Les Amis Imaginaires en Folie.sarl 5/5

scoobyalien

Confrontation

Le grand-père était tout près de la sortie impossible de sortir sans un face à face! Revenir sur ses pas semblait la meilleure solution. Sauf que…

Le môme fut sur son dos sans prévenir. Ce n'était pas qu'il fut lourd, mais la surprise lui fit perdre l'équilibre et il se retrouva face contre terre. À moitié assommé. Le garçon n'eut pas de mal à le retourner. Il se mit à califourchon sur lui, le bloquant au sol.

— Ne sois pas trop impatient fiston. Fais durer les choses ! C'est meilleur ainsi…

L'enfant fut net et précis. Il ne trembla même pas. Le geste dura à peine quelques secondes, mais la douleur gonfla de plus en plus. Monsieur Velux se mit à hurler, pour l'extérioriser.

Il venait de lui arracher un œil. Le petit garçon se releva. Son grand-père s'approcha de lui et lui tapa dans le dos avec fierté.

Monsieur Velux recula comme il put. Une patte devant le trou béant qui quelques secondes auparavant abritait son œil !

— Voilà, Monsieur Velux. On peut enfin jouer toi et moi ! On va bien s'amuser. Ça ne t'embête pas si Pépé reste un peu avec nous !

L'ours bleu ciel se cogna contre le mur. Il ne pouvait pas aller plus loin. Le gamin s'approcha de lui et le souleva sans ménagement. Après tout, il n'était fait que d'ouate. Il ne pesait pas bien lourd !

— Mais enfin, pourquoi tu l'as appelé Monsieur Velux ?

Le garçon serra la peluche contre lui un instant !

— Pour ça…

Monsieur Velux se sentit décoller. Il sentit également le froid et l'humidité de la nuit contre lui. Il n‘avait souhaité que ça depuis le moment où il était entré dans cette maison de malheur. Cependant, l'ours n'avait pas imaginé sortir comme cela un seul instant.

Puis, il se sentit tomber. De plus en plus vite.

Il heurta le sol.

Monsieur Velux apprécia sa nouvelle souplesse. Il n'avait plus de risque de se casser quelque chose, dans la mesure où il n'était qu'une peluche mais la souffrance était bien là. Il n'avait pas compris ni même écouté toutes les étapes de sa transformation, il savait juste que les choses n'était pas figé pour pouvoir changer aussi souvent d'apparence que l'employé aurait de client. Une chose était sûre, des nerfs parcouraient encore son corps.

Et ça faisait un mal de chien de passer par une fenêtre même pour un nounours.

Il tenta de se relever. Il réussit à peine à s'asseoir, la terre se mit à tourner autour de lui.

Il vit le mouchoir portant le prénom « NOËL » s'envoler, s'échapper loin de toute cette barbarie et aller se cacher dans la nuit noire.

Non, ça n'allait pas bien, franchement pas bien !

Il remit sa tête dans l'angle de son corps en s'arrachant un nouveau cri de souffrance. Il regarda autour de lui. Il aperçut la silhouette de sa voiture à quelques centimètres de lui à peine. Mais rien que le fait de s'imaginer marcher pour la rejoindre, le vida de toute ses forces. Il s'allongea sur les gravillons et rampa comme il put vers sa libération, la fin de son agonie.

Deux paires de jambes se dessinèrent, bientôt, devant lui.

            — C'était très drôle, Noël. Très original !

            — Et maintenant, Pépé ? Je peux…

Monsieur Velux commença à voir des petites étoiles noires. Elles vinrent brouiller et envahir la vision de son unique œil !

Le « Pépé » s'agenouilla et retourna l'ours en peluche sur le dos.

