Le coffre de Bois

ynnej

Une histoire à conter... pour Lunii : un petit garçon, une planète inconnue, un coffre à pattes et un cheval de bois. 3478 caractères

Tout commença un soir ordinaire, un soir d'hiver. Pelotonné dans son lit, Mika ne trouvait pas le sommeil ; il regardait le ciel. Il avait ouvert ses volets en grand et la lune éclairait tout de ses rayons blancs. Ses yeux se fermaient lentement…

Soudain, quelqu'un soupira dans l'ombre de l'armoire, là où il faisait encore noir.

« Non, non, non, rouspéta une voix inconnue. Il n'est pas ici non plus ! »

Mika s'assit dans son lit pour voir celui qui grommelait ainsi. A côté de l'armoire, trônait un gros coffre en bois qui n'avait jamais été là. Mika n'en avait jamais vu de pareil. Il s'exclama :

- Un coffre de pirates, il doit être plein de merveilles !

- Une coquille vide, crois-moi, lui répondit la voix.

Elle sortait de la grande malle.

- Sors de là que je te vois, je ne te ferai pas de mal, dit Mika.

- Je ne peux pas, rétorqua la voix, le coffre c'est moi !  

Le coffre s'éleva alors de quelques centimètres dévoilant deux petites jambes de bois.  Il fit le tour de la chambre trois fois. 

- D'où viens-tu et que cherches-tu chez moi ? demanda Mika, stupéfait.

- Je viens de Bois, je transportais un dada. Je l'ai laissé filer, à moins que tu ne me l'aies volé ? Tu m'as l'air suspect...

- Moi ? N'importe quoi.  Je le vois bien que tu es en bois. Ici, les objets ne parlent pas. Tu es bien sûr qu'il n'y a personne à l'intérieur de toi ?

- Mais non, je viens de la planète Bois ! Chez moi, les coffres parlent et ils sont traités comme des rois. Alors un peu de respect s'il te plaît. Je viens sur ta planète chercher des objets en bois. Je les mets dans mon ventre et quelques minutes après, ils en ressortent vivants et gais. Ils rejoignent alors le peuple de Bois.

- Désolé, tu dois te tromper de maison, moi je n'ai que des jouets en plastique… ou bien électroniques. Dis, ça marche ton truc pour ceux qui n'ont plus de piles ?

- Tu me prends pour un imbécile, il vaut mieux que je rentre sur Bois. Mon dada est sûrement là-bas.

- Je peux venir avec toi ? Tu sais, c'est les bébés qui disent Dada. Le vrai mot c'est cheval, je crois. 

Le coffre se posa sur le sol et s'ouvrit en grand. Mika grimpa dedans. Le couvercle se referma en claquant et il entendit une clé tourner. Il était prisonnier. Il eût l'impression de monter dans un ascenseur puis de s'écraser. Enfin, le coffre s'immobilisa et Mika découvrit Bois.

Il faisait un jour pâle et froid. Ils se trouvaient dans un champ d'herbes blondes. Il n'y avait pas un arbre à des kilomètres à la ronde. Dans cette histoire, tout n'était pas net.

- C'est pareil pour ta planète, fit remarquer le coffre. On l'appelle Terre, mais vue d'en haut, il y a surtout de l'eau ! Peut-être que les arbres de Bois ont tous disparu, nous les coffres, nous ne savons pas qui nous a créés.

- Ça ne m'étonnerait pas qu'on les ait tous coupés, approuva Mika. Sur Terre aussi, la maîtresse dit que la forêt est en danger.

- Oh regarde ! Voilà mon dada en train de brouter, s'écria le coffre. Vite, il faut l'attraper ! C'est un cadeau d'anniversaire pour Monsieur Pinocchio, le plus vieux pantin de Bois, et ce n'est pas un rigolo.

-  Comment ça, Pinocchio ???

Sans répondre, le coffre se mit à courir en criant Yah ! Mika aperçut un cheval à bascule qui se balançait dans l'herbe non loin de là.

- Arrête tu ne fais que l'effrayer ! cria Mika qui voyait le cheval sautiller pour s'éloigner.  Je vais m'en occuper.

Mika s'approcha lentement du cheval, puis il tendit le bras et le caressa. Il l'attacha avec son dessus de pyjama. Dada se laissait bercer d'avant en arrière, secouant sa tête de haut en bas.

- Tu sais y faire avec les dadas, reconnut le coffre. Quel dommage quand même de ne pas avoir de bois sur Bois. Pinocchio saurait le sculpter, il a gardé tous les outils de son papa.

- Oh, j'ai une idée ! s'écria Mika. Relâchons Dada, il est mieux en liberté.  Tu verras, Pinocchio aura un bel anniversaire.

Ils retournèrent sur Terre. Dans le coffre, Mika mit deux glands qu'il avait ramassés à l'automne et un vieux trognon de pomme. Puis fatigué, il s'endormit. Le coffre repartit. Quand son couvercle s'ouvrit, trois petits arbustes en jaillirent qui ne demandaient qu'à grandir. Depuis que ces arbres ont poussé et que de nouvelles graines ont germées, il y a beaucoup de bois sur Bois et plein de pantins à sculpter...

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