L'Empire des Sens

luvian

I

Les rêves, quand ils se meurent, deviennent des cauchemars. Mais la matière des rêves, qui est faite de cendres de milliers d’étoiles, porte les ailes de l’éternité.

Le mien, de rêve, a commencé dès lors que son regard a accroché le mien. Je me souviens encore de la pâleur de sa peau, du feu dans son regard et de l’amertume dissimulée sous un fatal sourire.

Elle n’était qu’une flamme dans les ombres de mon royaume. Une flamme dont la beauté allait devoir briller plus que toutes les autres…

II

Rien. Rien ne réussissait. La vague ne pouvait être stoppée.

Un gémissement.

Elle s’élançait dans mon âme, occupait ses moindres recoins, faisait sienne mes pensées.

Son corps, tendu par d’invisibles spasmes, ondulait et dansait dans la volupté.

Contre moi, en moi, entre moi. Deux ombres mêlées au rythme du feu de la chair.

Elle était la vague qui prenait possession de mon âme, le démon qui me faisait perdre tous moyens, la déesse qui faisait vibrer mon corps. Sous le feu de ses caresses, je me prenais à croire. Oui, croire. En elle. Au paradis.

Je sentais ses mains posées sur ma poitrine. Des mains douces, fragiles et jeunes. Une peau tendre, avide de touchers. Je voyais son regard quand elle approchait ses lèvres des miennes pour y laisser un goût de désir coupable. Un regard qui brillait dans l’obscurité, perçant, déterminé. Assoiffé.

Elle m’avait dit ce que cela faisait. De se laisser aller à la passion. Sans honte, sans tabou, sans omissions. Libre de désirer et d’être désiré. Je ne l’avais pas cru à l’époque. Aujourd’hui, je ne pouvais qu’y adhérer.

Dans ses bras, je n’étais plus un homme. J’étais un dieu. Son dieu. Elle assouvissait mes désirs sans jamais dire non, sans jamais même imaginer pouvoir le dire. Elle était mienne au point où j’étais sien. Dans un instant où les routes s’unissent et donnent naissance au destin.

III

Les bougies frémissaient tant l’air était saturé de nos passions.

C’est un art me dit-elle, d’amener une femme au plaisir. Un talent qui s’apprend, qui se vit à chaque instant. Crois-tu pouvoir le vivre éternellement ? Saches-le, je ne suis pas femme aisément comblée. Ne me confonds pas avec ces femmes qui se contentent du périmé. Épargnes-moi cette honte, je me sentirais humiliée. Non, comme tu l’as toujours su, je suis femme qui aime à être adulée. Adores-moi de tes caresses mon aimé, laisses-moi boire tes offrandes comme autant de preuves de ton amour pour moi, ta divinité. Qu’une autre t’approche et je la défierai. Qu’une autre te touche et je te haïrai. Pars et je pleurerai. Disparais et je mourrais. Car tu es le seul à savoir comment m’aimer. Le seul à être aussi parfait. Et si tu l’es, c’est donc que je le suis. À tout jamais.

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