Le virtuel et et le Moi.
Christophe Hulé
Je poursuis ce rêve éveillé, croyant que tous ces êtres qui m‘approchent ne me veulent que du bien, qu'ils m'aiment, me comprennent, m'admirent peut-être.
Mes yeux, que je croyais ouverts, ont fait disparaître tous ces filtres que chacun, j'en suis sûr, utilisent pour exorciser la réalité, enfin tout ce qui fait mal.
Le virtuel est coloré, comme un cocon qui nous apaise et nous conforte dans cet espoir que l'on est pas rien.
Le virtuel est le triomphe du « moi ».
Je choisis la palette du monde que je crée, à mon image, que je déifie volontiers.
Si la technologie ne fait pas de nous des Dieux, alors à quoi sert-elle ?
Certains s'entourent de nymphes ou de fées, dont l'occupation première et programmée et de servir et admirer.
D'autres préfèrent se doter de pouvoirs, toujours plus grands, pour occire les ennemis, toujours plus nombreux, et s'en sortir toujours.
Rien d'étonnant à ce que l'on fasse revivre ces preux Chevaliers du Moyen-Âge.
La récompense à portée de foulard, pour des joutes sanglantes, mais pour de faux, qu'on est sûr de gagner.
Les belles seront redessinées à la manières des mangas japonais.
D'autres encore adulent ces armées de Zombies, monstres de tous les siècles, cachés dans nos armoires de l'enfance.
Mais d'un clic on les fait disparaître.
Et de se croire à jamais immunisés.
Les démons ne sont pas dans l'infini web, ils restent en embuscade dans nos cerveaux.
Pas moyen hélas de réinitialiser le système ou de vider le disque dur.
Le moindre traumatisme, même infinitésimal, peut lancer l'offensive en trouvant la faille.
Pourquoi tous ces cauchemars, ce sont eux qui nous donnent envie de sortir du lit, et sûrement pas la perspective d'une journée de travail.
Il est de bon ton de faire croire que l'on s'épanouit au boulot.
Il est écrit dans le marbre que le travail apporte dignité ou autres foutaises.
La plupart du temps, on s'ennuie au travail, avec ce sentiment que l'on a des compétences non exploitées.
Le degré de « bêtise » supposée dépend de ton grade ou échelon.
Moi je dis que le travail permet de se débarrasser des contingences et de s'adonner à nos vrais passions.
La plupart du temps, c'est un jardin secret, les réseaux sociaux ont ce défaut de vous fondre dans la masse des velléités de milliards d'internautes.
Le talent n'est pas une affaire de compteur.
Même si c'est parfois difficile à admettre, la création permet de se sentir un peu différent, moins con peut-être, comme tous les grands artistes, écrivains, ou autres génies, être sous les feux de la rampe relève du mystère, ou de la chance peut-être.
Mais les traces se perdent dans l'infiniment grand, c'est peut-être là une consolation.
Créer c'est aussi dire que l'on est pas d'accord.
« Ça faire rire les passants ».
L'illusion est de croire que l'on est pas seul.
On nous a donné cette chance, ou malédiction, c'est selon, de faire un bref passage.
Il y a les parvenus, les puissants, les marginaux, les besogneux, les assassins, les intellectuels, les artisans, les gens de peu, les gens de rien, et j'en oublie.
Et que valent donc les siècles passés, avant ou après J.-C. ?
Nous sommes ce que nous sommes, pour dire le moins.
On peut bien nous sortir le Grand Horloger ou Dieu, après les Dieux multiples et variés qui ont précédés, qu'il me jette la pierre celui qui n'a pas l'impression de patauger.
Enfin l'affaire n'est pas compliqué, dit la majorité consentante, on est là pour un temps, alors profitons-en, l'important n'est-il pas de jouir de l'instant ?
Autant de philosophies que d'individus, comme on dit au poker : « je passe ».
Au poker comme Descartes, je pense donc je suis !
· Il y a plus d'un an ·yl5
Et le roseau pensant, et el condor pasa.
· Il y a plus d'un an ·Christophe Hulé
C'est une belle réflexion sur la vie! Bonne copie! :o))
· Il y a plus d'un an ·aile68
Merci Maitwesse!
· Il y a plus d'un an ·Christophe Hulé