Lendemain de Noël

aile68

Me lancer dans un nouveau texte au bout de la nuit, histoire de retrouver celui que j'ai perdu, qui a disparu il n'y a pas très longtemps, dommage, je l'aimais bien. Essayer de le rattraper, quelques mots, quelques verbes, je n'aurai jamais la teneur de ce texte. De quoi ça parlait, de tout et de rien, je ne veux plus en parler ici car le fil s'est rompu. Alors je me laisse bercer par d'autres mots, "parole, parole, parole", chante la chanson en italien. Quel crédit apporter mon texte, commencer par une histoire déjà, alors commençons.

C'était le lendemain de Noël, un matin frais et léger, les marrons grillaient dans le poêle, les enfants avaient déballé leurs cadeaux, c'est un peu vrai qu'il leur suffit d'un bout de fil et d'un carton pour s'amuser. Nadine trouvait sa poupée trop grande, presque un mètre de haut, les fabricants avaient fait fort, mais s'étaient un peu loupés sur ce coup-ci. Mickaël râlait car il n'y avait pas de piles à sa voiture télé-guidée tandis que les jumeaux se disputaient pour savoir qui des deux allait faire fonctionner le beau train en premier. Tout ce "beau monde" mécontent retrouva le sourire et la paix, à l'approche d'oncle Hector et de son énorme brioche qu'il tenait tel un trophée. Les enfants abandonnèrent leur cadeau et s'attablèrent sans qu'on leur demanda:

"De la brioche aux châtaignes grillées, ouais!!

- Et du chocolat chaud! Qu'est-ce qu'on va s'en mettre!

- Allez mauvaise troupe, montrez-moi vos mains intervient la mère de famille. ça peut aller!"

Tous regardaient l'oncle Hector poser la grosse brioche sur la table suivie par les châtaignes au chaud parfum de grillé.

"Je connais des enfants qui ont trop mangé de bûche hier, je crois qu'ils seront privés de brioche! claironna l'oncle Hector pour taquiner les enfants qui aussitôt hurlèrent un "non" de protestation".

La brioche aux châtaignes était une tradition chez les V. Elle se mangeait au petit-déjeuner, puis était suivie d'une longue balade s'il faisait beau, c'était le cas cette année-là. Toute la marmaille avait mis une énorme serviette sur leurs habits du dimanche pour ne pas les salir, même l'oncle Hector qui s'apprêtait à couper la brioche faite par ses soins bien sûr. Il ne laissait personne d'autre le faire à sa place, c'est d'un geste méticuleux presque chirurgical qu'il portait la pointe du couteau sur le sommet de la brioche ronde. Tout le monde le regardait l'eau à la bouche et quand l'ustensile acéré découpait la succulente gourmandise, on découvrait sa garniture. Cette année-là, cette dernière était composée d'un coulis de mandarines et des pépites de chocolats parsemaient l'intérieur dont s'exhalait un chaud parfum qui mettait du baume au coeur. L'oncle Hector continuait son opération avec un plaisir évident, quand tout à coup son couteau rencontra un obstacle, bien sûr le farceur exagérait son geste.

"Tiens! Qu'est-ce qui bloque ainsi mon couteau? C'est dur, on dirait un os...

- C'est un bonbon! crie Mickaël.

- Non, une fève annonça Nadine qui se croyait plus maline que les autres.

- Ah je vais pouvoir l'extraire de la brioche claironnait l'oncle adoré. Est-ce un bonbon, une fève?... Je vais avoir besoin d'un autre couvert. Et il se saisit d'une grosse cuillère aussi brillante que ses joues rouges. Il introduisit l'ustensile dans la brioche, puis la sortie avec précaution:

- Une châtaigne pralinée! Mais attendez, on dirait qu'il y en a d'autres! "

De la brioche, sortirent d'autres châtaignes pralinées, et... un noyau.

"Un noyau!? s'étonnèrent les enfants.

- Un noyau d'olive! entonna l'oncle Hector avec ses grosses joues rouges et brillantes.

- Mais pourquoi? demandèrent les jumeaux d'une seule voix.

- Pour avoir la paix pardi! répondit Nadine qui se voulait spirituelle. Mais elle ne croyait pas si bien dire.

- Bravo! dit l'oncle Hector. Cette année nous allons planter un olivier qui est le symbole de la paix.

- Mais pourquoi?

- C'est pour vous rappeler que le lendemain de Noël est aussi un jour de paix et qu'il devrait en être ainsi tous les jours de l'année expliqua l'oncle Hector.

- Oui nous sommes bien d'accord approuvèrent les adultes.

- Allez! On la mange cette brioche?! cria Nadine.

- Ce n'est pas aujourd'hui qu'on aura un silence de paix! se plaignirent les adultes.

- Pauvre Enfant Jésus!

- Qui sait s'il reviendra l'année prochaine!

- Si l'olivier a pris, je crois que oui!"

C'est à celui qui blaguerait le plus que les autres. Et pendant ce temps, la poupée que Nadine avait installée à table, chantonnait:

- Quand est-ce qu'on mange? "

C'était une poupée qui marchait et qui chantait.







  • Beaucoup de chaleur, et ça donne faim.
    J'ai revécu quelques bons souvenirs de mes Noëls.
    Bravo pour ce joli texte!

    · Il y a plus de 2 ans ·
    Lwlavatar

    Christophe Hulé

    • Merci pour tout ce que ce texte t'apporte! ça me fait plaisir. Noël continue...

      · Il y a plus de 2 ans ·
      Coucou plage 300

      aile68

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