Les cyprès

J'aime les cyprès sur les bords des routes du sud, leur forme longiligne qui s'élance vers le ciel telles de ferventes prières dans la chaleur chaude et piquante d'une boule de soleil non moins fervente. La peau qui chauffe au contact des fauteuils de la voiture en skaï me donne l'impression d'un début d'incendie, nous sommes les touristes qui arrivent de France. L'Italie est le pays de mes racines, des origines mal connues, auréolées d'histoires de famille qui rendent ma venue inquiétante. J'appréhende de voir certaines personnes, ils vivent tous dans le même quartier, des noms résonnent dans ma tête: la tante Teresa, celle qui fait tant d'histoires pour rien, l'oncle Giovanni, un peu roublard, un peu sournois, et puis les autres les gentils, c'est pour eux qu'on fait le déplacement. Deux jours de voyage au bout duquel on est accueilli mes parents, mes frères et moi à bras ouverts. On ne se voit pas tous les ans et le téléphone on l'a pas encore. Caserta se trouve à côté de Naples, c'est une jolie ville qui possède un palais comme Versailles et un parc magnifique, la mer est à moins d'une heure, mais on n'y est encore jamais allé. Cette année j'ai insisté pour qu'on y aille au moins trois fois, Maman a peur de l'eau mais quand même on est grand maintenant! Je suis l'aînée de trois enfants, le quatrième n'a pas voulu venir ai-je entendu une fois qu'il y avait la voisine, celle chez qui on nous téléphone quand il y a des urgences (c'est par elle qu'on a appris le décès de ma grand-mère maternelle, un moment particulièrement triste quand on se trouve à plus de mille kilomètres, mon père est allé à l'enterrement tout seul...).