Les cyprès
aile68
Les vacances tirent à leur fin. On a mis le surplus de bagages dans une grosse valise que la tante Susanna nous a donnée. Des cadeaux, des vêtements de la collection de l'an passé achetés au rabais, ça m'est égal, mon pantalon et mon sweat me plaisent bien, des chaussures aussi, ma mère nous a habillés pour l'hiver, et comme le franc est plus fort que la lire, on est encore plus gagnant. Maman s'est toujours bien débrouillée pour faire des affaires, avec son caddie elle fait son marché à plusieurs endroits, mon père l'accompagne pour les grosses courses avec sa voiture, une R16 qui tient bien la route pour faire de longs trajets, c'est ce qui compte pour lui. Tout le monde est venu pour nous dire une dernière fois au revoir, qui sait quand on se reverra disent-ils tous, roulez doucement, soyez prudents. Chaque recommandation est un signe d'affection, même le méchant Giovanni est venu avec sa femme, il sourit trop, je n'aime pas, ce n'est pas naturel. Voilà on s'en va. Je suis triste, je me suis cognée la tête en montant dans la voiture, ça me fait mal, ça me tire des larmes des yeux. Mes frères croient que je pleure pour la famille qu'on a quittée, oui et non...
Sur la route, je rencontre les premiers cyprès qui se font de plus en plus nombreux puis se raréfient nous quittons la nationale pour rejoindre l'autoroute. J'ai un sac précieux à mes pieds, il contient deux bouteilles de vin de la vigne de mon oncle Francesco, et un morceau de fromage du berger pour les caler. Là, je ne sais pas pourquoi, enfin si j'ai bien une idée, j'éclate en sanglot. Toutes les marques d'affection que tous nous ont données, la joie des grandes tablées, les journées à la mer, la visite au Palais, tout m'est revenu comme dans un film. Je ne sais même pas quand je les reverrai tous, ils font partie de mon histoire, même si plus de mille kilomètres nous sépareront. Ma mère me console comme elle peut, mon père me dit que ça suffit d'un ton sec, il n'a jamais pu supporter que l'on pleure. J'arrête de pleurer peu à peu. Me vient alors une idée: quand je serai en France je chercherai un livre sur les pizzas. Et puis les photos, je les ferai développer dès mon arrivée. L'album de famille n'en prendra que plus de valeur comme ça. Certaines photos, je suis sûre, resteront dans les annales, surtout celles avec mon oncle Salvatore, le Palais et son parc, et puis la mer, toutes...
Ah la R16, quelle voiture ! :o) Merci pour ces souvenirs nostalgiques ...
· Il y a plus de 4 ans ·daniel-m
Merci à toi aussi!
· Il y a plus de 4 ans ·aile68