Les cailloux ont tout compris
jom
L'évolution inverse, ou pourquoi les cailloux ont tout compris.
« cogito ergo sum » a été le point de départ de beaucoup (trop) d'idées. L'être humain s'est auto-proclamé espèce dominante et pensante, reléguant toute autre forme d'espèce et de matière au rang d'outil, au mieux les considérant comme de compagnons fidèles, si ceux ci restaient à leur place.
Dans une pâle tentative de modestie, les dieux firent leur apparition, mais eux aussi étaient invité à ne pas trop influencer le désir des hommes. C'est avec barbarie que l'Homme s'est imposé comme espèce créative, durable et toute puissante.
Mais dans la folie générale, alors que les atomes se retrouvaient démembrés et que l'on déduisait la forme de l'univers, quelques uns avaient gardé un minimum de lucidité. Dans la méditation et l'amour de la nature, ils furent hué par la masse ignorante, qui jugeait de telles activités comme obsolètes ou pire: ridicules.
Par un mouvement de foule explicable par le nombre de demeurés qui grouillent sur terre, les sous-classes d'êtres humains apparurent. Les bouddhistes, les ermites, les philosophes, les littéraires, les bergers, les stoïciens, les « artistes » en tout genre avaient perdu la crédibilité nécessaire pour faire de ce monde un beau monde. On ne peut pas en vouloir aux scientifiques, politiques, psychiatres, médecins, physiciens et autres « pragmatiques ». Plier le monde selon leur volonté impliquait forcément le dénigrement de certains. On ne peut décemment pas avancer que le cerveau n'est qu'un amas de connexions électriques si, à côté, on nous demande une explication aussi détaillé du génie de Van Gogh.
Est donc arrivé l'idée générale que tout est possible avec un peu de bonne volonté. The American Dream qui a fait baigner dans une douce léthargie d'excès d'endorphine des milliards d'êtres humains, jusqu'à aujourd'hui et pour encore longtemps. Quoi de mieux que de se faire masser l'encéphale avec des statistiques de rêve ? Plus de la moitié des jeunes voient l'avenir avec optimisme. Que ferions nous si le journal de vingt heures annonçait la vérité ?
La vie, en l'état actuel des choses, est très précaire. Vous avez pendant toute votre existence été certain que le fait de penser et d'imaginer pouvait vous amener plus loin que n'importe quelle étoile. Vous plaçant par la même occasion au rang de super-espèce, vous aviez rit en apprenant que la vitesse de la lumière n'était pas si inatteignable que cela. Mais ce faisant, vous avez oublié qu'en tant qu'être de chair, le savoir rend ivre plus souvent qu'il ne rend service.
Un cailloux, cependant, ne peut profiter de son état s'il n'en a pas conscience. Cela est vrai dans la mesure où la phrase est fausse. Avoir conscience de, ou penser ce que l'on pense, n'est qu'un artefact destiné à nous rassurer sur l'état concret de notre propre pensée qui figure les bases de ce que l'on appelle la réalité. Tout simplement.
Dans sa course à l'évolution, l'homme s'est retrouvé confronté plusieurs fois au même obstacle. Si l'être humain disparaissait, tout ce qui aura été crée par lui deviendrait du jour au lendemain sans intérêt, aucun. En voulant expliquer ce qui les entourait, ils ont crée une réalité qui leur était propre, en mettant cela sur le compte de la super espèce qui a bien le droit de dire ce qui est et ce qui n'est pas.
Les philosophes se sont amusé de cette situation en soulevant quelques dilemmes, vite repoussés par les mathématiciens qui n'y voyaient que des pensées légères, des jeux d'esprit. Ainsi est né la question « si une branche casse dans une forêt où personne ne l'entend, est-ce qu'elle casse vraiment ? ». Le chat de Shrodinger, plus connu, provoqua l'hilarité chez les amateurs d'absurde, qui voyaient les praticiens affirmer que l'animal était mort et vivant en même temps jusqu'à ce que quelqu'un s'en rende compte. Mais le gros de la population, trop occupé à rire avec les autres, ne s'était même pas demandé pourquoi la conclusion était drôle. Parce qu'elle fait peur, qu'elle soulève un problème ancestral enfouie en chacun de nous mais solidement enfermé aussi. On admettait sans le vouloir que si l'homme n'était plus, la réalité non plus.
On admettait que ce qui nous entour, jusqu'à l'air devant nos yeux, était certainement autre chose qu'un simple assemblage complexe de molécules d'azote, de carbone et d'oxygène. Un caillou n'est pas vivant, n'a pas conscience de. Mais lui restera utile à l'évolution de l'univers par sa présence passive et le volume qu'il apportera là où il sera, et ce pendant des millions d'années. L'être humain, a contrario, cherchera à dépecer l'univers dès sa venue au monde, et ne se tiendra tranquille pour remplir sa vraie fonction qu'une fois mort.
Voilà ce qui arrive quand on se concentre deux mille ans sur la forme et non sur le fond.
Quant à se soigner, c'est facile. Imaginez l'univers devant vous. S'il vous fait un geste obscène et blessant, c'est que vous êtes sur la mauvaise voie.
ui :-) j'ai tendance à vomir mon texte, pour utiliser une expression poétique. Je prends note ! merci !
· Il y a presque 12 ans ·jom
j'aime beaucoup ta vision des choses et j'aurais même tendance à être d'accord!
· Il y a presque 12 ans ·Juste, un conseil, mets des espaces entres tes paragraphes/tes idées pour faciliter la lecture. Comme ça, on peut souffler entre chaque pensée et prendre le temps de les intégrer avant de passer à la suite. U see?
Sinon, je le redis, j'aime beaucoup le fond et ta façon de le tourner! Merci!
Alinoë