Les aventures d'Alf

Gabriel Souleyre

Quand le Shiba Inu prend la parole à la place de son maître... Récit du dimanche...

A défaut d'avoir un compagnon de route doté comme moi de 4 pattes et à l'oreille duquel raconter mes péripéties, j'ai pris l'initiative de vous conter mes aventures/mésaventures dominicales !
Je m'étais abstenu ce dimanche 13 avril de réveiller mon maître aussi tôt que les trois dimanches précédents, renonçant ainsi à mon habitude de gratter à sa porte à l'aurore pour qu'il me sorte récupérer mes sms olfactifs dans les rues de Saint Paul Les Fonts.
Mais ce bougre, pour se venger de mes démonstrations matinales, m'avait dernièrement pris en traitre et m'avait emmené courir loin de mes chemins de prédilections !
Pas bête la bête, ce matin je m'étais donc gardé de le réveiller et je dormais même confortablement installé sur l'amas de bazar que j'avais pu rassembler la veille.
Non d'un os !! Alors que j'étais dans mes rêves à gambader en charmante compagnie... voilà que des doigts venaient me chatouiller dès l'aube !
Ouvrant un oeil et apercevant mon maître en tenue de jogging, je compris que la matinée ne serait pas de tout repos et il n'eût effectivement aucune clémence pour moi (et dire que je l'avais laissé dormir, l'animal !)
Après son petit déjeuner, il me laissa quand même faire un tour de village pour me dégourdir les pattes et j'en profitais par la même occasion pour sniffer les nouvelles du quartier ^^
Galopins, nous partîmes dans la boite bleue à 4 roues remplie de mes doux et soyeux poils blancs en direction de ce qu'il appelle le gymnase Léo Lagrange de Laudun.
Arrivés à destination, je tente de lui apprendre quelques bribes du langage chien, lançant quelques jappements bien appliqués dans sa direction, comme si par miracle une lueur d'intelligence pouvait lui faire comprendre que je serais bien mieux sur le canapé de la maison... mais que né-ni, une fois son attirail installé (montre, cardio et accéléromètre - toute la panoplie de celui qui a une idée fixe derrière la tête ) nous voilà partis pour ce qu'il appelle le canicross durant quelques secondes... avant que je ne le tire sur le premier buisson à proximité ! Non mais !
Le laissant marmonner dans sa barbe je ne sais quoi, je savoure chaque odeur alentours avant qu'il ne prenne les commandes, contrariant mes choix d'orientation en me re dirigeant sur une trajectoire sans intérêt !
Par chance, dès le début de notre 'canicross' une belle montée se profile à l'horizon, un kilomètre avec 100 m de dénivelé. Le bon moment pour accélérer en court-circuitant son échauffement... le fatiguer prématurément nous donnera peut-être un chance de rentrer rapidement à la maison !
Encore une vaine tentative et j'ai bien l'impression qu'avec son caractère d'humanoïde entêté, il ne va me laisser aucun répit !
Durant les 5 kilomètres suivants, j'arrive à lui négocier quelques pauses, histoire de faire mes affaires. 
Il avait quand même prévu de me donner quelques friandises mon bon maître, alors j'obtempère, avançant même à un rythme régulier.
Les caillasses de garrigues ! Aïe mes patounes !
Nous voilà maintenant entre les collines. Notre passage par les sous-bois perturbe légèrement la faune et la flore. Le paysage qui nous entoure est plutôt agréable, sans la moindre trace de civilisation... mais quelle idée de courir sans destination olfactive précise !
Heureusement sur le trajet, j'ai pu négocier une mini-escale au bord d'un ruisseau digne des plus beaux contes de chiens, avec mille et unes odeurs et une lumière magnifique !
Peu de temps après, un humain gigotant tel un crapaud sur ce que vous appelez vélo nous passa devant le nez et s'éloigna sur le chemin sinueux et pentu.
J'avais repris un peu de force et pour faire plaisir à mon chef et compagnon je me mis en tête de rattraper cet étrange bonhomme aux allures incongrues.
Deux kilomètres, 150 mètres de dénivelé parcourus à 10 kilomètres heures : nous ne tardâmes pas à dépasser le vélo. Arrivés en haut de la colline, langue pendante, je remarquai qu'un soupçon de fatigue commençait à marquer aussi le visage de mon maître. 
Il me vint alors une idée lumineuse pour les 100 mètres de dénivelés à venir !
Il voulait donc garder un rythme de course soutenu ? Qu'à cela ne tienne ! je décidais d'inventer une nouvelle discipline sportive... l'humain de traîneau !
Je me mis à un mètre derrière lui, gardant la longe bien tendue et je me fis tracter pour gravir la colline suivante... pur bonheur...quel pied ! là j'ai pris ma patte !
Mais arrivés à l'intersection de quatre chemins à l'orée de nouveaux sous bois, je compris qu'il était un peu perdu ! Finies les vacances. 
Je me remis en avant pour lui montrer la direction la plus courte en direction du retour mais son égo l'empêcha de me donner raison et nous partîmes nous perdre à l'opposé du chemin du retour... bravo l'humain et son sens de l'orientation !
Nous arpentâmes donc les 4 kilomètres de détours, doublant des quinquagénaires à vélo puis des septuagénaires à pied, je vous dis pas le troupeau d'humain me regardant et s'exclamant '' Oh on dirait un renard ! " Regardez mieux vos planches d'anatomie animale !
Le reste de notre parcours se passa sans encombres et je pris un canin plaisir à accélérer le rythme sur les derniers kilomètres de descente.
Une fois arrivés à bon port, mon tuteur était plutôt satisfait de notre session canicross avec des résultats en forte évolution.
Je ne me suis arrêté que 7 fois pour une durée totale de 3min30... il n'a pas intérêt à râler !
12,5 kms en 1h17 à 9,8kms/h de moyenne avec un dénivelé assez important de 510 mètres !!
J' attend mes grattouilles et mon os avec impatience ^^
De mon côté je vous avoue après réflexion que le parcours ne m'a pas déplu même si à l'heure où je vous écris ces lignes je suis affalé sur le canapé et prêt à somnoler pour l'après midi en espérant entendre quelques morceaux de guitare pour bercer mes songes dans les bras de la Morphée des Shibas.

A bientôt et grosse léchouille à tous !!!

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