— Tombé de rideau Teddy Bear…

Le coup de poing eut raison de Monsieur Velux. Il perdit connaissance…

 

 

L'ours bleu ciel revint à lui brutalement. Toute sa chair était douloureuse, il ne pouvait pas bouger. Il était coincé… Sous un corps endormi. Il essaya de jauger un peu les transformations qu'il avait subies. On lui avait cousu un bouton à la place de son œil disparu

Les faux poils bleus avaient été rasés sur une partie de son corps. Une forte odeur chimique lui dévoila qu'il avait sûrement changé de couleur. Il remarqua avec horreur que son bras droit était à la place du gauche et vice versa. Une lourdeur interne lui indiqua également qu'on avait replacé sa ouate par une autre matière. Un mauvais pressentiment lui intima de ne pas chercher à en savoir de trop.

Noël était enfin redevenu un petit garçon dans son sommeil. Il s'était endormi en le serrant fort dans ses bras.

Un ronflement, non loin de lui, fit prendre conscience au nounours que le grand-père n'était pas loin.

Quelque chose avait changé au fond de Monsieur Velux. Il eut un mal fou à identifier cette modification, de la distinguer de ces changements corporels qu'il venait de subir. Puis tout doucement, certaines sensations vinrent battre en lui.

Il n'avait plus peur. C'en était fini de cela.

Il se dégagea du garçon en repoussant brutalement son bras. Tant pis s'il le réveillait ! Et il sauta par terre en se réceptionnant sur des jambes encore un peu flageolantes. Ça irait mieux d'ici peu, il le savait, il le pressentait, il sentait les choses évoluer en lui.

Non, il n'avait plus envie de fuir...

— Eh ! Tu comptes aller où comme ça, nounours ? Marmonna le jeune garçon en se redressant.

— Je suis ce que tu veux. Il suffisait de me le demander… Dis-moi, c'est comme ça que tu me vois ? Demanda l'ami imaginaire d'une voix froide.

— Oui, tu n'es qu'un gros ours bleu ciel en peluche… Enfin, plus très bleu. Répondit Noël.

À l'autre bout de la chambre, les ronflements cessèrent et le grand-père se redressa à l'affût. Quand il aperçut que Monsieur Velux était sur pied, il se mit devant la porte de la pièce pour l'empêcher de passer.

Ce qu'il ressentait à présent était une colère sourde et une profonde haine, et cela le dopait, lui donnait de la force.

— Tu n'iras nulle part, marmonna le grand-père sur un air menaçant.

— Je le sais, répondit simplement la peluche.

Après tout, dans « gros ours bleu ciel en peluche» , il y avait « gros ours » ! Et la transformation arrivait à son terme.

Des griffes puissantes sortirent de ses pattes et une rangée impressionnante de crocs poussèrent dans sa gueule. Un grognement guttural commença à naître dans le fond de sa gorge. Puisque le garçon lui avait soufflé cette apparence, il allait la prendre ! La mutation allait être totale, puisque ses employeurs lui en avaient donné le pouvoir, il le prenait.

Il avait soif de sang et de vengeance. Et ces deux ploucs allaient faire l'affaire !

— La chasse est fermée. Maintenant, c'est moi qui amuse la galerie !

Le changement d'expression du grand-père le ravit. Il put même lire la terreur dans ses yeux avant qu'il ne referme ses mâchoires sur sa gorge !

D'abord surpris, Noël se ravisa et se mit à rire bruyamment en applaudissant les performances de son ami. Jusqu'à ce qu'il se retourne vers lui…

  • J'ai vraiment aimé lire cette petite saga, bien écrite avec la tension montante, on s'impregne bien des images et du climat malsain qui y règne, le tout mixé avec humour parfois, un bon cocktail! Bravo!

    · Il y a plus de 7 ans ·
    Img 6998

    embey

    • Mon objectif est atteint, alors.
      Un grand merci pour avoir pris le temps de lire et de me laisser un commentaire. C'est très encourageant. Je redoutais de ne trouver personne pour adhérer à mes incartades.
      A bientôt

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Wp

      scoobyalien

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