L'enfant

Jacques Lagrois

J'avais un visage, je ne le voyais pas

J'avais mes mots, que seul je comprenais

J'avais mon histoire, je m'en enduisais la peau et les pensées

J'avais des chansons, c'étaient les miennes.

J'avais des yeux, mais il n'y avait qu'une couleur

Une ouïe, un odorat, mes empreintes sur le sable

J'avais une langue, la mienne... Le silence

J'avais une colère... Mon inutilité

Et puis ils sont venus, vous êtes là

J'ai vu des traits, les miens, dans vos regards

J'ai vu le vert des forêts, le bleu du ciel, les mille couleurs de vos peintres

Les sons sont devenus concerts, mes yeux des larmes

Sur la terre sinscrivait des pas aux côtés des miens

Oh je vous ai aimé, effeuré vos visages pendant vos sommeils sans drames

Votre paix était si belle mais si terribles vos colères, si injustes vos règnes

J'ai levé mon poing devant vos représentants haineux

Et j'ai pris de vos mains le fusil pour me libérer.

A nouveau, je n'entends plus qu'un son, celui de la terre

Je ne vois plus de couleurs, le noir n'est pas une couleur

Je ne vois plus pourtant mes yeux sont ouverts

Il n'y a plus d'empreintes sur le sol, juste un nom sur un  morceau de bois.

  • j'adore.. comme une traversée de désert avec un mirage qui apparaît puis s'évapore avec tant d'émotions pour s'abreuver!!!!!
    coup de coeur!

    · Il y a presque 13 ans ·
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    elfee

  • Si beau, si bouleversant. Merci Jacques pour ce texte venu du tréfond des ombres qui jonchent le parcours. Merci. Mais je te donnerai les mille couleurs de la vie comme tu sais, toi aussi, les donner ! "Je" mais pas moi seule !

    · Il y a presque 13 ans ·
    Img 0789 orig

    Gisèle Prevoteau

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