Le vent effleure ma peau

Nina Jéhanno

  Le vent effleure ma peau, il est minuit. J'erre sur cette plage depuis maintenant des heures. Je fuis l'horreur et la douleur, j'imagine nos corps s'entrelacer. Mes pensées déambulent sur les courbes du sable. Je devine à peine ce qui m'entoure. Tout est calme, sombre, silencieux. C'est effrayant. Cependant, le souffle marin me console. Ma peau se réchauffe. La fièvre se répand. Je repense, les yeux fermés, à tous ces jours où mon âme s'est agitée, où le silence et le mensonge m'ont étouffée. Je repense à cette mère qui gronde son garçon car il ose pleurer en public. Le visage entre les mains, je me laisse emporter par la rêverie, pendant que la brise embrasse mes épaules dénudées.

  Ce soir, je me sens libre. Libre de danser, de songer, de crier, de me dévêtir mais aussi de me taire et de ne plus bouger, tant que je le décide. Ma respiration s'adoucit, mes mouvements s'allègent et je cesse peu à peu de trembler. Je n'ai pas de regret. Demain ne me fait pas peur. Emporte-moi encore une fois dans cette valse aérienne. Oublions l'inquiétude. Craindre, c'est vain. Éveille mon esprit, éveille mes sens, soulage-moi des souvenirs amers, protège-moi du doute permanent, accompagne-moi jusqu'à la fin de la nuit. Ne nous abandonnons pas.

  Il est minuit, le vent effleure ma peau; il ne la quittera plus.

Signaler ce texte