Les Écrits de la Bête

idnoires

A tes mots qui m’envoûtent,

Qui me font perdre la tête,

Reviennent et s’ajoutent

Les obscures folies de la bête.

Tapie dans l’ombre, à l’affût,

Des envoûtants parfums

De ton corps impatient,

De tes désirs assassins,

Frissonnante, elle attend,

La beauté dont elle sera repue.

Sans contrôle, menée par sa folie,

Sans bruit, tendue, le souffle fugace,

Elle approche frissonnante d’hystérie

Ce cou convoité si plein de grâce.

Se noie dans les enchantements parfumés,

Se débat pour ne pas mordre les chairs,

Résiste, afin de ne faire qu’effleurer,

Ce corps d’Ange, diaboliquement offert.

N’y tenant plus, l’esprit un feu,

Se jette sur le derme dévoilé,

S’abîme au plus profond de tes yeux,

Aspire tes lèvres apeurées,

Se repaît des frissons, des tensions,

Hume pour emplir ses sens,

Parcours les courbes et les creux,

Les sillons, les plis et replis

Au cours d’une interminable descente,

S’abreuve des sels de ta vie,

Etanche sa soif au sein de ta toison,

Enlace tes reins chaleureux,

Etouffant d’un baiser le râle immense,

Soubresaut d’une mort lente…

La sombre bête, rompue du combat des corps,

Prise au piège des désirs de l’Ange,

Asservie aux plaisirs suaves,

Enchaînée par sa chair, par son âme,

S’est replié dans l’ombre de son antre,

Enveloppée du noir manteau de ses deux ailes,

Elle attend que son ange immortel,

L’appel de l’ardeur de son ventre.

Blessée au cœur, par cette lame,

Ce joug de l’appel sauvage, esclave,

De cette passion qui lui mange,

L’esprit, la brûle et la mords…

À l’affût, accroupie, les muscles tendus à l’extrême,

Dissimulée dans l’ombre, d’un recoin sombre, étroit,

Observant sans être vue, prête à s’élancer, à bondir,

La bête frémie, vibre au rythme de son approche.

Soudain une silhouette apparaît dans la clarté blême.

Elle ne respire plus, tente de contrôler son émoi,

De calmer ce sang qui dans ses veines semble bouillir,

Réprime un frisson se plaque contre la roche.

La forme indistincte avance sans bruit, doucement,

Comme portée par les airs, emplissant l’espace,

Pose un pied gracile sur le sol et sans peur lui fait face,

Replie ses ailes immaculées, lui sourie tendrement.

La sombre bête n’a pas bondi, son instinct prédateur,

C’est éteint, ses tensions envolées, au loin rejetées,

Tout ses sens ont reconnus le maître de son cœur,

L’Ange, diabolique amante, Déesse de ses pensées.

La Bête, de son sang, l’union d’Alouqua et d’Azael,

Lutte contre son âme qu’il croyait perdue,

Du tumulte qui s’élève en lui, s’échappent les princes de l’enfer,

Le Styx et l’Achéron fusent des veines de chacun de ses bras,

Tordus de douleur, écorchés, par sa propre conscience.

L’amour de l’Ange lacère les sombres sépulcres,

Derniers remparts, contre le monde d’en haut,

Bannit les sinistres et sourdes nébuleuses du mal,

Apostolat délétère, par naissance son fardeau.

Vidé de cette noire lumière, la Bête ouvre ses yeux,

Découvre, blottie contre son torse, son amante endormie,

Les tempêtes rageuses de sa psyché sauvage,

N’ont pas chassé la belle, n’ont pas effrayé l’Ange,

Qu’il sert maintenant au creux de ses ailes.

De ses mains, désormais dépourvues de griffes,

Il l’entoure, la soulève doucement, tendrement,

La porte vers sa couche, la couvre d’étoffes,

Et pour ce qu’il reste de nuit, s'étend à son coté.

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