les cadavres dans le haricot
lanimelle
Les cadavres dans le haricot
On faisait quoi de nos amours mortes ?
Que faisait-on de leurs cadavres ?
Je crois que j'ai stocké les miens là, en dessous des côtes, sous la peau, dans la panse, à coup d'acide dessus, par jet de suc gastrique, faire dissoudre par l' estomac l'image, le souvenir heureux perdu, enfoui dans le temps, enseveli par les coups de minutes et de mots inutiles.
Parfois j'ai mal là, en dessous des côtes, dans l'estomac, je pense aux cadavres que je porte, je voudrai arriver à ronger, à vitrioler ces restes d'amour perdus mais ils forment parfois des tumeurs aussi grosses que mon poing et j'ai beau me tordre en deux.
Je n'arrive pas à les décomposer.
Je l'avais connu comme ca, avec sur le dessus une bosse.
Un œuf juste là, sur le haut de son crane dégarni.
Ca lui donnait une caractéristique particulière, comme ceux qui ont les yeux vairons ou autre chose de physiquement impossible à dissocier d'eux.
Il était à 2 à l'époque et même à 4, il ne finira jamais à 5.
Plus tard quand il est revenu à 1, parce qu'on est toujours seul malgré les 3 en plus, les mathématiques de la vie sont des équations souvent trompeuses.
Il m'a expliqué pour cette bosse qui n'était pas unique mais finalement une parmi d'autres jumelles qui poussaient discrètement ailleurs sur son crane.
Il avait toujours un capital rire qui me rappelait quelque chose de moi.
C'était donc ça le point qui nous unissait invisiblement.
Les cadavres.
Les cadavres de nos amours mortes.
Chez lui ils se logeaient juste sous la peau, au dessus de la cervelle, entre deux couches de cellules encore vivantes.
Son corps semblait vouloir expulser des choses, médicalement appelait kyste.
Les petits cadavres sont rusés. Ils sont invisibles aux rayons X. les petits cadavres sont des matières psychologiques déguisées en masses étrangères, en taches sombres sur les radios en dégradés de noirs.
Il y a peu, il s'en ai fait enlever plusieurs.
Il reste les fils.
Les fils du sentiment visible qui lâcheront un jour ou l'autre.
Hier je l'ai croisé. En riant il m'a fait sentir la nouvelle dite « boule ».
Le nouveau cadavre c'était implanté là. Pour l'instant petit. Un fœtus d'amour crevé. Un avorton de tristesse qui grossira lui aussi.
Un nouveau kyste, un cadavre de femme.
C'était touchant comme si derrière les sourires il existait une profondeur qu'il ne pouvait pas cacher.
Je me disais que je trichais toujours avec mon corps. Que je m'arrangeais toujours à cacher les cadavres dans le fond de mon ventre, pour ne pas que cela se voit. A eux tous ils deviendront sans doute une maladie, une chose violente aussi lourde qu'un boulet bien utile pour rester aux fond à écouter les sirènes de l'adriatique chanter.
Je voyais l'homme aux cadavres errer dans la nuit, j'imaginais les labyrinthes que j'avais traversés et dans lesquels j'avais tenté de digérer mes propres cadavres.
Il y a une certaine beauté dans ce qui meurt et qui laisse de trace.
Expulser d'en haut le pire du cœur, les tissus en tresses qui se défont, les peaux caressées et puis absentes qui s'emmêlent dans la toile de notre mémoire.
Les os du malheur s'entassent, le bistouri fend en deux les chaires, découpent les excroissances qui déforment nos vies.
Dans un haricot, deux boules dures ensanglantées seront bientôt incinérées.
Et alors quoi ?
Mon ventre, une boule dure.
Encore la faim d'aimer n'existe plus.
L'animelle
L'humour est un liant indélébile, j'ai connu cet attachement au rire commun, c'est puissant, difficile de s'en défaire, même si celui qui m' a fait tant rire m'à fait aussi beaucoup pleurée.
· Il y a environ 7 ans ·unrienlabime
Je comprends, on a tous des boules d'inamour enfouies , quoi faire? Vivre avec reste encore la meilleure option.
· Il y a environ 7 ans ·unrienlabime
merci pour ton com. ce qui est intéressant c'est de voir comment elles se caractérisent chez chacun.
· Il y a environ 7 ans ·lanimelle