Les devants.(1)

effect

Extrait de: "Il faut du temps au temps et du sexe à l'amour: pour mieux tirer avec un canon, faut une cible, un objectif. L'atteindre n'est qu'exutoire."

Elle est entrée dans mon lit comme un chat dans sa couche: à petits pas et avec des tonnes de ronrons pour me plaire. J'avais établi un plan d'attaque et un tas d'issues pour si jamais...

- Si jamais quoi ?

- Ben si jamais je peux pas !

- Si tu peux pas quoi ?

- Si jamais ma queue !

- Ta queue, ta queue ! Y a que ça dans ta tête en ce moment ! A croire que t'as la plus belle et que tu vas nous choper un rhume du cerveau avec !

- Un rhume du cerveau ?

- Le rhume de la tronche ! Le courant d'air que t'attrapes en faisant des mathématiques ! Toi, tu calcules tout, tout le temps ! Aussi bien le prix des fraises !

Plus Betty me parlait et moins je comprenais. Je me demandais même si je n'avais pas fait un after à la Poste ou une crise cardiaque dans un canapé-lit, tellement j'avais la langue humide et collée comme un timbre, le cœur sous une couverture à moitié pliée contre un mur.

Ce que j'aime chez Betty, c'est que ses coups de colère ne durent qu'un instant. Dans les minutes qui suivent, revient le bleu du ciel. Les oiseaux remontent sur les branches et les avions rembarquent: la vie re-va, la nature renaît.

Durant quelques mois, ma queue fut un réel sujet de conversation. Betty en parlait chez tout le monde, comme d'autres parlaient de leur chien:

- Hier, la toutoune elle voulait pas sortir... le petit parc était à deux pas... ben Jacques il y est allé du sien... il a mis du pâté dans une assiette avec un cornichon au milieu pour faire joli, et puis il a traversé la route !

- Pour faire quoi ?

- Ben, pour prendre les devants ! T'as toute la lumière chez toi ?

...


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