L'eau d'un baiser

Christian Boscus

L’eau d’un baiser

Tant de mers et tant de rivières

Ont coulé jusqu’à la lisière

Où tu vivais joyeuse et nue.

Tant de matins, tant d’inconnus

Pour arriver dans ton ombrage.

Il m’a fallu déposer mes bagages

Mes rêves éclos sans forces vives

Pour me glisser contre tes rives.

J’ai bien failli quitter la route

J’ai souvent connu la déroute

Mais mon âme te savait assise

Et mon cœur te voyait conquise

Quand je posais, même en plein rêve

Ma bouche offerte sur tes lèvres.

Quand j’ai enfin trouvé ton antre

Quand ma peau a touché ton ventre

J’ai su en moi, au plus intime

Tu étais l’onde, j’étais la rime.

Nous avons dansé nuit et jour

Dans les bras dorés de l’amour

Et quand l’eau a jailli de toi

Comme une source au fond des bois

J’ai bu l’eau de cette fontaine

L’eau vivifiante, l’eau souveraine

L’eau qui jadis, sans effort

M’avait porté de port en port

L’eau enivrante, l’eau familière

L’eau qui créa la terre entière

L’eau éternelle de l’infini

Qui d’un baiser nous réunit.

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