Le vide de l'existence.

delphine

On la voyait se promener sur les rails, jouer avec la vie et tenter la mort. Elle sautillait de planche en planche, bravant le temps et la pluie, soufflant sur ses doigts paralysés du gel. Avoir froid, elle s'en moquait. Elle méprisait la douleur et taquinait la peur. La demoiselle à la chevelure brune interminable ne voulait pas plus que cela mourir. Elle aimait souffrir et se torturer les os, avant, elle affrontait les gouttières mais on l'avait surprise. Maintenant, elle allumait les trains. Toujours en quête de danger. Elle avait ses petits poignets tout lacérés et son ventre violacé. Dès que possible, elle récidivait. Elle jouissait de ce sang qui jaillissait. Cette immense suicidée se droguait à sa propre destruction, sniffait sa dégradation et admirait ses mutilations. C'était trop doux la mort, trop évident et dégradant de se tuer si rapidement. Elle souhaitait que la bougie ne s'éteigne jamais, qu'elle reste une flamme brillante encore de longues années. A force, elle se croyait immortelle et appréciait attenter à ses jours afin de voir jusqu'où sa résistance irait. Jusqu'à ce balcon du treizième étage de l'avenue Foch, le vide l'avait appelée, elle avait accouru mais n'en était jamais revenue.

Signaler ce texte