bon garder le silence ? Je reviendrai demain et les autres jours. Je vous poserai les mêmes questions. Je vous montrerai les mêmes photos. Toujours les mêmes. Et vous finirez par avouer. À moins que d'ici là je ne perde patience et que je me décide à vous coller une balle dans la tête, ce qui épargnerait à la Justice un procès inutile et coûteux.

Ces paroles m'avaient échappé mais je crois qu'elles traduisaient fidèlement ma pensée. Je quittai l’homme et revins au bureau. Il pleuvait de nouveau très fort, par bourrasques, et je maudissais cette enquête qui me valait tant de tracas. Lorsque je rapportai à mes adjoints les paroles du suspect, ils me suggérèrent avec insistance d'organiser une perquisition.

- Non, messieurs, je ne suis pas d'accord avec vous. Il ne faut le laisser seul avec sa conscience, s’il en a une. D'ailleurs, je ne pense pas qu'il ait commis l’erreur grossière de conserver chez lui une photographie de Géraldine.

- Mais s’il cherchait à s’enfuir ?

- Je me trompe peut-être, mais je ne le crois pas non plus. À mon avis, il était sincèrement amoureux de Géraldine et même s’il l’a tuée, il ne s'éloignera pas de la maison où elle a vécu.

- Je me souviens qu’il a assisté à l'enterrement de Géraldine et qu'il pleurait à chaudes larmes.

- Très juste, Pierrel. J'avais oublié ce détail. (Les obsèques de Géraldine ? Je me tenais au premier rang et n’avais pas cessé de fixer le cercueil déjà clos et d'imaginer ce corps, presque irréel désormais, qu’on venait d'enfermer jusqu'à la fin des temps).

Il était à peu près onze heures du soir. La pluie heurtait maintenant les vitres par petits battements secs et les gouttes s’y écrasaient comme des papillons aux ailes grises saisis par la clarté des lampes. Le téléphone sonna. C'était l'homme. Il voulait faire des aveux complets et me demandait de le rejoindre. Je chargeai mon revolver avant de prendre la route. Lorsque j'arrivai à son domicile, la porte n'était pas fermée et je fus accueilli par le chat aux yeux bleus qui frotta son poil hérissé contre mes jambes. Le petit homme était assis dans le fauteuil du salon, les yeux mis-clos et le visage calme. À ses pieds gisaient un flacon vide et les débris d’un verre. Sur la table était posé un magnétophone. Une cassette était placée dans le compartiment ouvert. J'écoutai sa confession à deux reprises. Le chat s'était assis sur les genoux de son maître et secouait convulsivement la tête. D'une voix à peine essoufflée, l'homme racontait son crime avec force détails, comme s'il venait de le commettre. Géraldine avait repoussé ses avances; ils s'étaient battus; elle avait failli le renverser; alors il l’avait frappée avec une violence que la peur rendait encore plus forte. Après avoir retrouvé ses esprits, il avait essayé en vain de la ranimer. Puis il avait effacé toutes les traces. Très vite le souvenir de son crime lui était devenu insupportable et il préférait, disait-il, mettre fin à son remords qui le tourmentait jour et nuit. Avant d'accomplir son geste, il avait tenu à laisser une confession pour qu’on sache à quel point il l’aimait.

- Affaire close, me dit Pierrel.

Il m'avait rejoint peu après l'arrivée de l'ambulance.

- Sans doute, lui répondis-je.

- Vous aviez raison, comme toujours, monsieur le commissaire.

- Quel gâchis ! Une femme si belle ! Enfin, justice est faite comme on disait au bon vieux temps.

- Que va devenir ce pauvre animal ?

Pierrel avait l'esprit pratique et une sensibilité de jeune fille.

- Prenez-le si vous voulez. Il est superbe. En plus vous ferez une bonne action.

                                                                      *      

Un mois plus tard, je fus appelé par un collègue qui exerçait ses fonctions dans une ville du bord de mer. L'une de ses patrouilles avait arrêté un homme ivre et très élégant. Il conduisait une voiture de sport. Vu son état, il avait fallu procéder à une fouille au corps pour connaître son identité et on avait trouvé sur lui une photo de femme qui ressemblait étrangement à cette Géraldine, dont la presse avait publié le portrait. Le commissaire venait par précaution de placer l'homme en garde à vue et prenait contact avec moi pour que je vienne l'interroger, si je le souhaitais. La description du suspect correspondait à celle de Maurice jusque dans les détails vestimentaires. Cette découverte me contraria profondément. Je demandai à mes deux adjoints d'aller sur place ("vous me semblez un peu pâles, l'air du large vous fera du bien"). Ils interrogèrent l'homme durant vingt-quatre heures. Et il finit par avouer le meurtre de Géraldine, qu'il soupçonnait d'être infidèle. Gérault lui demanda si ce soir-là il avait vu quelqu’un à la fenêtre de l'immeuble voisin. Il s’étonna d’une telle question, puis répondit qu’il lui semblait effectivement qu'une des fenêtres était ouverte et éclairée. On retrouva ensuite le petit bougeoir en étain dont Maurice s'était servi pour frapper Géraldine et qu’il avait jeté dans une décharge publique.

- Cette fois, l'affaire est vraiment classée, murmura Pierrel.

Il mangeait avec un appétit féroce.

- Une fichue affaire, surtout.

- Comment auriez-vous pu savoir que les aveux du petit bonhomme étaient faux ?

- J'aurais dû le savoir. Appelons ça l'intuition du policier. Ou le flair du chien de chasse.

- Il y a encore une question que je me pose.

- Laquelle, Gérault?

- Je veux bien admettre les faux aveux. Un accès de mythomanie. Mais le suicide ? Pourquoi être allé jusqu'au suicide ?

- Je ne vois qu'une seule explication. Celle qui nous a laissée. Il aimait Géraldine. Et il voulait que le monde entier le sache.

                                                                     *

Hier, je suis allé au cimetière me recueillir sur la tombe de Géraldine. C'est une dalle en marbre noir qui porte seulement son nom. La pluie tombait, froide et compacte. Elle coulait lentement sur la pierre nue. J’ai pris mon revolver et l’ai fait tourner quelques instants autour de mes doigts. Puis je l'ai replacé dans la poche de ma gabardine (je ne suis pas un sous-lieutenant, que diable!) avant de faire un signe de croix. Je vais attendre le procès de Maurice. Je viendrai la voir tous les jours. Après il sera temps de prendre une décision. Après...

1997

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