Léa veut manger de la purée
Regine Bernot
Les vacances, enfin ! soupire Léa. Larguez les amarres ! Léa ne vit pas sur un bateau mais dans la ville Bleue. C'est une ville volante attachée au sol jusqu'aux vacances. Quand l'école est finie, les papas détachent les cordages et hissent les voiles. Il y a un moteur, mais les habitants préférent voguer dans le ciel à la voile. Ainsi ils profitent du silence qu'on ne trouve pas sur terre. Les enfants s'amusent beaucoup dans la ville volante. Ils aident aussi à récolter les légumes dans le jardin collectif, car même en vacances, il faut bien manger. Léa adore cette façon de voyager. Pas besoin de quitter sa maison. Elle a de la chance, car comment faire rentrer dans sa petite valise ses robes, ses livres et ses poupées ? Elle plaint les enfants obligés de faire leur valise pour partir en vacances. Léa retrouve tous les jours son ami Théo. Il passe son temps dans l'atelier de mécanique de son père à bricoler de drôles de machines. Cette année, on met le cap sur la Patagonie. On doit survoler l'océan, le voyage sera long mais les parents ont promis qu'ils verraient des baleines. Ils ont assez de vivres et le jardin produit beaucoup de légumes. Ils mangent chaque jour les tomates, pommes de terre, courgettes et d'autres légumes délicieux. Mais un jour, Léa en a assez, sa maman ne prépare plus que des purées de courgettes.
— Maman, j'aimerais bien manger une purée de pomme de terre !
— Hélas, Léa, il ne reste plus une seule patate dans la ville.
— Plus une seule ? Comment faire ?
Elle va trouver son ami Théo
— C'est grave, Théo, on ne pourra plus manger de purée de pommes de terre, ni de frites, ni de gratin ! Des vacances sans patates, c'est triste ! Qu'allons-nous faire ? Théo a une idée. Dans l'atelier de son père, il montre à Léa un curieux oiseau en tôle.
— Regarde ! Avec l'oiseau à moteur, on va pouvoir aller chercher des patates.
Mais Léa est inquiète
— Tu es sûr que ton oiseau va voler ?
Théo a confiance en son oiseau, même que son père lui a appris à le piloter
Mais Léa a un autre souci
— Et si personne ne veut nous donner un sac de patates ? J'ai une idée ! s'exclame-t-elle. Ramassons des courgettes, nous les échangerons contre des patates ! Ne perdons pas de temps et viens m'aider à remplir un sac
Avant de s'envoler avec le sac de courgettes, Théo vérifie l'oiseau. Le moteur ronronne, les ailes se déploient, les clignotants clignotent, tout va bien Un matin de très bonne heure, quand tout le monde dort encore dans la ville volante, Léa et Théo montent dans l'oiseau à moteur et s'envolent vers la terre.
— C'est vrai que tu es un bon pilote ! s'exclame Léa
Les oiseaux accompagnent ce curieux oiseau de fer au dessus de la mer jusqu'à ce qu'ils survolent une terre avec des petits carrés de couleur.
— On atterrit là, dit Théo, il y a des cultures
Dès qu'ils se sont posés, des enfants en ponchos les entourent, mais ils ne parlent pas la même langue. Léa a une idée, elle dessine un sac de patates et un sac de courgettes. Finalement, l'échange peut se faire grâce à un homme qui parle leur langue. Il est content de goûter leurs légumes et il leur donne un sac de patates douces. — Vous verrez, dit-il, la patate douce se prépare en purée mais aussi en gâteau, c'est délicieux.
A leur retour, Léa et Théo apportent le sac de patates douces à leurs mères qui en font une purée au goût différent mais tellement délicieux qu'ils décident de planter ce nouveau légume dans leur potager.