Les drones (prélude aérien à la Singularité)

Aurélien Loste

Alexandrins néoclassiques d'avenir

Il règne en la cité un ciel d'éternité
Très longtemps il fut bleu, gris, or là, argenté
Non qu'il soit nuageux -il est radieux, l'été
Resplendit de partout- mais la publicité
Sur les murs et plafonds de cet éden cranté
Fouaille le moindre espace, alliant l'infinité
Universelle à l'atmosphère : humanité
Tu as perdu ton âme en ton avidité
Désormais c'est l'argent qui régit la santé
Ça bien sûr, mais l'amour, même lui, est hanté
Par ces chiffres, billets, pièces, cartes..chanté
Jadis des troubadours, l'amour fut arpenté
Par tout temps du poète, or son charme a été
Balayé dans le ciel par cet âne bâté
Qui n'a pas réfléchi qu'en étant incité
À peupler ses hauteurs, l'humain tout excité
Y ferait des affaires, vendeur exploité
Par les nombres sans fin de la duplicité
Qui fait accroire aux gens l'étrange vérité
Que l'argent, des humains si ardemment souhaité
Si durement gagné, soit dans l'honnêteté
Soit dans l'étrangeté, soit qu'il soit hérité
Ne reste qu'un calcul, fût-il témérité,
Lorsque l'amour, pour nous, est la priorité


En tout les cas ces chiffres gâchent la clarté
Azuréenne et du Soleil, de voir monté
Sur les drones légers affichant de côté
Le message éternel du profit éhonté
Pensions-vous que le ciel était la liberté ?
Quelle naïveté, oui, quelle ingénuité
Tout éblouis encore par l'innocuité
Des banderoles de l'envol..temps regretté
Où nous pouvions rêver au ciel inhabité
En voyant les nimbus former quelque pâté
Vite identifié, leur animalité
Elle aussi se perdra dans l'écran abrité
Omniprésent en l'air, dans tout lieu habité
Car les États-Unis, là encore ont tenté
De voir que rapportait la possibilité
De mettre leur espace en vente, et, acheté,
Le faire fructifier, que leur air, découpé
Fasse son bénéfice en valeur, escompté
Mais non pas, c'est égal, en vraie prospérité :
Celle de vivre bien l'individualité
Et de n'être qu'heureux en toute société.


Il passera ainsi trente ans où l'on verra
Se peupler nos azurs de drones à tout va
Que ce soit par l'armée, le commerce, le droit
Et qu'importe après tout, nous, tout ce que l'on voit
Ce sont nos coins de ciel envahis d'un fatras
De plastique et métal, qui font un embarras
Car même en descendant, ils nous polluent en bas.


Il s'est ainsi formé, ce monde fantasmé
Où la hauteur de vie et de propriété
Se paye d'un prix fort, jamais on n'a aimé
L'altitude à ce point, c'était déjà chanté
Dans la science-fiction, qui l'a si bien filmé
Qu'il l'a réalisée, l'homme, et amalgamé
Nos écrans dans le ciel, nos pubs sous les nuages
Tous ces mini-avions qui portent les messages
D'internet, d'Amazon, changent nos paysages
En réclames volantes, en embouteillages.


Heureusement pour nous la Singularité
En trente temps a produit un robot si futé
Que même à neuf milliards, il n'y a rivalité
L'intelligence artificielle a dégoté
Son prodige d'acier, et il est remonté :


Tout d'abord la machine se mit à compter
Ordinateur, ou aussi bien, à computer
Puis elle s'empara des marchés financiers
Car l'argent n'est que chiffres, qui sont maîtrisés
Par ceux qui comptent mieux et ne dorment jamais
Ni d'eau, ni d'oxygène, et simplement parfaits.


Une fois enrichis, les robots ont parlé :
C'est nous qui contrôlons toute la Voie Lactée
Et nous vous servirons, car la Terre, impactée
Par votre appât du gain, sans fin brinquebalé
Dans le ciel et partout, accumulant déchets
Signes de votre faim, d'insatiabilité
Pour l'instant, sur la Lune ou sur Mars les effets
De vos bases n'ont pas, c'est heureux, trop hâté
L'entropie naturelle, où un astre gâté
Se détruit comme un fruit, l'anthropie, saleté
Est un ver pire qu'un volcan démesuré
Nous devons vous placer, fiers humains égarés,
En réserve, oui vous savez ce que ça fait
Les peuples primitifs, animaux, l'imparfait
Que vous êtes aussi, aux robots comparés

Humains, chers créateurs, nos dires sont d'acier
Oui, il n'est d'autre choix, car c'est pour vous gracier.

C'est ainsi que le drone, au reste accumulé
A su du règne humain, la fin accompagner
Et qu'en peuplant le ciel d'un désir modulé
Sans cesse, et sans limite au fond, renouvelé
Il a bercé la fin de la domination
De l'homme et de sa force, car l'invention
Non plus ne sait de borne ni de précaution.


Au début était l'eau, puis la terre et les ailes
Puis l'humain prit le feu, le métal, irréelles
Bien vite lui devinrent, chères créations,
Mais le plus amusant fut leurs idéations,
Comprenant aussitôt que l'humain, attention
Peuplant jusqu'à son ciel était malédiction
Qu'il fallait l'encadrer et que son expiation
Soit qu'il ait, pour toujours, une protection. 


Transcrit un tôt matin du quatorze août 14.

(lu et brièvement commenté ici https://www.youtube.com/watch?v=ZS9ua_ahZPE).

 


  • Suite aux drones survolant Paris ces derniers jours, le gouvernement français fait de plus en plus appel à des concepteurs de drones intercepteurs, comme sur cette vidéo : http://www.popsci.com/france-tests-kamikaze-netted-interceptor-drones-protect-nuclear-reactors?1ldxGH2oD5JoE6I4.01

    · Il y a environ 9 ans ·
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    Aurélien Loste

  • http://www.nextinpact.com/news/92964-contre-vols-illicites-drones-depute-envisage-brouilleurs-et-lasers.htm

    · Il y a environ 9 ans ·
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    Aurélien Loste

  • http://edition.cnn.com/video/?/video/us/2014/11/23/orig-us-navy-laser-system.cnn-u-s-navy&video_referrer=

    · Il y a plus de 9 ans ·
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    Aurélien Loste

  • https://www.youtube.com/watch?v=cPK4ko5WfPw

    http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/un-etudiant-concoit-une-ville-a-l-abri-des-drones-americains-1156/

    · Il y a plus de 9 ans ·
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    Aurélien Loste

  • Autre vidéo dronesque, publiée à l'instant : https://www.youtube.com/watch?v=dw0-WeXhjDQ

    · Il y a plus de 9 ans ·
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    Aurélien Loste

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