Les Curieuses

Zoé Lombard

Poème écrit pour le concours Fragonard.

Derrière les rideaux gris,

S'entrouvrant par instants

Les deux curieuses épient,

Moquent  et raillent les passants.


Pas un concitoyen,

Ni même Anne, ou Faustine,

Qu'épargne le venin,

De leurs langues assassines.

 

« Où va-t-il celui-là,

Habillé de la sorte ?

Et regarde, là bas !

Est-ce sa femme à la porte ? »

 

Ainsi passaient les jours

Des deux amies moqueuses,

Pas de peines ou d'amours

Qui n'échappent aux curieuses.

 

Mais voilà qu'un beau jour

Le murmure vient d'en face

Quoi, derrière les velours,

On rit de nos comparses ?

 

Confuses et contrariées,

D'être à leur tour l'objet

D'injustes quolibets,

Elles jurent « Plus jamais !»

 

Croyez-vous que ceci

Ait pu leur faire passer

Leur attrait et l'envie

Chaque jour  de se moquer ?

 

Que nenni, l'aventure,

Loin de les arrêter,

Leur apprit au futur,  

A mieux se camoufler...

 

C'est ainsi que toujours,

Nous nous trouvons soumis,

Chacun à notre tour,

Aux moqueries d'autrui.

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