Les 4 mots qui ont changés ma vie
joanandmom
Carcinome papillaire thyroïdien
Mélanome...
Ces quelques mots ont changés ma vie.
"Carcinome papillaire thyroïdien": mon fils a 4 mois quand mon médecin, qui se veut rassurant, m'explique que c'est le meilleur cancer que je pouvais avoir, 90% de guérison...
Pas le temps de réfléchir, l'heure est à la mobilisation et à l'action.
C'est urgent...
Il faut Opérer. On n'est mi-décembre, pas de bol. Aucun rdv avec un chirurgien avant les fêtes...
"Et, les gars, oh oh!!! J'ai un cancer, OUI, à l'intérieur de moi! Faut l'enlever, tout de suite, déconnez- pas...
Oh oh, y a quelqu'un?
Non, ils sont tous en vacances..."
Je passerai les fêtes avec cette chose qui se développe en moi... Noël, je ne m'en souviens pas, j'étais centrée sur mon petit soleil, je ne voulais pas penser à autre chose...
Le jour de l'an, je m'en rappelle comme si c'était hier, une fête chez des amis. 23h44, j'entends mon bébé qui pleure à l'étage. J'y vais, je le prends dans les bras et redescends avec lui au milieu de tout ce joyeux monde qui se souhaite une bonne année... Je cache mes larmes dans mes yeux.
Mon vœux, pour cette nouvelle année: vivre assez longtemps pour que mon fils se rappelle tout l'amour que j'ai pour lui... Dans ma tête, en boucle:
" si tu meurs, il ne se rappèlera pas de toi, il ne sera pas qui tu es et combien il compte" en boucle...
Finalement, je m'en sors ( ben oui)... Sans réfléchir à cette question de cancer. Je met cet " incident" dans une boîte, que je ferme à double tours et que j'enterre dans le jardin...
A présent La Vie est Belle, chaque moment est un sourire...
Quelques incidents de parcours aussi: je n'aurais jamais de deuxième enfant... La tristesse reviens, je lutte dans mon coin...
Puis de nouveau un semblant de bonheur, ma vie de famille est harmonieuse... Toujours le sourire de mon fils comme leit- motiv...
3 juillet 2013: un petit grain de beauté, l'air de rien, vient foutre le bordel dans ma vie... Mélanome ( ou cancer n°2)... C'est rien du tout, il est minuscule...
Mais celui-là, je me le prend en pleine face...
Et sournoisement, il me fait perdre pied, tous mes repères volent en éclats, sournoisement...Je me dis, plus ou moins inconsciemment, que le cancer numero 3 ne tardera pas et que je ne m'en relèverai pas de celui- là...
Plus de repère, je deviens une ombre. J'écris, pour respirer, pour rêver, je ne suis plus vraiment là, je suis les personnages de mes histoires, je voyage comme eux, avec eux...
Mon quotidien, je l'observe de loin, je m'éloigne de tout, de tous, même de mon petit soleil...
Au milieu de tout le bordel qui est dans ma tête, je croise un regard, un truc qui me transperce. Avec l'impression qu'il lit en moi, qu'il me connaît et me comprend comme personne...
Mais que se passe-t-il?
Quand je suis en sa présence, une force invisible me pousse vers lui, physiquement... Mais je n'analyse pas...
Je suis dans un fonctionnement très autodestructeur ( je m'en aperçois maintenant), qui consiste à faire les choses sans penser aux conséquences, plus rien n'a vraiment d'importance, sauf le moment, l'instant, le seconde où sa main prend la mienne...
Le vrai bordel commence. Tiraillée entre les sourire des ces 11 dernières années, et l'inconnu, l'incertitude...
le cancer, les regrets,
l'urgence de vivre, de ne passer à côté de rien,
l'urgence qui me grille, qui détruit tout...
Je sacrifie ma famille, pour cette magie là, magie éphémère... comme un mirage, une méga-tornade, qui bouscule et ravage tout pour ne laisser derrière elle que désolation...
Le constat est amère. Il me reste mon soleil, une semaine sur 2 seulement, la haine de son père ( et c'est bien normal), et le souvenir amère de cette magie éphémère...
Il me reste les regrets d'avoir tout gâché, le sentiment de m'être plantée, le sentiments de m'être dévoilée comme jamais et de m'être fait larguer ( comme jamais aussi)
Alors, Il me faut avancer ( ou sombrer )...
Alors, en pensant à mon petit soleil,
en pensant à tous ceux qui souffrent de cancers (bien plus grave que les miens)
en prenant conscience chaque jour un peu plus que la vie est courte
je me dis que je ne peux pas lâcher,
je décide ici, que je ne lâcherai pas,
et bientôt, je vous écrirai des histoires qui ne parlent pas de ma vie, des histoires qui font vivre des personnages, des histoires qui voyagent, de la passion avec un peu de sentiments...
Très déchirant. Et dans la manière d'écrire, et dans les symptômes. Je rejoins Elisabeth dans son commentaire.
· Il y a plus de 9 ans ·effect
Merci, je suis touchée.
· Il y a plus de 9 ans ·joanandmom
je partage pleinement cette façon d'écrire dans une totale sincérité, mais en restant très pudique dans l'expression de vos souffrances. C'est plutôt la destruction de l'âme que l'on voit s'agrandir sous vos mots. A bientôt pour d'autres personnages qui ne sont pas vous. Personnellement je n'y arrive plus depuis des années. L'urgence de profiter de ce que mes forces me donnent me parait trop essentiel à décrire et à partager avec d'autres.
· Il y a plus de 9 ans ·elisabetha
Merci pour ce commentaires, écrire des histoires avec d'autres personnage que moi, me permet de prendre du recul, de m'évader un peu du quotidien... et ça fait du bien... (en plus, il y a beaucoup de moi dans les histoires de fictions que j'imagine... J'ai lu vos textes, sans artifice, et "vrai", très jolie...
· Il y a plus de 9 ans ·joanandmom